Le tableau suivant tente d’établir sujet par sujet les positions de chacun et il montre bien les nombreux points communs entre Communisme et Socialisme national finalement assez indiscernables…. Enfin ce tableau montre également que les Libéraux ne peuvent être rapprochés d’aucune autre catégorie, y compris les conservateurs, auxquels la gauche tente souvent de les assimiler. Dans ce tableau on s’aperçoit par contre que les anarchistes sont finalement proches des libéraux partageant la même méfiance à l’égard des États, de leurs dirigeants.
(2) : Les deux systèmes reposent sur une économie totalement planifiée avec une légère subtilité : les communistes nationalisent les entreprises pour les contrôler avec une gestion centralisée bureaucratique, là où les nazis recourraient à la bureaucratie et la terreur sans avoir besoin de les nationaliser, mais pour le même résultat.
(3) : Le racisme est intrinsèque à l’idéologie socialiste nationale avec le mythe de la race supérieur. Il est réel également chez les communistes sous deux formes : le racisme de classe condamnant à mort les « bourgeois » mais aussi le racisme contre divers groupes comme les juifs persécutés en URSS ou les Mongols et Ouïghours en Chine communiste. Marx lui-même a écrit des propos très anti-sémites dans son article « Sur la Question Juive ».
(4) : les Conservateurs sont sur ce point eux-aussi assez paradoxaux. Ils sont pour l’économie de libre marché avec priorité à l’auto-organisation immanente via la libre entreprise, les libertés économiques , la responsabilité individuelle etc. Mais sur l’ensemble des questions de société et culturelles ils croient en des religions monothéistes où le monde est dirigé par un Dieu unique tout-puissant dans une organisation par conséquent centralisée et transcendante… !
V-17-1) Les marqueurs de gauche :
Le Marxisme est à la base de l’idéologie de gauche, en apportant des concepts « nouveaux » (au XIX° siècle…) de lutte des classes, d’infrastructures, de matérialisme (voir V-1), et de dialectique -au sens du matérialisme dialectique qui n'a rien à voir avec la dialectique aristotélicienne- (Voir V-16). Cette "philosophie" est nécessairement basée sur la volonté inflexible de reconstruire non seulement le monde mais surtout l’homme lui-même en un sur-monde et un sur-homme, (« l'Homme total » chez Marx) seule référence, ou plus exactement auto-référence absolue. En effet dès lors que l'on vise à une fin de l'Histoire où la « Classe Ouvrière», le « Prolétariat » s'imposent seuls en régime de dictature, cela exige la disparition physique des « autres ». Cette « Classe Ouvrière » est jugée intrinsèquement bonne contrairement aux autres « Classes », et devra être guidée par des « Grands Timoniers » éclairés. On retrouve donc bien ici l’approche de Platon et de Rousseau où le problème se résume à mettre les « bons » dirigeants au pouvoir. Mais comme dit Lord Acton, dans « Letters of Lord Acton to Mary Gladstone », Ed. H. Paul, Londres, p.73 : « Le danger n'est pas qu'une classe soit inapte à gouverner. Aucune classe n'est apte à gouverner. La loi de liberté vise à abolir le règne de classes sur d'autres classes, de croyances sur d'autres croyances, de races sur d'autres races ». K. Popper ne dit pas autre chose : « on a dit aux marxistes de penser en terme non pas d’institutions mais de classes, cependant les Classes ne gouvernent pas, pas plus que les nations. Les gouvernants sont toujours certaines personnes. Et, quelque soit la classe à laquelle ils ont pu appartenir, quand ils gouvernent, ils appartiennent à la Classe des gouvernants. » [POPPER K., « Conjecture and Refutation », Ed. Routeledge, 1963, p 464]. Remarque : cette réflexion s’applique tout autant bien sûr au socialisme national dit « de droite », la « Race » par exemple remplaçant alors la « Classe », et rejoint ce que dit Simone Weil trente ans plus tôt... En somme, comme déjà vu, ces « classes d’objet » en matière de politique avec les « Classes » en luttes dialectiques entre elles chez Marx, le « Peuple », le « Parti », la « Patrie », la « Nation », la « Race », etc... ne sont rien d’autre que des personnalisations d’idées qui n’existent pas dont le but est d’exciter les sentiments des gens pour mieux les manipuler et leur faire oublier que derrière cela se trouve un petit nombre d’individus avides de pouvoir. La caricature en matière de personnalisation est par exemple Marianne, séduisante jeune femme censée incarner à la « République », la « Patrie », ou la « Nation ». Que l’on comprenne bien : il ne s’agit pas de mettre l’homme au centre comme le souhaite les humanistes, mais d’aligner l’homme normal sur le modèle de « l’Homme total » marxiste (à mettre en symétrie avec « l’Homme aryen » du nazisme), modèle absolu et parfait auquel tous les hommes devraient ressembler, et malheur à ceux qui n'y parviennent pas... Il faut que l’homme corresponde au modèle parfait prédéfini, élément d’un collectif (système donc...) supérieur. Le problème ici est qu’il ne s’agit plus de penser, comme le fait la Systémique, ce modèle comme un modèle d’étude qui doit être raisonnablement fidèle à la réalité dans les limites des objectifs de l’étude –et refléter autant que possible la réalité en faisant évoluer le modèle après les tests nécessaires-, mais de faire l’inverse : avec le Marxisme (et son symétrique le Nazisme), c’est la réalité qui doit correspondre au modèle. Cela est l’approche opposée à la Systémique. Par ailleurs, le Marxisme a été rangé dans la catégorie des "philosophies" matérialistes, anti-idéalistes (ie Nazisme idéaliste, anti-matérialiste), il évoque une structuration (ou plus exactement des infrastructures et des superstructures) de l’histoire et surtout une fin transfigurée de l'Histoire (avec un « H ») dans une vision millénariste propre à beaucoup de philosophies idéalistes (dont le Nazisme) d'inspiration hégélienne. Cela n’est pas étonnant car philosophies idéalistes et matérialistes, en dépit de leurs nombreuses oppositions officielles violentes affichées, sont en fait les deux côtés des même présupposés et principes de bases, déjà conceptualisés par Platon : Idées Immuables et Matière séparées. Pour les uns, comme chez Platon, l’Idée prime, pour les autres comme chez Marx la Matière prime, comme vu en (V-1). Ou encore avec Descartes l’Idée prime tout en la mettant en symétrie avec la Matière via l’Étendue et sa fameuse glande pinéale.
Un autre point intéressant à souligner avec le Marxisme, c’est l’idée de centralisme. Ce thème de centralisme bien que reprenant les idées de pilotage et de contrôle du système est contraire à la Systémique de par son thème même de centralisation en mode unique de pilotage. En effet un système -comme déjà vu- un tant soit peu important en taille/complexité -ici une cellule vivante peut être considérée comme « très importante et très complexe » !- sera stratifié en niveaux enchevêtres composés chacun de plusieurs systèmes, qui sont autant de sous-systèmes des systèmes du niveau supérieur... La Systémique insiste bien sur l’idée que chacun des systèmes d’un niveau a sa propre fonction de pilotage « locale », recevant en input des informations des autres systèmes ou des ordres des niveaux dits supérieurs. Par ailleurs, chaque sous-système est le plus souvent en inter-relations avec les autres sous-systèmes de son niveau, voir d’autres niveaux, ou bien même en réseaux de relations complexes. C’est certainement cette incompréhension fondamentale de la complexité -car profondément contraire à l’idée du Marxisme- qui explique l’échec final du « système communiste ». Les cybernéticiens modernes, la robotique de dernière génération ou encore les systèmes de reconnaissances de formes par exemples utilisent au maximum ces fonctions de pilotages locales ou décentralisées, ce que l'Union Européenne qualifierait de principe de subsidiarité. En passant il est intéressant de noter la violente opposition de Staline à la Cybernétique et au Darwinisme, opposition logique au vu de ce que nous venons de voir, opposition qu’ont chèrement payé les scientifiques de ces domaines en URSS.
