Économie
→→
Religion ↓ ↓ |
Immanence |
Transcendance
(Étatisme, Centralisme, Communisme) |
Immanence (Athées ou Monothéistes tenants de « Intelligent Design ») |
Libéraux ou Anarchistes |
Communisme (incohérents entre religion et économie) |
Transcendance
(Monothéistes
créationnistes) |
Conservateurs (incohérents entre religion et économie) |
Socialismes Nationaux :
nazisme, fascisme, franquisme, royauté
absolue,
colbertistes… (cohérents entre religion et économie) |
Systémique : Philosophie de la Liberté un lien d'Aristote à la Systémique, blog de Benjamin de Mesnard.
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lundi 13 décembre 2021
VI) UNE NOUVELLE LIGNE DE FRACTURE APPARAÎT
Cette ligne de fracture nouvelle qui apparaît tend à remettre à leur juste place les anciennes oppositions « classiques ». Cette fracture s’articule finalement autour du concept d’immanence versus transcendance évoqué en (V-7) :
● Immanence : d’un côté la Systémique et le Constructivisme épistémologique avec la « pensée complexe » synthétique et prudente, l’ingénium, l’indéterminisme, la dialogique, et ne confondant ni la carte avec le territoire, ni l’idée avec le réel. Elles sont immanentes avec les concepts d’éco-auto-ré-organisation, d'équilibre dynamique ponctués et d’émergence. Elles sont conscientes des limitations de notre rationalité, prêtes à adopter de multiples point de vues et à se remettre en cause par des théories se prêtant à réfutation. Elles s’appuient sur des philosophies comme celles d’Aristote, le Structuralisme, la Systémique, la cybernétique de second ordre de G. Bateson, A. Korzybski, Pascal, H. Simon, la « pensée complexe » d’E. Morin, et K. Popper ou F. Hayek.
● Transcendance : et de l’autre côté les philosophies platoniciennes, cartésiennes, analytiques , positivistes, scientistes, réductionnistes, recherchant le point fixe et l’évidence cartésienne (succédant immédiatement au pseudo-doute grâce au « je pense donc je suis»). Elles se réclament de l’Idéalisme ou du Matérialisme - dont le dialectique -, deux fausses oppositions, toujours à livrer diverses luttes pour la victoire d’une hypostase, c'est à dire d’une personnification artificielle supposée être par définition dans le camp du Bien absolu avec un grand « B » : « Classe », « Parti », « Nation », « Race », « Prolétariat », « Peuple », « Peuple de gauche » ou « Peuple de Dieu », ou bien le Mal absolu : « Grand Capital » afin de faire appel aux émotions et éteindre notre raison. Pour Simone Weil, « on donne des majuscules à des mots vides de signification » qui n’existent pas en réalité et pour lesquels des millions de gens sont censés se sacrifier voire même donner leur vies, avec la promesse d’un futur paradis radieux. Transcendantes car croyant qu’une organisation ne peut être pensée que « d’en-haut » par un Dieu, un guide ou un grand timonier géniaux. Elles viennent de Platon, Descartes, A. Comte, le Cercle de Vienne, des religions monothéistes et des deux socialismes national ou non : le Nazisme et le Marxisme. Ces hypostases sont supposées être représentées – guidées - par un « homme providentiel » ou un Dieu, affublé de toutes une séries de qualités extraordinaires, qu’il soit être humain ou divinité. On peut qualifier de magique cette « pensée » alors même que les socialismes marxistes ou national nazi se disent scientifiques, ils ne sont en fait que pseudo-sciences car scientistes et irréfutables à la manière de l’astrologie. Typique de la « pensée tribale » comme vu avec K. Popper, elle ne sait que suivre un chef de tribu proposant des solutions simplistes – cartésiennes - inadaptées aux problèmes complexes. On arrive ainsi rapidement aux divers régimes totalitaire comme Simone Weil l’explique : « De toutes parts on est obsédé par une représentation de la vie sociale qui, tout en différant considérablement d’un milieu à l’autre, est toujours faite de mystères, de qualités occultes, de mythes, d'idoles, de monstres ; chacun croit que la puissance réside mystérieusement dans un des milieux où il n'a pas accès, parce que presque personne ne comprend qu'elle ne réside nulle part, de sorte que partout le sentiment dominant est cette peur vertigineuse que produit toujours la perte du contact avec la réalité. Chaque milieu apparaît du dehors comme un objet de cauchemar. Dans les milieux qui se rattachent au mouvement ouvrier, les rêves sont hantes par des monstres mythologiques qui ont nom Finance, Industrie, Bourse, Banque et autres ; les bourgeois rêvent d'autres monstres qu'ils nomment meneurs, agitateurs, démagogues ; les politiciens considèrent les capitalistes comme des êtres surnaturels qui possèdent seuls la clef de la situation, et réciproquement ; chaque peuple regarde les peuples d'en face comme des monstres collectifs animés d'une perversité diabolique. On pourrait développer ce thème à l'infini. Dans une pareille situation, n'importe quel soliveau peut être regardé comme un roi et en tenir lieu dans une certaine mesure grâce à cette seule croyance ; et cela n'est pas vrai seulement en ce qui concerne les hommes, mais aussi en ce qui concerne les milieux dirigeants. Rien n'est plus facile non plus que de répandre un mythe quelconque à travers toute une population. Il ne faut pas s'étonner dès lors de l'apparition de régimes « totalitaires » sans précédent dans l'histoire. ». [WEIL, Simone, Œuvres, « Les origines de l’hitlérisme » en 1940, Ed. Quarto Gallimard, p 381].
