Économie
→→
Religion ↓ ↓ |
Immanence |
Transcendance
(Étatisme, Centralisme, Communisme) |
Immanence (Athées ou Monothéistes tenants de « Intelligent Design ») |
Libéraux ou Anarchistes |
Communisme (incohérents entre religion et économie) |
Transcendance
(Monothéistes
créationnistes) |
Conservateurs (incohérents entre religion et économie) |
Socialismes Nationaux :
nazisme, fascisme, franquisme, royauté
absolue,
colbertistes… (cohérents entre religion et économie) |
Systémique : Philosophie de la Liberté un lien d'Aristote à la Systémique, blog de Benjamin de Mesnard.
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lundi 13 décembre 2021
VI) UNE NOUVELLE LIGNE DE FRACTURE APPARAÎT
Cette ligne de fracture nouvelle qui apparaît tend à remettre à leur juste place les anciennes oppositions « classiques ». Cette fracture s’articule finalement autour du concept d’immanence versus transcendance évoqué en (V-7) :
● Immanence : d’un côté la Systémique et le Constructivisme épistémologique avec la « pensée complexe » synthétique et prudente, l’ingénium, l’indéterminisme, la dialogique, et ne confondant ni la carte avec le territoire, ni l’idée avec le réel. Elles sont immanentes avec les concepts d’éco-auto-ré-organisation, d'équilibre dynamique ponctués et d’émergence. Elles sont conscientes des limitations de notre rationalité, prêtes à adopter de multiples point de vues et à se remettre en cause par des théories se prêtant à réfutation. Elles s’appuient sur des philosophies comme celles d’Aristote, le Structuralisme, la Systémique, la cybernétique de second ordre de G. Bateson, A. Korzybski, Pascal, H. Simon, la « pensée complexe » d’E. Morin, et K. Popper ou F. Hayek.
● Transcendance : et de l’autre côté les philosophies platoniciennes, cartésiennes, analytiques , positivistes, scientistes, réductionnistes, recherchant le point fixe et l’évidence cartésienne (succédant immédiatement au pseudo-doute grâce au « je pense donc je suis»). Elles se réclament de l’Idéalisme ou du Matérialisme - dont le dialectique -, deux fausses oppositions, toujours à livrer diverses luttes pour la victoire d’une hypostase, c'est à dire d’une personnification artificielle supposée être par définition dans le camp du Bien absolu avec un grand « B » : « Classe », « Parti », « Nation », « Race », « Prolétariat », « Peuple », « Peuple de gauche » ou « Peuple de Dieu », ou bien le Mal absolu : « Grand Capital » afin de faire appel aux émotions et éteindre notre raison. Pour Simone Weil, « on donne des majuscules à des mots vides de signification » qui n’existent pas en réalité et pour lesquels des millions de gens sont censés se sacrifier voire même donner leur vies, avec la promesse d’un futur paradis radieux. Transcendantes car croyant qu’une organisation ne peut être pensée que « d’en-haut » par un Dieu, un guide ou un grand timonier géniaux. Elles viennent de Platon, Descartes, A. Comte, le Cercle de Vienne, des religions monothéistes et des deux socialismes national ou non : le Nazisme et le Marxisme. Ces hypostases sont supposées être représentées – guidées - par un « homme providentiel » ou un Dieu, affublé de toutes une séries de qualités extraordinaires, qu’il soit être humain ou divinité. On peut qualifier de magique cette « pensée » alors même que les socialismes marxistes ou national nazi se disent scientifiques, ils ne sont en fait que pseudo-sciences car scientistes et irréfutables à la manière de l’astrologie. Typique de la « pensée tribale » comme vu avec K. Popper, elle ne sait que suivre un chef de tribu proposant des solutions simplistes – cartésiennes - inadaptées aux problèmes complexes. On arrive ainsi rapidement aux divers régimes totalitaire comme Simone Weil l’explique : « De toutes parts on est obsédé par une représentation de la vie sociale qui, tout en différant considérablement d’un milieu à l’autre, est toujours faite de