Sous ce qualificatif, on trouve pèle-mêle toutes sortes d’idées très différentes voire opposées. Certaines de celles-ci ont d’ailleurs «circulé » entre la droite et la gauche :
a) Capitalisme :
- Le capitalisme de libre entreprise ou de libre marché, terminologie finalement adoptée par les libéraux, notamment Ayn Rand, pour le revendiquer malgré la longue connotation négative appliquée par les socialistes au terme « capitalisme ». C’est le capitalisme au sens classique du terme, où un individu ayant mis de l’argent de côté en limitant sa consommation au jour le jour, décide librement d’investir celui-ci dans le projet d’entreprise d’un autre individu. L’entrepreneur de son côté pourra avoir la possibilité de mener son projet librement tout en rendant des comptes et en discutant avec ses investisseurs. Cet investisseur connaît bien cette entreprise, son environnement (ses marchés) et ses produits ou services ainsi que son entrepreneur, il y investit ses économies non pas pour quelques dizaines de microsecondes comme sur les places boursières actuelles, mais pour de longues années et en s’intéressant de près jour après jour à cette entreprise. On note en passant que ce capitalisme là, conforme à la définition initiale de Blanqui et Proudhon, repose sur la propriété privée. Il n'existe pratiquement plus aujourd'hui, sauf peut-être avec quelques personnes qualifiées alors de "business angels" investissant dans quelques start-up. Même lorsqu'il s'agit d'investir dans une TPE ou dans l'affaire d'une profession libérale (boulanger, charcutier,...) les banques n'investissent pas leurs économies personnelles, mais celles des autres, impersonnelles et anonymes. Elles ne font à ces petits entrepreneurs que des prêts sur des grilles d'analyses préétablies sans s'intéresser au projet de l'entrepreneur. Dans ce cas-là, on est déjà plus dans le capitalisme de le libre marché. mais il peut exister des capitalismes sans marchés comme on va le voir ci-dessous. Avec le capitalisme de libre marché on est typiquement dans un système ouvert (la société ouverte chère à K. Popper) où l’ensemble des flux d’informations (les prix), des flux de biens ou de services -et par conséquents des hommes- doivent pouvoir circuler pour permettre l’équilibrage de l’offre et de la demande sans perturbation notamment étatique comme dans le capitalisme de connivence vu plus loin. Son corollaire sont les libertés individuelles, dont la libre entreprise et le libre établissement. Le moteur de ce capitalisme vient de citoyens libres menant leurs projets d’entreprises diverses et variées et souhaitant voir d’autres citoyens investir -et donc accumuler leurs capitaux- dans leurs projets. Ces projets réussissent ou non, mais ont toujours en ligne de mire les besoins, la demande d’autres citoyens, car eux-mêmes sont libres d’acheter ou non les produits ou services de ces entreprises. C’est la « loi » de l’offre et de la demande, « loi » qui comme on l’a vu dans cet essai n’en est pas une car l’économie ne peut pas être une science, elle ne respecte pas le critère de démarcation de K. Popper, elle n’est pas réfutable. Contrairement aux autres capitalismes décrits ci-dessous, ce capitalisme là est le capitalisme historique, pratiqué bien avant la révolution industrielle et Proudhon. C'est le seul « vrai » capitalisme, celui qui fonctionne, et a permis à des milliards d'être humains de sortir de la misère, de l'analphabétisme et d'allonger l'espérance de vie car reposant sur une base saine respectant les principes systémiques d'auto-organisation immanente en équilibre dynamique adaptatif.
- Le capitalisme du trading haute fréquence, comme on vient de le voir les "business angels" étant très peu nombreux, le « vrai » capitalisme s'est trouvé remplacé progressivement au XX° siècle par une gestion boursière pilotée par les ordinateurs des grandes banques ou assurances. Ce sont des Intelligences Artificielles (I.A.) avec des algorithmes investissant sur la base de courbes mathématiques sans connaître les projets des entreprises, ces ordinateurs achètent et vendent en l'espace de quelques dizaines de microsecondes des actions. On est ici à l'opposé complet du capitalisme au sens proudhonien, il se rapproche plus du poker joué par des I.A. d'ordinateurs entre eux, que tout autre chose. Nul besoin de libertés individuelles, seul le besoin de libre circulation des ordres de bourses des I.A. des opérateurs virtuels bancaires est nécessaire... On est ici clairement sur un dévoiement, une falsification, du capitalisme aux conséquences délétères...