Deux questions se posent alors :
- Quelle est la légitimité du Dictateur (ou du supposé Représentant du Dieu Unique) transcendant ? : « Qui t’as fait Roi ? » a dit Adalbert à Hugues Capet…
- Et si l’État (ou le Représentant d’une Église) contrôle tout, qui alors les contrôlent ? C’est le problème de la récursivité sans fin du système de pilotage « top-down » des sociétés tribales reposant sur la transcendance.
Le tableau suivant montre les incohérences philosophiques que l’on rencontre entre certains tenants de l’Immanence et de la Transcendance selon que l’on se met du point de vue de l’économie ou des religions monothéistes (création de l’univers ou des êtres vivants). Ainsi certains seront pour la Transcendance religieuse mais pour l’Immanence en économie (les conservateurs « libéraux ») ; et d’autres pour l’Immanence religieuse (les athées) mais pour la Transcendance en économie (marxistes, socialistes, communistes) avec un État centralisateur contrôlant tout. D’autres, plus rares aujourd’hui, sont par contre cohérents, c’est à dire soit tenants de la Transcendance en tout : conservateurs étatistes/colbertistes, socialistes nationaux nazis, fascistes, ou franquistes (avec une alliance forte entre l’Église et l’État centralisateur) aboutissant aux dictatures ; soit tenants de l’Immanence en tout : les Libéraux athées… et la Systémique avec ses concepts d’éco-auto-ré-organisation.
Les anciennes oppositions sont donc remises en perspectives, comme l’Idéalisme opposé au Matérialisme, le Rationalisme opposé à l’Empirisme, le Nominalisme opposé au Réalisme, la Dialectique opposée à la Logique Formelle, le Mécanisme opposé au Finalisme, l’Induction opposé à la Déduction, ou encore le clivage Gauche-Droit en politique. Ces anciennes oppositions semblent devenir caduques lorsqu’elles sont réétudiées à la lumière de la Systémique. Car on peut alors comprendre qu’elles n’existaient que parce certains aspects de la réalité que montre la Systémique étaient ignorés. On peut citer dans le désordre : existence de différents niveaux de réalités, effets de rebouclages rétroactifs non linéaires, rebouclages avec ou sans retards temporels, différence entre modèles/théories et systèmes réels, équifinalité versus finalisme ou prise en compte de l’ergodicité, de l’homéostasie, et des équilibres dynamiques ponctués non linéaires.
Cette nouvelle ligne de fracture pourrait être étudiée plus à fond afin de reconstruire la philosophie en réunissant d’un même côté : Aristote, Pascal, la Systémique, le Constructivisme épistémologique, Gödel, le Gestaltisme, la théorie de l’Information, la Thermodynamique et sa flèche du temps, Darwin, A. Korzybsky, T. Kuhn, Karl Popper, H. Simon, F. Hayek, E. Morin le tout dans une démarche…dialogique prudente et modeste car ne prétendant pas détenir la Vérité. Le but de la Systémique et du Constructivisme épistémologique est de permettre de comprendre les phénomènes d’éco-auto-ré-organisations immanents des systèmes complexes. En ce sens la Systémique est bien un méta-paradigme, comme décrit par L. Moreira, plutôt qu’un « simple » nouveau paradigme de l’épistémologie. Ce méta-paradigme, représentant d’un courant épistémologique, est un dépassement des philosophies « classiques », réelle émergence, au sens précisément de la Systémique. C’est un nouvel outil de pensée moderne, mais également un courant épistémologique profond et ancien, qui avance avec une humilité et une prudence recommandée par G.B. Vico, et non une nouvelle idéologie. Cette démarche doit être menée dans le respect des libertés individuelles, et économiques au sein de sociétés ouvertes. Il faut prendre garde à la tentation technocratique où l'être humain, l'économie ou la société seraient considérés sans prudence exclusivement comme de purs sous-systèmes ou robots obéissants. Il faut donc éviter de tomber dans la présomption fatale de « l’ingénierie sociale », l'expérimentation économique ou l'expérimentation humaine… A ce titre tant au plan sociologique qu’économique, la Systémique et le Constructivisme épistémologique semble donc être de bons candidats pour donner une solide base épistémologique aux défenseurs de nos libertés.
