samedi 27 septembre 2014

V-12) Induction versus Déduction


V-12) Induction versus Déduction

L’induction n’a pas été réellement conceptualisée jusqu’à Karl Popper, qui s’y est intéressé pour mieux la mettre à jour et la combattre sur ses effets inconscients plus ou moins désastreux –selon lui- sur les travaux de beaucoup de scientifiques ou de philosophes. L’induction est similaire au mécanisme de production des mutations dans la théorie de l’évolution. Il est inutile d’en décortiquer ses mécanismes, tout ce qui compte pour Popper étant qu’elle existe pour permettre la production « brute » de nouvelles idées. Ainsi on connaît la petite histoire (vraie ou fausse) de la pomme de Newton ou encore celle de l’histoire de l’illumination de R. Poincaré lorsqu’il monta dans son omnibus. Ces idées peuvent, si elles se figent, donner lieu à des théories qui devront faire ensuite l’objet des procédures de tests rigoureuses décrites par K. Popper. L’induction, n’est qu’un mode, que l’on pourrait tout aussi bien qualifier d’aléatoire, de production d’idée candidates à de futures théories qui devront être construites (constructivisme), testée rigoureusement et rejetées si elles s’avèrent fausses, rien de plus. Certes… mais il est par contre essentiel de garder en mémoire que l’induction n’est pas naturelle et ne se produit que dans certains cadres favorables, des conditions décrites par G.B. Vico tel que l’art de la rhétorique, de la poésie, de la créativité, en bref de ce que l’on nommait les topiques ou encore au Moyen-Age les arts libéraux. Il faut en effet un « générateur » d’idée au chercheur dans une première phase, avant de passer à la deuxième, la déduction. Rejeter ainsi l’induction comme l’on fait K. Popper et avant lui Descartes au contraire de G.B. Vico, c’est prendre le risque de ne plus avoir de fournisseur de nouvelles théories explicatives à tester, à réfuter, par stérilisation des chercheurs.
A l’opposé, les tenants de la déduction soit prétendent -comme Descartes- établir par introspection le « point fixe » fondement de toute connaissance solide ; soit croient que seule l’observation des faits pourra permettre de déduire les lois et théories à en dégager, c’est l’autre manière de dire l’approche purement empiriste. Mais comme le fait observer très justement K. Popper (voir V-3 plus haut), pourquoi observer tel ou tel fait plutôt qu’un autre à moins d’avoir déjà une théorie plus ou moins implicite, et donc sous la forme d’une idée même mal formulée car venant de sa créativité personnelle ?

Apport de la Systémique : la Systémique utilise -tout comme explicité en (V-3)- au maximum les deux modes en gardant à l’esprit que ce sont des outils, utiles à différentes étapes de l’étude, et dont il ne s’agit pas de faire des idéologies mais des outils heuristiques pratiques. On pourra ainsi avoir recours alternativement, à plusieurs reprises, aux phases inductions d’une théorie puis déductions de ses impacts/conséquences/effets de bords, en boucles rétroactives prudentes comme le recommande Vico, car la fausse piste guette : « Tout cela vient de ce que le vrai est un, que le vraisemblable est multiple et que le faux est infini. » [VICO, GiamBattista, 1981, p 48] Il sera alors permis d’en tirer des possibilités de tests expérimentaux pour prouver ou non les erreurs ou insuffisances de cette théorie, en bref la réfuter ou non au sens poppérien du terme. C'est que l'on nomme couramment la méthode hypothético-déductive. Pour résumer cette pensée J.L. Le Moigne parle de transduction ou encore de méthode heuristique propre au Constructivisme épistémologique.

 SUITE du Blog : V-13) Finalisme versus Mécanisme

Benjamin de Mesnard
Épistémologie Systémique Constructivisme