- Le capitalisme de connivence, étudiée sous le nom de « Théorie des Choix Publics » [BUTLER Eamonn, Théorie des choix publics, The Institute of Economic Affairs 2013] : l’État va « vendre » des faveurs auprès des entrepreneurs - au sens figuré mais souvent littéral du mot via la corruption !- par des lois, ou des règlements protectionnistes consistant à protéger des segments de marché de la concurrence, en général contre de nouveaux entrants, tel la pétition des marchands de chandelles au Roi ou bien les manifestations des canuts contre les métiers à tisser. Tantôt corrupteur actif, tantôt passif, l’État fera du donnant-donnant selon le terme classiquement employé « en échange » de telle ou telle faveur dans un domaine, il obtiendra autre chose, en général dans un autre domaine qui n'aura rien à voir avec le premier. C'est un véritable marché des faveurs qui se développe alors entre élus, et fonctionnaires d'un côté et les citoyens de l'autre ou bien encore entre élus de partis différents. Il ne s'agit pas forcément d'enrichissement personnel, mais par exemple en échange d'un vote du parti B sur une loi 1 portée par le parti A, le parti A votera la loi 2 soutenue par le parti B même si ces deux lois n'ont rien à voir ensemble. Il va orienter les choix publics en fonction des intérêts particuliers d'une corporation ou d'un groupe de pression ayant remporté la mise au nom -bien sûr- de « l'intérêt général » ou du « bien commun » fictif qui n'existe pas. Ces « échanges » peuvent se faire au moyen de manifestations de rues ou de "prise en otage" des citoyens par des grèves abusive au sein de monopoles étatiques pour faire pression sur l’État et/ou des élus et améliorer le terme de l'échange pour ces manifestants ou grévistes : syndicats, secteur économique, corporation, etc... Chacun essaye alors d'obtenir de l’État le plus possible, sans réellement réaliser que si les uns obtiennent plus, c'est au détriment des autres, et toujours au détriment du consommateur ou du contribuable, c'est à dire de la masse des citoyens, et en général des plus démunis... F. Bastiat résume fort bien cette situation : « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » [BASTIAT, Frédéric, L’État, réédition Guillaumin, 1863, tome 4, (p 327-341)]. Simone Weil en 1943 également : « L'État avait cessé d'être, sous le nom de nation ou de patrie, un bien infini, dans le sens d'un bien à servir par le dévouement. En revanche il était devenu aux yeux de tous un bien illimité à consommer. [...] L'État a paru être une corne d'abondance inépuisable qui distribuait les trésors proportionnellement aux pressions qu'il subissait. Ainsi on lui en voulait toujours de ne pas accorder davantage. ». On voit alors se former des corporations légalisées grâce au soutien de l’État et qui lui sont alors redevables. Ces cartels, ces castes de privilégiés comme dans l'Ancien Régime avant 1789, ferment ainsi le système constitué par ce segment de marché, on arrive alors rapidement à une société fermée, rigidifiée ou plus aucunes initiatives individuelles ni innovations ne sont possibles. Malheureusement, et comme tout système fermé, ces corporations fermées à toutes formes de concurrence deviennent de moins en moins compétitives. Sous la pression des citoyens consommateurs ou tout simplement du monde extérieur elles tendent à imploser -souvent brutalement- par la disparition soudaine des verrous ainsi posés . On l’a vu récemment par exemple lors de l'implosion de l'URSS ou pour l’agriculture française avec la fin soudaine du système des prix subventionnés du système européen mettant en grande difficultés les agriculteurs tout comme un drogué se trouve brutalement privé de sa drogue....