Benjamin de Mesnard
Épistémologie Systémique Constructivisme
samedi 13 septembre 2008
II) Présentation détaillée de la Systémique (3/8)
II-3-4) Complexité :
II-3-6) Le facteur Temps :
Le concept cartésien de “simple” à déjà été explicité, et doit être opposé au concept systémique de complexité (voir II-1). Un objet complexe sera constitué d’un nombre quelconque d’éléments éventuellement eux-mêmes complexes (récursivité), divers et en étroite interdépendance par le jeu d’un riche ensemble d’interactions ou boucles de rétroactions non linéaires, on retrouve la définition même d’un système. H.A. Simon dans un article paru dans le bulletin de « The Philosophy of Science Association » en 1976 résume ainsi en sept points le concept de complexité :
« 1. Les systèmes qui ont beaucoup de composants peuvent être considérés comme complexes en comparaison des systèmes qui en ont peu. Ainsi la cardinalité d'un ensemble peut être prise comme une mesure de sa complexité.
2. Les systèmes dans lesquels il y a beaucoup d’interdépendances entre les composants sont généralement considérés comme plus complexes que les systèmes avec moins d'interdépendance entre les composants.
3. Les systèmes dont le comportement est considéré comme « indécidables » peuvent être considérés comme complexes comparés à ceux dont le comportement est tenu pour déterminable ;
4. La complexité des systèmes peut être mesurée par leur contenu d'information, au sens de Shannon-Wiener. Par ce critère, les systèmes ayant beaucoup de composants identiques sont moins complexes que les systèmes de taille comparable dont les composants sont tous différents.
On peut parler de façon générale non seulement de la complexité des systèmes mais aussi plus spécifiquement de la complexité des théories ou des domaines de problème ou des problématiques.
5. En relation étroite avec la notion de complexité informationnelle, on trouve l'idée de mesure de la complexité des théories par le nombre de leurs paramètres, ou par le nombre de symboles nécessaires pour les caractériser.
6. Il y a aujourd'hui un intérêt très marqué parmi les mathématiciens et les informaticiens pour la complexité : évaluée par le nombre maximum ou le nombre attendu de pas de calculs élémentaires nécessaires pour résoudre les problèmes d’une classe donnée.
7. Les mesures de la difficulté d'un problème peuvent être regardées, au moins dans certaines circonstances comme une classe particulière des mesures de la complexité computationnelle
La complexité peut résider dans la structure d'un système, mais elle peut aussi se trouver dans l'œil d'un observateur de ce système. Même quand un système est par nature simple - c'est-à-dire descriptible, en principe, en termes simples - un observateur peut ne pas réussir à découvrir cette description simple, et peut n'être capable de caractériser le système que d'une façon très compliquée. De plus, la simplicité ou la complexité d'une description dépendra des éléments qui seront choisis comme primitives. La description d'un programme d'ordinateur dans un langage de haut niveau comme ALGOL sera généralement plus courte que la description de ce même programme en langage machine.
La relativité de la complexité par rapport à l'ensemble de ces primitives est particulièrement évidente dans les cas de complexité informationnelle et computationnelle, mais elle s'applique aussi à la cardinalité qui dépend de ce qui est pris comme unité élémentaire».
Fin de la citation.
Pour finir, la complexité est relative :
a) au couple observateur - chose (système) observé. Ainsi une automobile apparaîtra comme plus simple –en apparence !- à appréhender pour un utilisateur commun que pour ingénieur en mécanique d’un constructeur automobile. Cette relativité dépendant de l’observateur explique pourquoi J.L. Le Moigne insiste sur le point que la modélisation se fait d’après le point de vue du modélisateur et non d’après le réel.
b) au niveau « de zoom » employé. La voiture sera plus simple à appréhender si elle considérée globalement comme «engin permettant de se déplacer d’un point A à un point B ». Par contre, si on rentre dans ses différents sous-systèmes où «on ouvre le capot » : bloc moteur, système de freinage, ergonomie du conducteur, etc… et leurs interactions (zoom) la complexité interne de l’automobile apparaît. Ce dernier aspect pose le problème de l’approche cartésienne où il n’est pas démontré que la découpe de l’objet étudié en plusieurs éléments (en fait sous-systèmes) simplifie les choses. Au contraire, on observe comme indiqué ici le phénomène inverse car c’est alors que l’on rencontre toute la complexité des inter-relations entre les différents sous-systèmes, d’une part, et d’autre part que l’on prend des risques sur le choix de ces découpages arbitraires. Cette prise de risque est consciente chez la Systémique, mais sous estimée, voire ignorée chez Descartes.