mystères, de qualités occultes, de mythes, d'idoles, de monstres ; chacun croit que la puissance réside mystérieusement dans un des milieux où il n'a pas accès, parce que presque personne ne comprend qu'elle ne réside nulle part, de sorte que partout le sentiment dominant est cette peur vertigineuse que produit toujours la perte du contact avec la réalité. Chaque milieu apparaît du dehors comme un objet de cauchemar. Dans les milieux qui se rattachent au mouvement ouvrier, les rêves sont hantes par des monstres mythologiques qui ont nom Finance, Industrie, Bourse, Banque et autres ; les bourgeois rêvent d'autres monstres qu'ils nomment meneurs, agitateurs, démagogues ; les politiciens considèrent les capitalistes comme des êtres surnaturels qui possèdent seuls la clef de la situation, et réciproquement ; chaque peuple regarde les peuples d'en face comme des monstres collectifs animés d'une perversité diabolique. On pourrait développer ce thème à l'infini. Dans une pareille situation, n'importe quel soliveau peut être regardé comme un roi et en tenir lieu dans une certaine mesure grâce à cette seule croyance ; et cela n'est pas vrai seulement en ce qui concerne les hommes, mais aussi en ce qui concerne les milieux dirigeants. Rien n'est plus facile non plus que de répandre un mythe quelconque à travers toute une population. Il ne faut pas s'étonner dès lors de l'apparition de régimes « totalitaires » sans précédent dans l'histoire. ». [WEIL, Simone, Œuvres, « Les origines de l’hitlérisme » en 1940, Ed. Quarto Gallimard, p 381].
Deux questions se posent alors :
- Quelle est la légitimité du Dictateur (ou du supposé Représentant du Dieu Unique) transcendant ? : « Qui t’as fait Roi ? » a dit Adalbert à Hugues Capet…
- Et si l’État (ou le Représentant d’une Église) contrôle tout, qui alors les contrôlent ? C’est le problème de la récursivité sans fin du système de pilotage « top-down » des sociétés tribales reposant sur la transcendance.
Le tableau suivant montre les incohérences philosophiques que l’on rencontre entre certains tenants de l’Immanence et de la Transcendance selon que l’on se met du point de vue de l’économie ou des religions monothéistes (création de l’univers ou des êtres vivants). Ainsi certains seront pour la Transcendance religieuse mais pour l’Immanence en économie (les conservateurs « libéraux ») ; et d’autres pour l’Immanence religieuse (les athées) mais pour la Transcendance en économie (marxistes, socialistes, communistes) avec un État centralisateur contrôlant tout. D’autres, plus rares aujourd’hui, sont par contre cohérents, c’est à dire soit tenants de la Transcendance en tout : conservateurs étatistes/colbertistes, socialistes nationaux nazis, fascistes, ou franquistes (avec une alliance forte entre l’Église et l’État centralisateur) aboutissant aux dictatures ; soit tenants de l’Immanence en tout : les Libéraux athées… et la Systémique avec ses concepts d’éco-auto-ré-organisation.
Les anciennes oppositions sont donc remises en perspectives, comme l’Idéalisme opposé au Matérialisme, le Rationalisme opposé à l’Empirisme, le Nominalisme opposé au Réalisme, la Dialectique opposée à la Logique Formelle, le Mécanisme opposé au Finalisme, l’Induction opposé à la Déduction, ou encore le clivage Gauche-Droit en politique. Ces anciennes oppositions semblent devenir caduques lorsqu’elles sont réétudiées à la lumière de la Systémique. Car on peut alors comprendre qu’elles n’existaient que parce certains aspects de la réalité que montre la Systémique étaient ignorés. On peut citer dans le désordre : existence de différents niveaux de réalités, effets de rebouclages rétroactifs non linéaires, rebouclages avec ou sans retards temporels, différence entre modèles/théories et systèmes réels, équifinalité versus finalisme ou prise en compte de l’ergodicité, de l’homéostasie, et des équilibres dynamiques ponctués non linéaires.