- Le capitalisme d’État, où les propriétaires des capitaux ne sont plus des individus finançant des projets d’entreprises en « coopétition » –coopération et compétition simultanément- entre eux, mais l’État, via les nationalisations, c’est à dire la spoliation par la force de biens appartenant à des citoyens. Suis la mise en place de monopoles, de grand cartels, de super-corporations n’ayant plus à se préoccuper de répondre aux demandes des citoyens, aux besoins de marché autrement dit, et qui vivent en dehors de toute mise en concurrence. La propriété des moyens de productions est souvent présentée alors comme celle du « Peuple » ou encore du « Prolétariat », mécanisme de personnalisation classique comme déjà vu en (III-2-14-f). Il s’agit en fait de l’appropriation des ces biens au profit d’un petit groupe d’individus dans un système d’ordre mafieux tel celui appelé « Nomenklatura » en URSS par exemple. Les capitalistes dans ce système étant l’État, ce même État qui contrôle la police politique et l’armée, il n’y a plus lieu de rendre compte à des actionnaires soucieux de leurs placement et de leur économies. Après tout, les actionnaires ne sont-ils pas alors autre que le « Peuple » et le « Prolétariat » ? Et comme le dit Trotski à Lénine « le parti à la place du prolétariat, ensuite le comité central à la place du parti, et finalement le secrétaire général du comité central à la place du comité central, et vous aboutirez à la dictature d’un homme » (voir III-2-14-f) ? Libéré de toute concurrence et n'ayant plus à se préoccuper des demandes des consommateurs, ce capitalisme n’a plus lieu de chercher à améliorer ses produits, à innover, ou à optimiser ses process de production. C’est alors la porte ouverte à toutes les abus, corruptions et profiteurs d’une Nomenklatura vivant du travail des autres au nom du « Peuple », comble de l’ironie ! Ce système ne peut se mettre en place et se maintenir que par la coercition, la force et la terreur d’un régime totalitaire. Ce capitalisme d’État est toujours violent pour les simples citoyens, non seulement par son régime de terreur,, mais également suite aux décisions des dirigeants de l’État, d’investir –d’accumuler le capital !- massivement dans des optiques purement politiques soit de renforcement de leur pouvoir (armée, police politique, bureaucratie omniprésente contrôlant tout), soit de propagande stérile comme le stakhanovisme ou des chiffres de production falsifiés. Ainsi l’URSS a investi massivement dans les armes, la surveillance de sa population et l’industrie lourde au détriment des besoins réels des citoyens : industrie légère, et biens de consommation. Cela donne un capitalisme sans marchés au fonctionnement fortement dégradé, incapable d’innover -on n’innove pas dans la coercition et la terreur- loin de l’optimum systémique, et explique quasiment à lui seul la faillite du socialisme de l’URSS « sous ses propres contradictions ».
1° remarque : il est intéressant de noter que capitalisme de connivence et capitalisme d’État vont de pair, et existent souvent ensembles et à des degrés divers, comme en France notamment. Parmi les socialistes on voit que des Socialistes Nationaux, les Nazis, ont préféré mettre sous contrôle étatique poussé les entreprises sans les nationaliser -contrairement au point 13 de leur programme,- via une bureaucratie toujours plus pesante et menaçante au nom, ici encore, d’une solidarité obligatoire avec la « volonté collective » et le « bien commun » dans le plus pur planisme comme on a pu le trouver en URSS ou avec Mao. Cela a été fait par les Nazis via une coercition violente, les entrepreneurs refusant d’obéir se retrouvant au mieux en faillite sous une avalanche d’amendes et de blocages administratifs, ou au pire en camp de la mort. Ainsi Hitler a préféré mettre sous contrôle étroit les entreprises plutôt que de les nationaliser comme les communistes, mais le résultat a été le même….
2° remarque : dans sa « version douce », le Capitalisme d'État actuel allié au Capitalisme de connivence amène les banques a développer une préférence beaucoup plus grande pour les emprunts d’État que pour les investissements dans les TPE, PME ou professions libérales, stérilisant ainsi l'économie et provoquant le chômage de masse que nous connaissons. Ces capitalismes dévoyés créant un système économique fortement dégradé, les besoins financiers étatiques deviennent alors toujours plus intenses et génèrent des déficits publics énormes. Pour la France en 2017 : déficit de l'État de 83 milliards € pour une recette de 307 milliards €, soit 27% de déficit, très au delà du chiffre de 2,9 % que l'ont nous donne...! Les États se comportent alors comme de gigantesques aspirateurs à finances, asséchant d'autant les possibilités d'emprunts pour les particuliers, TPE, PME ou professions libérales.