II-3-5) Récursivité :
Contrairement au cartésianisme qui n’utilise que la notion d’itération (répétition simple d’une opération un nombre limité de fois), la Systémique utilise aussi la récursivité. Pour les non informaticiens, une bonne image de la récursivité peut être donnée par les poupées russes. Une poupée contient une autre poupée contenant à son tour une autre poupée qui contient...etc., ou encore les tables gigognes ou les fractals. De même un système peut être composé de sous-systèmes en inter-relations, eux-mêmes composés de sous-systèmes pouvant “ s’emboîter ” ainsi un certain nombre de fois.
Cette notion est importante car elle est la composante même de la complexité d’un système. L’esprit humain ayant souvent des difficultés à accepter cette succession de niveaux d’emboîtements - niveaux du réel - dont l’arrêt, la fin, n’est pas évident à celui qui étudie les premiers niveaux à sa portée.
L’invention de « l’essence » aristotélicienne répond peut-être au besoin de stopper à un niveau donné cette spirale des niveaux descendants -ou ascendants- du réel, spirale donnant quelque fois l’impression que “l’explication” se dérobe sans cesse au chercheur. L’image la plus connue de cette fuite de l’explication finale est donnée par Molière par la fameuse vertu dormitive. Dans cette pièce du Malade Imaginaire, notre héros demande à son médecin pourquoi son médicament fait dormir. Le médecin lui répond alors sur le ton de la docte évidence que « cela vient de sa vertu dormitive bien sûr ». Mais l ‘explication de l’existence de cellules humaines, puis de récepteurs à la surface de ces cellules, puis d’une molécule particulière se trouvant dans le somnifère et venant se coller au récepteur est-elle tellement « plus explicative » ? On retrouve ici directement la problématique des niveaux du réel. Le médecin de Molière s’arrête au premier niveau en considérant que cela est à l’évidence largement suffisant pour son travail et les besoins de ses malades, ce qui n’est en fait pas si stupide si cela lui suffit à guérir. Les biochimistes modernes auront eux besoin, et considérerons ce besoin comme évident, d’aller beaucoup plus loin et plus bas dans les niveaux de réalité afin de mieux comprendre avec une plus grande finesse les détails des mécanismes impliqués.
K. Popper a exprimé ce que représentait le soi-disant déterminisme de la science. Il disait à ce propos : « La science ne repose pas sur une base rocheuse. La structure audacieuse de ses théories s'édifie en quelque sorte sur un marécage. Elle est comme une construction bâtie sur pilotis. Les pieux sont enfoncés dans le marécage, mais pas jusqu'à la rencontre de quelque base naturelle ou « données » et, lorsque nous cessons d'essayer de les enfoncer davantage, ce n'est pas parce que nous avons atteint un terrain ferme. Nous nous arrêtons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu'ils sont assez solides pour supporter l'édifice, … du moins provisoirement » [POPPER, Karl, 1984, p 111].
Son idée cachait le plus grand défi de la science : l'illusion du savoir.
« 1. Les systèmes qui ont beaucoup de composants peuvent être considérés comme complexes en comparaison des systèmes qui en ont peu. Ainsi la cardinalité d'un ensemble peut être prise comme une mesure de sa complexité.
2. Les systèmes dans lesquels il y a beaucoup d’interdépendances entre les composants sont généralement considérés comme plus complexes que les systèmes avec moins d'interdépendance entre les composants.
3. Les systèmes dont le comportement est considéré comme « indécidables » peuvent être considérés comme complexes comparés à ceux dont le comportement est tenu pour déterminable ;
4. La complexité des systèmes peut être mesurée par leur contenu d'information, au sens de Shannon-Wiener. Par ce critère, les systèmes ayant beaucoup de composants identiques sont moins complexes que les systèmes de taille comparable dont les composants sont tous différents.
On peut parler de façon générale non seulement de la complexité des systèmes mais aussi plus spécifiquement de la complexité des théories ou des domaines de problème ou des problématiques.