Cette nouvelle ligne de fracture pourrait être étudiée plus à fond afin de reconstruire la philosophie en réunissant d’un même côté : Aristote, Pascal, la Systémique, le Constructivisme épistémologique, Gödel, le Gestaltisme, la théorie de l’Information, la Thermodynamique et sa flèche du temps, Darwin, A. Korzybsky, T. Kuhn, Karl Popper, H. Simon, F. Hayek, E. Morin le tout dans une démarche…dialogique prudente et modeste car ne prétendant pas détenir la Vérité. Le but de la Systémique et du Constructivisme épistémologique est de permettre de comprendre les phénomènes d’éco-auto-ré-organisations immanents des systèmes complexes. En ce sens la Systémique est bien un méta-paradigme, comme décrit par L. Moreira, plutôt qu’un « simple » nouveau paradigme de l’épistémologie. Ce méta-paradigme, représentant d’un courant épistémologique, est un dépassement des philosophies « classiques », réelle émergence, au sens précisément de la Systémique. C’est un nouvel outil de pensée moderne, mais également un courant épistémologique profond et ancien, qui avance avec une humilité et une prudence recommandée par G.B. Vico, et non une nouvelle idéologie. Cette démarche doit être menée dans le respect des libertés individuelles, et économiques au sein de sociétés ouvertes. Il faut prendre garde à la tentation technocratique où l'être humain, l'économie ou la société seraient considérés sans prudence exclusivement comme de purs sous-systèmes ou robots obéissants. Il faut donc éviter de tomber dans la présomption fatale de « l’ingénierie sociale », l'expérimentation économique ou l'expérimentation humaine… A ce titre tant au plan sociologique qu’économique, la Systémique et le Constructivisme épistémologique semble donc être de bons candidats pour donner une solide base épistémologique aux défenseurs de nos libertés.
Benjamin de Mesnard
Épistémologie Systémique Constructivisme
lundi 17 mars 2014
V-8) Créationnisme versus Évolutionnisme
Voir le
(III-2-6) sur Darwin où l’évolutionnisme a été traité. Comme
évoqué au paragraphe précédent (Transcendant vs Immanent), les
Créationnistes soutiennent à l’opposé de Darwin que le monde a
été créé à une certaine date récente, conformément aux écrits
de la Bible (par exemple en l’an -3900 environ, un représentant de
l’Église Catholique ayant même précisé le jour et l’heure).
Chaque espèce vivante a été créée à ce moment, celles disparues et celles existantes. Les restes archéologiques que l’on peut découvrir, dinosaures et autres, n’étant que des ossements d'espèces qui n'ont jamais existé sinon sous la forme de ces ossements, créés simultanément avec celles qui ont survécu de nos jours. Pourquoi Dieu s'est-il donné cette peine ? Nous ne savons pas. En passant, on peut noter qu'en acceptant cela, ils acceptent implicitement une certaine idée de sélection naturelle... Dieu lui-même nous suggérant sans doute que des espèces ont disparues, même si leurs restes ont été posés là intentionnellement sans qu'elles aient réellement existé. Les Créationnistes rejettent toutes formes d’évolution, ou de changement dans le temps, des espèces. Les espèces étant figées, l’argument récurrent est qu’il est impossible qu’un animal d’une espèce donne naissance à un animal d’une autre. Il est vrai qu’avec un monde ayant un peu moins de 6000 ans d’existence, il est difficilement imaginable d’envisager une évolution conséquente des espèces... bien que l'on voit muter en l'espace de quelques mois les virus, microbes, ou des quelques années des plantes ou animaux plus sophistiqués, etc... Le créationnisme par ailleurs, devant l’argument que le monde (la terre) a 4 milliards d’années d’existence en non 6000 ans, avance que le temps ne peut être le créateur des espèces. Cela n’a jamais été soutenu par l’évolutionnisme, le temps, au demeurant très long, de 4 milliards d’année n’étant que le cadre dans lequel les espèces évoluent, cette évolution étant propre au système « espèces+environnement » dans la durée et non une propriété propre au temps. Il est intéressant de noter ici que les Créationnistes n’intègrent pas le temps, tombant sur le même blocage que les Structuralistes et les Positivistes, dans une approche platonicienne alors même que l’Église Catholique a choisi Aristote avec Thomas d'Aquin. Enfin, on peut noter que les Créationnistes imposent une lecture littérale de la Bible, ce qui n’est pas une position de toutes les églises chrétiennes, dont beaucoup considèrent ce texte comme une parabole, une histoire imagée, dont il faut retenir les messages et non une histoire vraie (variables au demeurant selon les traductions). Exemple : pour certains spécialistes des langues anciennes employées à l’époque de (ou des) rédaction(s) de ce passage, Adam a été un terme traduit par les grecs en « homme particulier, individu », alors qu’il signifierait « Homme, Humanité » en réalité. Ce simple point montre combien est fragile une lecture par trop littérale de ce texte. Dans ce cas en effet, on supprime d’un seul coup l’opposition supposée avec l’évolutionnisme, sans changer les messages culturels, religieux et moraux du texte… L'humanité étant là, existante à ce stade de la narration biblique, sans contradiction avec les thèses évolutionnistes.