3° remarque : dans la même logique ces deux capitalismes d’État et de connivence version moderne, sont à l'origine de la crise de 2008. Dans l'idée que tout américain devait pouvoir être propriétaire de sa résidence principale, le gouvernement américain avait fait passer une loi, la « Community Reinvestment Act » (la CRA) en 1977 sous J. Carter. Cette loi a été élargie en 1997 sous B. Clinton en obligeant les banques à prêter aux ménages à faibles revenus dans les zones dites « Red Line », en échange, ces prêts étaient garantis par la FED, déresponsabilisant de fait les banquiers. Elle partait de l'a-priori, sans aucune étude préalable, qu'à l'intérieur des zones « Red Line », les banques par racisme refusaient les dossiers de prêts immobilier systématiquement. Or si des prêts étaient refusés, c'est parce que beaucoup des ménages dans ces zones « Red Line » avaient de trop faibles revenus et donc étaient insolvables. Donc, afin de respecter cette loi et échapper aux amendes en cas de non respect de celle-ci, les banques américaines ont eu alors recours à des prêts à taux variables, avec un taux d'intérêt très faible les trois ou cinq premières années. De plus le remboursement du principal de l'emprunt était décalé de la même durée. Par la combinaison des amendes en cas de refus de ces prêts et de leur garantie par la FED, tous les freins et la prudence habituelle ont été ainsi levés dans les banques américaines. Une bulle immobilière s'est alors gonflée progressivement. En parallèle, en 2001, les déficits de l’État américain s'aggravant et sa dette enflant, la FED, dans le but d'éviter la faillite à sa « maison-mère » l’État, a démarré une politique de « quantitaty easing », en français « planche à billet », afin d'inonder les banques de dollars et ainsi baisser progressivement à 1,75 % le taux directeur de la FED. L'émission de dollars étant devenue trop importante, la FED a ralenti son rythme en laissant les taux remonter à 5,25 % mi 2006. Or en 2006, la plupart des prêts accordés arrivaient à l’échéance de leur période initiale de 5 ans. Ces ménages à faibles pouvoir d'achat on donc dû à la fois commencer à rembourser le principal de l’emprunt, plus payer un intérêt 4 fois plus élevé et ont donc vu leurs paiements mensuels exploser. Dans l'incapacité de payer, insolvables, ces ménages se sont vu exproprié de leur logement récupéré par leur banque à partir de 2007. Un très grand nombre de logements se trouvant alors mis en vente simultanément par les banques, les prix qui jusque là s'étaient envolés sous une demande artificiellement gonflée par la CRA, se sont alors effondrés. La bulle financière immobilière créée par la CRA a alors explosée, plongeant dans la misère des millions de ménages américains et la crise économique de 2008 s'est en suivie aussi grave que celle de 1929.
c) Libertés individuelles :
d) Les « conservateurs » :
e) Les infrastructures d’un pays doivent être privées :
Le raisonnement de F. Hayek est très simple : tout ce qui n'est pas achetable/consommable par un ménage peut relever de l'état : un réseau de voies ferrées, tout comme la police, la justice ou l'armée, -donc le régalien- ne peut pas être acheté (surtout pas...) par un ménage. Par contre un ménage pourra acheter un billet de train pour un trajet à un jour et une heure précis. Les compagnies de trains utilisant l'infrastructure publique des rails devront donc être privées et en libre concurrence car s’adressant aux ménages directement. Dès lors, l’État – l’état de Droit avec un petit « e » et un grand « D » en l’occurrence...- via ses lois, son « code de la route » clair et stable selon F. Hayek, avec ses pouvoirs régaliens de justice etc.. et ses infrastructures, fourni en somme l'environnement -l’écosystème pour la Systémique- adéquat aux entreprises qui elles s'adressent aux ménages, mais en se gardant de supprimer cette mise en concurrence : c’est tout un jeu de subtiles -et fragiles- équilibres dynamiques ponctués non linéaires de pouvoirs et contre-pouvoirs tels qu’imaginés par Aristote, Montesquieu, etc. concepts éminemment systémiques !
On voit ainsi qu'un certain nombre de « concepts » ne peuvent pas en réalité être définis de droite versus gauche. Seuls les libéraux semblent à même d'accueillir favorablement les évolutions de la société ou de l'économie (innovations), même si -comme l'explicite K. Popper [POPPER Karl, T2, 1979]- ils sont très complexes : mais ils n’ont pas la présomption fatale (refer F. Hayek…) de prétendre les comprendre et les dicter comme veulent le faire les marxistes ou les conservateurs. Par contre les libéraux, eux, sont conscient de l'hyper complexité des évolutions des systèmes économiques ou sociétaux composés avant tout d'êtres humains comme l'a souligné L. von Mises et non de « Partis », de « Nations », de « Patries » de « Races » ou de « Classes » (en luttes dialectiques les unes contres les autres comme il se doit), qui ne sont que des personnalisations fictives inventées pour mieux enrégimenter les malheureux qui y croient.