5. En relation étroite avec la notion de complexité informationnelle, on trouve l'idée de mesure de la complexité des théories par le nombre de leurs paramètres, ou par le nombre de symboles nécessaires pour les caractériser.
6. Il y a aujourd'hui un intérêt très marqué parmi les mathématiciens et les informaticiens pour la complexité : évaluée par le nombre maximum ou le nombre attendu de pas de calculs élémentaires nécessaires pour résoudre les problèmes d’une classe donnée.
7. Les mesures de la difficulté d'un problème peuvent être regardées, au moins dans certaines circonstances comme une classe particulière des mesures de la complexité computationnelle
La complexité peut résider dans la structure d'un système, mais elle peut aussi se trouver dans l'œil d'un observateur de ce système. Même quand un système est par nature simple - c'est-à-dire descriptible, en principe, en termes simples - un observateur peut ne pas réussir à découvrir cette description simple, et peut n'être capable de caractériser le système que d'une façon très compliquée. De plus, la simplicité ou la complexité d'une description dépendra des éléments qui seront choisis comme primitives. La description d'un programme d'ordinateur dans un langage de haut niveau comme ALGOL sera généralement plus courte que la description de ce même programme en langage machine.
La relativité de la complexité par rapport à l'ensemble de ces primitives est particulièrement évidente dans les cas de complexité informationnelle et computationnelle, mais elle s'applique aussi à la cardinalité qui dépend de ce qui est pris comme unité élémentaire».
Fin de la citation.
Pour finir, la complexité est relative :
a) au couple observateur - chose (système) observé. Ainsi une automobile apparaîtra comme plus simple –en apparence !- à appréhender pour un utilisateur commun que pour ingénieur en mécanique d’un constructeur automobile. Cette relativité dépendant de l’observateur explique pourquoi J.L. Le Moigne insiste sur le point que la modélisation se fait d’après le point de vue du modélisateur et non d’après le réel.
b) au niveau « de zoom » employé. La voiture sera plus simple à appréhender si elle considérée globalement comme «engin permettant de se déplacer d’un point A à un point B ». Par contre, si on rentre dans ses différents sous-systèmes où «on ouvre le capot » : bloc moteur, système de freinage, ergonomie du conducteur, etc… et leurs interactions (zoom) la complexité interne de l’automobile apparaît. Ce dernier aspect pose le problème de l’approche cartésienne où il n’est pas démontré que la découpe de l’objet étudié en plusieurs éléments (en fait sous-systèmes) simplifie les choses. Au contraire, on observe comme indiqué ici le phénomène inverse car c’est alors que l’on rencontre toute la complexité des inter-relations entre les différents sous-systèmes, d’une part, et d’autre part que l’on prend des risques sur le choix de ces découpages arbitraires. Cette prise de risque est consciente chez la Systémique, mais sous estimée, voire ignorée chez Descartes.
II-3-5) Récursivité :
Contrairement au cartésianisme qui n’utilise que la notion d’itération (répétition simple d’une opération un nombre limité de fois), la Systémique utilise aussi la récursivité. Pour les non informaticiens, une bonne image de la récursivité peut être donnée par les poupées russes. Une poupée contient une autre poupée contenant à son tour une autre poupée qui contient...etc., ou encore les tables gigognes ou les fractals. De même un système peut être composé de sous-systèmes en inter-relations, eux-mêmes composés de sous-systèmes pouvant “ s’emboîter ” ainsi un certain nombre de fois.
Cette notion est importante car elle est la composante même de la complexité d’un système. L’esprit humain ayant souvent des difficultés à accepter cette succession de niveaux d’emboîtements - niveaux du réel - dont l’arrêt, la fin, n’est pas évident à celui qui étudie les premiers niveaux à sa portée.
L’invention de « l’essence » aristotélicienne répond peut-être au besoin de stopper à un niveau donné cette spirale des niveaux descendants -ou ascendants- du réel, spirale donnant quelque fois l’impression que “l’explication” se dérobe sans cesse au chercheur. L’image la plus connue de cette fuite de l’explication finale est donnée par Molière par la fameuse vertu dormitive. Dans cette pièce du Malade Imaginaire, notre héros demande à son médecin pourquoi son médicament fait dormir. Le médecin lui répond alors sur le ton de la docte évidence que « cela vient de sa vertu dormitive bien sûr ». Mais l ‘explication de l’existence de cellules humaines, puis de récepteurs à la surface de ces cellules, puis d’une molécule particulière se trouvant dans le somnifère et venant se coller au récepteur est-elle tellement « plus explicative » ? On retrouve ici directement la problématique des niveaux du réel. Le médecin de Molière s’arrête au premier niveau en considérant que cela est à l’évidence largement suffisant pour son travail et les besoins de ses malades, ce qui n’est en fait pas si stupide si cela lui suffit à guérir. Les biochimistes modernes auront eux besoin, et considérerons ce besoin comme évident, d’aller beaucoup plus loin et plus bas dans les niveaux de réalité afin de mieux comprendre avec une plus grande finesse les détails des mécanismes impliqués.