Enfin, il existe une version « douce » du Créationnisme, soutenu par l'église Catholique de nos jours, où la théorie du Big-bang est considérée comme « convenant bien » (dixit). Dieu aurait créé le monde lors du Big-bang, en incluant les 13 milliards d’années qui ont suivit, programmées en quelque sorte dès le départ. C’est la thèse de Teilhard de Chardin, de l’alpha et de l’oméga. Mais que se passe-t-il si demain les scientifiques mettent à la mode un nouveau paradigme où il n’y a pas de Big-bang ? Il est curieux de voir ainsi l’approche philosophique d’une religion s’enfermer dans une théorie scientifique particulière qui peut être réfutée demain. A l’inverse, il serait ainsi ici parfaitement possible de considérer un monde éternel ou cyclique dans le temps physique mais restant « engendré » par un dieu unique lui-même en dehors de ce temps physique.... De même comme nous l'avons déjà vu au paragraphe précédent, il existe une version douce du créationnisme avec « l'intelligent design ».
Apport
de la Systémique : Comme vu en (III-2-6), la Systémique
est clairement du côté de l’évolutionnisme dont elle réutilise
beaucoup de concepts, on peut revenir sur le comparatif Darwin/K.
Popper en (III-2-9). En passant, comme noté en (V-7) précédent, le Créationnisme est donc implicitement dans une approche Transcendante alors que l’Évolutionnisme est lui, toujours implicitement dans une approche clairement Immanente.
SUITE du Blog : V-9) Aristote versus les approches scientifiques modernes (Empirisme)
Benjamin de Mesnard
SUITE du Blog : V-9) Aristote versus les approches scientifiques modernes (Empirisme)
Benjamin de Mesnard
samedi 13 juin 2009
IV) Théories opposées à la Systémique (IV-7 Comparatif)
IV-7) Comparaison entre Aristote, Leibniz, Structuralisme, Matérialisme Dialectique, Systémique plus Platon, Descartes et Hayek :
Revue des divers concepts étudiés plus haut :
| Concepts de Base |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
| Totalité-Globalité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Interactions Interrelations |
Non
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Interactions non linéaires |
Non
|
Non
|
Non
|
Non
|
Oui
|
| Organisation vs Structure |
Non (1)
Non
|
Oui
Non
|
Non
Oui
|
Non
Oui
|
Oui
Oui
|
| Environnement |
Oui (2)
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Complexité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Récursivité |
Non
|
Non
|
Non
|
Oui ?
|
Oui
|
| Formalisation/ modèles |
Non
|
Oui
|
Oui (3)
|
Non
|
Oui
|
Caractéristiques
Stationnarité |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
| État d'équilibre Homéostasie |
Non
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Domaine de Stabilité |
Non
|
Oui
(4)
|
Oui (Mais non mathématique)
|
Non
|
Oui
|
| Ergodicité |
Non
|
Non (8)
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Régulation |
Non
|
Oui
(8)
|
Oui
|
Oui ?
|
Oui
|
| Équifinalité |
Oui et Non (5)
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Organisation |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
| Structure |
Oui (6)
|
Oui (7)
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Niveaux-Strates |
Oui (9)
|
Non ?
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
|
Oui
|
Non ?
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Variété |
Oui (10)
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
| Propriétés |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
| Émergence |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Intentionnalité/
Finalité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Auto-Organisation (11) |
Oui
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
| Référentiel |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
| Absolu (12) |
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
| Relatif |
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Remarques :
(2) Environnement : Aristote avait bel et bien intégré le concept d’environnement car il avait bien vu qu’un être n’est pas isolé mais évolue dans un monde, lui-même peuplé d’autres êtres, ayant leurs propres forme/matière/substance. Il avait d’ailleurs développé la hiérarchisation des êtres, de même que la systémique a introduit la hiérarchisation des niveaux de systèmes.