Il faut encore insister sur le fait, comme le dit L. Von Mises, qu’une société ou une économie est composée d’êtres humains, en dépit de toutes les personnalisations que l’on a vu « Peuple », « Prolétariat », etc... Ces êtres humains ne réagissent pas d’une manière régulière et stable même dans des circonstances semblant identiques. Contrairement aux sciences physiques, où des molécules d’hydrogène et d’oxygène en présence d’une étincelle donneront toujours de l’eau et un fort dégagement d’énergie parfaitement calculables et testables ; les êtres humains sont largement imprévisibles : comme l’a montré H. Simon avec la Rationalité Limitée (Voir II-5-5), « l’homo economicus » ayant une connaissance parfaite des marchés et prenant des décisions 100 % rationnelles est une vue de l’esprit. Enfin les « sciences » économiques, politiques ou sociales ne satisfont pas au critère de démarcation de K. Popper : leurs théories ne sont pas réfutables. Cela n’est en rien un reproche, car cela est intrinsèque à ces secteurs d’études. En effet, contrairement (à la plupart…) des sciences physiques il est impossible de réaliser des expériences, des tests, où par exemple l’économie mondiale d’avant 1929 serait reconstituée afin de tester différents scenarii au cours d’autant d’expériences scientifiques permettant le cas échéant de réfuter telle ou telle théorie économique. A cela les plus brillants des économistes, sociologues ou politologues n’y pourront rien.
Il y a une autre énorme différence entre les sciences physiques (hormis la médecine...) et les « sciences » humaines (économie, sociologie, politique,…) : lorsqu’en astronomie une théorie à laquelle tout le monde croyait se révèle finalement fausse, normalement, personne ne meurt (sauf quelques martyrs comme G. Bruno condamné pour avoir remis en question une théorie astronomique fausse soutenue par l’Église Catholique…). Mais lorsque qu’une théorie aberrante est mise en œuvre en économie ou en sociologie, ce sont des dizaines de millions d’êtres humains qui peuvent se trouver réduit à la misère, perdre toutes leur libertés ou périr... Un autre point très important est souligné par K. Popper, il peut même être vu comme un nouveau critère de démarcation entre les défenseurs des libertés et les autres. Les uns recherchent un système social et économique via une constitution garantissant d'elle-même qu'un gouvernement sera empêché de devenir autoritaire ; alors que les autres tablent sur la qualité des dirigeants via une formation adéquate, voire via un pouvoir réservé à une élite. Le premier cas corresponds à la société ouverte, et le deuxième à la société fermée, dite encore tribale pour K. Popper [POPPER Karl, Tomes 1 et 2, 1979]. Ce qui est très intéressant ici, c'est de relever que K. Popper note que c'est Platon, puis Hegel et Marx qui défendent la société tribale. Chez Platon, ce système des dirigeants issus d'une élite est en parfaite cohérence avec ses Idées Immuables, l'élite étant la plus proche de celles-ci, et en particulier de l'Idée Immuable « État Parfait », n'a donc nul besoin de gardes-fous. On peut noter qu'avec Aristote, c'est l'inverse qui prévaut, Aristote -et plus tard Montesquieu et Machiavel- pense à juste titre qu'il y aura tôt ou tard des « mauvaises personnes » au pouvoir, c'est donc au système politique, à l'organisation intrinsèque de la Cité, à la Constitution, de mettre en place les gardes-fous efficaces pour équilibrer les pouvoirs, via une solide séparation de ceux-ci . On ne peut alors que citer Lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais. », on est ici à l’opposé de Rousseau pour qui l’homme est bon par nature. On peut citer également Raymond Aron [ARON, Raymond, Introduction à la Philosophie Politique, p 72] : « Certaines philosophies de la démocratie sont des philosophies optimistes, et l’on peut dire que la démocratie rousseauiste est fondée sur une vue optimiste de la nature humaine : c’est parce que les hommes sont bons que l’on imagine qu’il suffit d’écarter les traditions irrationnelles et les privilèges pour que les hommes se gouvernent eux-mêmes. Mais si l’on peut justifier la démocratie par l’optimisme, on peut aussi la justifier par le pessimisme. Rousseau justifiait la démocratie par l’idée que les hommes sont bons. Disons que les machiavéliens justifient la démocratie par l’idée que les hommes ne sont pas tous bons. (…) donc limitons les pouvoirs que nous donnons à quelques-uns ; moins les hommes sont bons, moins il faut laisser de pouvoir aux gouvernants. ». Clairement, le danger totalitaire issu des approches rousseauistes vient alors aussi bien de la droite que de la gauche...