K. Popper a exprimé ce que représentait le soi-disant déterminisme de la science. Il disait à ce propos : « La science ne repose pas sur une base rocheuse. La structure audacieuse de ses théories s'édifie en quelque sorte sur un marécage. Elle est comme une construction bâtie sur pilotis. Les pieux sont enfoncés dans le marécage, mais pas jusqu'à la rencontre de quelque base naturelle ou « données » et, lorsque nous cessons d'essayer de les enfoncer davantage, ce n'est pas parce que nous avons atteint un terrain ferme. Nous nous arrêtons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu'ils sont assez solides pour supporter l'édifice, … du moins provisoirement » [POPPER, Karl, 1984, p 111].
Son idée cachait le plus grand défi de la science : l'illusion du savoir.
II-3-6) Le facteur Temps :
Le facteur « temps » est ignoré par le cartésianisme et le positivisme. C’est au contraire un concept central de la Systémique. Rien ne se fait sans prendre un certain temps. Ainsi le fait qu’une action sur un système puisse avoir un effet contraire à celui escompté par un cartésien tiens souvent à l’ignorance du temps de réaction du système. A l’image d’un paquebot qui met plus d’une vingtaine de minutes à réagir sur un coup de barre du gouvernail, il peut alors être tentant, face à l’absence de réaction du bateau dans les minutes qui suivent d’accentuer encore le coup de barre. Cela fera encore plus virer le navire… mais 20 minutes après le 2° coup de barre. Voyant le bateau prendre alors un virage beaucoup trop fort, le pilote cartésien mettra un violent coup de barre opposé pour tenter de corriger la trajectoire, faisant partir le bateau dans une série de zigzags toujours plus accentués. C’est toute la question des phénomènes de boucles d’actions / rétro-actions avec effet retard d’un système. De même la cybernétique a découvert un phénomène que les prédateurs (loups, félins, etc.) et les chasseurs connaissent bien : pour atteindre une cible en mouvement rapide, un avion ennemi par exemple, il faut tirer en avant de la cible, d’autant plus en avant que la cible se meut rapidement. Ce type d’erreur se retrouve dans plusieurs domaines, notamment en politique où les citoyens s’attendent à des résultats immédiat après une mesure gouvernementale sans comprendre que l’économie est un système ayant une hystérésis, un temps de réponse pouvant s’étendre sur plusieurs années. Cette erreur se retrouve chez la majorité des économistes – les « néoclassiques » - où on ne considère que des équations traitant des équilibres statiques (Walras) accessoirement dans un environnement de concurrence dite parfaite. L’ensemble des actions considérées sur une économie sont alors vues comme ayant un effet immédiat : pas de stocks intermédiaires, d’effet de percolation, de propagation au sein de l’économie, etc. On se retrouve alors avec des paradoxes qui ne viennent que de la non prise en compte du facteur temps : « Mises a résolu, le premier, le problème, apparemment insoluble, du raisonnement circulaire au sujet de l’application de la théorie de l’utilité marginale à la monnaie. En effet, le prix ou pouvoir d’achat de la monnaie est déterminé par son offre et sa demande ; la demande de monnaie est faite par les hommes, qui ne se basent pas sur l’utilité directe que procure la monnaie, mais la font précisément en fonction de son pouvoir d’achat. Mises a résolu, justement, ce raisonnement apparemment circulaire avec son théorème régressif de la monnaie (Mises, 1995 : 491-500). Selon ce théorème, la demande de monnaie est déterminée non pas par le pouvoir d’achat d’aujourd’hui (ce qui entraînerait le raisonnement circulaire), mais par la connaissance qu’a l’acteur grâce à son expérience du pouvoir d’achat que la monnaie a eu hier. Le pouvoir d’achat d’hier est, à son tour, déterminé par une demande d’argent qui s’est faite sur la base de la connaissance que l’on avait de son pouvoir d’achat d’avant-hier. Et ainsi de suite, » [ HUERTA DE SOTO, Jésus, « L’École Autrichienne, Marché et Créativité Entrepreneuriale », Institut Charles Coquelin, 2007, p 88].