On comprend alors que les choses sont donc un « peu plus complexes » que cela dans le débat cartésien simpliste gauche-droite. La clé tient dans la compréhension -ou plutôt dans l'incompréhension- de la complexité des systèmes économiques, et de l'ignorance du concept de Variété requise et de la mesure de la complexité telle que proposées par A. Kolmogorov et R.W. Ashby, voir pour cela le (II-4-1-e), couplé à la Rationalité Limitée de H. Simon (Voir II-5-5). La difficulté ici tient dans l'aspect centralisé d'une telle gestion/pilotage interventionniste de l'économie. Tout piloter d'une manière centralisée « par le haut » en mode transcendant, ce qui est le cas d'un gouvernement marxiste, nazi, ou simplement dirigiste, par des individus ayant nécessairement un horizon d'information limité, doublé de capacité de cognition, de traitement de ces information également limités, face à l'hyper complexité d'une économie ou d'une société qu’ils prétendent piloter, c’est faire preuve d’une présomption fatale. A cet égard, on observe d'ailleurs que les membres des gouvernements divers et variés n'ont aucune notion de systémique, et sont plutôt très cartésiens, adeptes des solutions simples pour ne pas dire simplistes.
Enfin, nul besoin d'évoquer les changements brutaux de politiques d'interventions et leur instabilité souvent contradictoires au gré des changements de gouvernements... On est bien ici dans la Présomption Fatale dénoncée par F. Hayek [HAYEK, Friedrich A., 1988], mêmes si ces dirigeants se croient issus de l'élite proche des Idées Immuables de Platon... et se prennent souvent pour des dieux. On arrive alors à ce que souligne F. Hayek : « Nous sommes certainement aussi éloignés du capitalisme dans sa forme pure que nous le sommes de tout système de planification centrale. Le monde, aujourd'hui, n'est qu'un chaos interventionniste. » [HAYEK, Friedrich A., Nature et Historique du Problème p. 33 dans VON MISES L. 1938], phrase tout aussi actuelle aujourd'hui qu'en 1938 !
V-17-4) Le diagramme de Nolan :
Certains comme David Nolan avec son diagramme du même nom ci-dessous, dans lequel il serait judicieux d'ajouter à « populiste » le terme « dictature », ont tenté de réorganiser le débat gauche-droite :
Et lorsque l'on prends le Nazisme (en français socialisme national) comme exemple de « droite » est des plus choquant comme on l'a vu car ce sont d'authentiques socialistes, les libertés économiques étant alors carrément abolies. Si on veut aller un peu plus loin, on pourrait tenter le diagramme ci-dessous, lui aussi basé sur les deux échelles de libertés économiques et individuelles. Ce diagramme montre bien le positionnement « ni gauche ni droite » à la fois des dictatures mais également à l'opposé des Libertariens qui eux, défendent à la fois les libertés individuelles (ou sociétales) et les libertés économiques . Sachant qu'il est irréaliste de croire qu'il peut y avoir des libertés économiques sans libertés individuelles et inversement.
Enfin, l’histoire orientée l’est seulement au sens de la flèche du temps de la Systémique, mais non au sens messianique millénariste du socialisme Marxiste (et son symétrique le socialisme national nazi) , où l’homme réel doit rentrer dans le moule de l’Homme du Marxisme dit « Homme nouveau » ou « Homme total » ou « Homme aryen » du nazisme, et amenant tout droit aux camps de rééducations et aux génocides de la Chine, du Cambodge ou de l’Union Soviétique (ie ou du Nazisme symétriquement). Le sage réflexe d'Aristote et de Vico, la prudence, la modestie, et le juste milieu devraient donc prévaloir avant d'intervenir à tort et à travers dans l'économie ou la société avec des idées simplistes venues du clivage gauche-droite... On retrouve alors la Systémique de L. Von Bertalanffy, d'une manière surprenante au premier abord, mais somme toute logique au vu de l'ensemble de son œuvre et de son amitié avec K. Popper et F. Hayek, qui ont beaucoup travaillé eux aussi sur les concepts de complexité.
Benjamin de Mesnard
Épistémologie Systémique Constructivisme