mardi 2 septembre 2008
II) Présentation détaillée de la Systémique (1/8)
II-1) Un nouveau paradigme :
II-2) Description d’un système au sens de la Systémique :
Un système est un ensemble complexe, formé de sous-ensembles (éventuellement de sous-systèmes) en interactions non linéaires dynamiques par le jeu d’un ensemble de relations lui donnant un caractère de totalité. Les interactions non linéaires s’expriment par des équations de degré supérieur à 1 (Y = AX + BX2+ CX3+…), trigonométriques, exponentielles ou logarithmiques, ou encore par un jeu d’équations différentielles. On peut admettre en première approche -mais avec toute la prudence nécessaire au demeurant comme on le verra ensuite- que ce système est organisé en fonction d’un but dans le cas de systèmes artificiels ou d’une finalité (téléologie) dans le cas de systèmes naturels. On pourra voir plus loin le débat sur les concepts de finalité déjà fort bien analysés par Aristote.
II-2-1) Aspects structurels :
II-2-2) Aspects fonctionnels :
Fonctionnellement, on peut également trouver dans un système :
Ce sont les aspects que le structuralisme avait négligés. Il s’agit de l’influence d’un temps orienté sur le système, de son évolution, de ses transitions de phases, d’équilibres ponctués, etc.… C’est sur ces aspects que les concepts d’émergence, d’auto-organisation et d’auto-évolution vont apparaître. C’est sur ce sujet que vont s’affronter les idées de finalité versus ergodicité ou équifinalité. Enfin, c’est toujours à ce propos que revient l’idée de projet, explicité par P. Valéry dans ses Cahiers, idée au cœur du Constructivisme épistémologique. La réintroduction de l’histoire en Systémique, prend en compte en effet non seulement le passé mais aussi le présent et le futur du système, et par la même le projet qu’il poursuit : sa téléonomie.Cette prise en compte du temps est l’un des aspects les plus forts de la Systémique par rapport aux approches platonicienne et positivistes, et est toujours aujourd’hui un critère déterminant de fracture dans tous les domaines… on y reviendra.
La définition d’une révolution scientifique c’est, d’après H. Kuhn en 1962, l’apparition de nouveaux concepts fondateurs (paradigmes) qui se transforment progressivement. Pour cela, il est nécessaire de dégager, dans un premier temps, sur quoi repose le paradigme précédent (pré - supposés et non - dits, les tirets sont volontaires) et quelles en sont les limites. Pour la Systémique cette phase s’est terminée dans les années 1920. La seconde étape, fruit d’une longue maturation et prise de conscience, sera naturellement de dégager, si cela est possible, le nouveau paradigme qui permettra d’opérer la synthèse et dont pourront découler les déductions qui s’imposent. Tout ce processus se déroule au milieu de crises, rejets, et négations de l’existant. Pour la Systémique, cette phase explosive est loin d’être terminée. Dans le cas présent, la première phase a été celle de la constatation des limites de l’approche analytique cartésienne dans les sciences. Les présupposés de cette approche sont :
- Évidence parfaitement absolue d’une chose pour accepter de la reconnaître
- Réductionnisme, c’est-à-dire séparation en éléments disjoints de la chose étudiée. Il s’agit de diviser les difficultés et les isoler en parcelles plus simples et plus petites pour les appréhender chacune séparément.
- Addition simple de ces éléments “ de base ” ainsi découpés, permettant, sans problème majeur, d’expliquer la chose étudiée. Une causalité linéaire est donc sous-entendue pour pouvoir reconstituer le tout. Cela signifie que toutes les relations observées peuvent s’exprimer sous la forme d’équations simples linéaires du type : Y = AnXn + .... + A1X1 par exemple.
- Être exhaustif, surtout aucun élément “ de base ” ne doit et ne peut être laissé de côté dans cette analyse/sommation.
Malheureusement, il existe de très nombreux cas où ces conditions ne sont pas remplies. Ces cas, ces “ ratées ” où la nature refuse de se plier à ces schémas par trop simplificateurs, forment précisément ce que l’on peut appeler des systèmes. Pour résumer, on pourrait conclure en disant que la procédure analytique cartésienne est seulement adaptée aux objets d’études simples avec :
- un nombre moyen ou faible d’éléments.
- des éléments simples.
- avec peu d’interactions ou interdépendances.
- des interactions linéaires (de type Y = AX + B).
- plus le nombre d’éléments grandi, plus ceux-ci doivent être simples ou identiques entre eux et avoir peu d’interactions.
- le temps n’intervient pas, vision instantanée voire statique de la nature.
- en bref, il s’agit de problèmes que les mathématiques ont répertoriés sous le nom de problèmes polynomiaux (ou P-Problèmes).
Tandis que pour la Systémique, on pourra s’attaquer à un objet que l’on qualifiera de complexe en opposition à l’objet seulement simple.
II-2) Description d’un système au sens de la Systémique :
Un système est un ensemble complexe, formé de sous-ensembles (éventuellement de sous-systèmes) en interactions non linéaires dynamiques par le jeu d’un ensemble de relations lui donnant un caractère de totalité. Les interactions non linéaires s’expriment par des équations de degré supérieur à 1 (Y = AX + BX2+ CX3+…), trigonométriques, exponentielles ou logarithmiques, ou encore par un jeu d’équations différentielles. On peut admettre en première approche -mais avec toute la prudence nécessaire au demeurant comme on le verra ensuite- que ce système est organisé en fonction d’un but dans le cas de systèmes artificiels ou d’une finalité (téléologie) dans le cas de systèmes naturels. On pourra voir plus loin le débat sur les concepts de finalité déjà fort bien analysés par Aristote.
Un système est plus ou moins ouvert sur le monde extérieur désigné sous le nom d’environnement.
Un système est donc qualifié d’ouvert (sur son environnement) ou fermé.
Un système évolue dans le temps, convergent vers un état d’équilibre dynamique, au contraire divergent pour finir par exploser, ou bien oscillant entre plusieurs états d’équilibres dynamiques ponctués. On observe des phénomènes de transitions de phases, de temps de transmissions, de percolations, de propagations des éléments, inputs/outputs, ou informations entre systèmes ou à l’intérieur d’un même système.
Un système évolue dans le temps, convergent vers un état d’équilibre dynamique, au contraire divergent pour finir par exploser, ou bien oscillant entre plusieurs états d’équilibres dynamiques ponctués. On observe des phénomènes de transitions de phases, de temps de transmissions, de percolations, de propagations des éléments, inputs/outputs, ou informations entre systèmes ou à l’intérieur d’un même système.
II-2-1) Aspects structurels :
- une frontière “ filtre ” des entrées et sorties ou limite plus floue,
- des éléments dits de base ou des sous-systèmes, d’où l’apparition des concepts de récursivité et d’études récursives.
- des réseaux de transport pour l’énergie ou la matière, ces réseaux sont eux-mêmes des sous-systèmes du système.
- de même des réseaux d’informations, de communications, sous différentes formes : influx nerveux, circuits papier (courrier), électroniques ou informatiques, prix, ainsi que des processeurs d’informations, locaux ou centraux, centralisés ou décentralisés.
- des réservoirs ou stocks pour l’énergie, la matière ou l’information
II-2-2) Aspects fonctionnels :
Fonctionnellement, on peut également trouver dans un système :
- des flux, là encore d’énergie, matière ou information, qui transitent, soit à l’intérieur du système soit sous forme d’entrées et sorties par rapport à l’environnement (extérieur) du système. Ces flux sont essentiels car ce sont eux qui créent l’aspect « du tout supérieur aux parties » par leurs jeux d’inter-relations. Il est à noter que ces flux peuvent être des flux d’énergie faisant appel à la Thermodynamique ou des flux d’informations faisant appel à la Théorie de l’Information de Shannon qui s’appuie elle-même sur la Thermodynamique.
- des centres de décisions, les modules de pilotages de l’Analyse Modulaire de Systèmes de J. Mélèse, appliquant un “ programme ” permettant au système la survie, c’est-à-dire de trouver un état localement stable, de moindre énergie.
- des boucles de rétroactions (voir plus loin).
- des délais, expression des réservoirs ou non, dits encore “ temps de réponse ” du (sous-) système
II-2-3) Aspects historiques :
Ce sont les aspects que le structuralisme avait négligés. Il s’agit de l’influence d’un temps orienté sur le système, de son évolution, de ses transitions de phases, d’équilibres ponctués, etc.… C’est sur ces aspects que les concepts d’émergence, d’auto-organisation et d’auto-évolution vont apparaître. C’est sur ce sujet que vont s’affronter les idées de finalité versus ergodicité ou équifinalité. Enfin, c’est toujours à ce propos que revient l’idée de projet, explicité par P. Valéry dans ses Cahiers, idée au cœur du Constructivisme épistémologique. La réintroduction de l’histoire en Systémique, prend en compte en effet non seulement le passé mais aussi le présent et le futur du système, et par la même le projet qu’il poursuit : sa téléonomie.Cette prise en compte du temps est l’un des aspects les plus forts de la Systémique par rapport aux approches platonicienne et positivistes, et est toujours aujourd’hui un critère déterminant de fracture dans tous les domaines… on y reviendra.
SUITE du Blog : Les Concepts de Base
Benjamin de Mesnard
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