(3)Formalisation/modèles : Le structuralisme utilise intensivement la formalisation et les modèles, cependant il n’utilise pas de modèles mathématiques alors que la Systémique n’hésite pas à y avoir recours massivement.
(4) Domaine de stabilité : Leibniz a mis l’accent par ses monades sur leur aspect fermé, (les “ volets clos ”) ce qui était pour lui le moyen d’éliminer la question de la réponse à l’environnement potentiellement déstabilisateur. Les monades sont ainsi naturellement stables puisque jamais perturbées. Mais ce que n’avait pas vu Leibniz, c’est qu’un système fermé est soumis à la deuxième loi de la thermodynamique et voit son entropie augmenter continûment vers un état tellement stable qu'il doit être qualifié de mort du système, loin de l’équilibre dynamique ponctué de la Systémique..
(5) Équifinalité : C’est l’un des plus grands débats et l’un des plus grandes différences entre Aristote et le structuralisme ou la Systémique. Aristote utilisait couramment l’idée de finalité des être, dans un sens qui a peut-être été mal interprété par ses successeurs, y compris ses plus fervents partisans. En effet ceux-ci étaient imprégnés de l’idée de Dieu (Saint-Thomas d’Aquin) et ont pris ce concept de la manière qui leur convenait le plus directement, c’est-à-dire la finalité au sens direct et brut du terme. Il n’est pas évident qu’Aristote ne l’ait pas utilisé plus subtilement, comme beaucoup d’autres concepts, que le temps, la différence de langue et de culture, nous rendent difficile à appréhender. Pour Hayek, on retrouve la Catallaxie, voir la note (8).
(6) Caractéristique organisation/structure : Aristote a utilisé la forme en concept de base de sa philosophie. Par contre l’utilisation qu’il en fait montre bien, comme dit dans la note (1) que, pour lui, un être présente des caractéristiques d’organisation et structure.
(7) Caractéristique organisation/structure : Leibniz a clairement décrit et a même insisté contre Descartes sur l’aspect organisé et structuré des agrégats de Monades. Pour lui, ces agrégats ne sont pas de simples tas –voir l’image du tas de sable plus haut-, car les Monades ne s’agrègent pas du simple fait du hasard, mais selon certaines affinités. Cependant Leibniz ne va pas plus loin dans sa cette description…
(8) Ergodicité et Régulation : Les monades de Leibniz ne sont pas en effet structurées (car atomique au sens de Démocrite), elles sont figées, ne peuvent évoluer, répondre aux changements de leur environnement tout en revenant à leur configuration, leur état initial. En effet, Leibniz n’a pas vu le concept de boucle rétroactive, de régulation, et donc d’ergodicité. C’est pourquoi leurs volets doivent être clos, incapable de supporter le moindre changement comme un château fort assiégé dont les occupants sont condamnés à mourir. Pour Hayek, c'est le concept de Catallaxie où le marché va spontanément arriver sur un certain état d'équilibre dynamique (voir "Équifinalité" également) via la poursuite des fins et objectifs individuels de chaque acteur du marché, au sein des échanges de biens et de services entre ces acteurs conformément à des règles juridiques communes concernant la propriété, les dommages et les contrats (état de droit).
(9) Niveaux - Strates : ce point a particulièrement été analysé par Aristote, qui a décrit des « niveaux » d’êtres possibles jusqu’au « moteur premier » ou « principe premier ». Ce point particulier a été longuement développé par Thomas d’Aquin comme preuve d’existence d’un Dieu unique. Par contre, il semble que Leibniz n’ait pas vu ces niveaux ou strates, envisageant seulement les Monades comme unités élémentaires (atomes) et elles seules.
(10) Variété : si Aristote n’a pas traité de la variété en tant que telle, il a par contre parfaitement analysé le fait qu’un être puisse prendre différents états “ sans cesser d’être lui-même ” dans une plage d’états possibles qui sont propres à son être même. C’est somme toues une assez bonne définition de la variété sans faire appel aux mathématiques. Pour Hayek, bien qu'il n'est jamais employé ce terme, la Variété requise est un concept central. Grâce à la parfaite compréhension de celui-ci, il insiste pour mettre en garde sur toute tentative d'intervenir de la part d'un état central sur l'économie, sa capacité de traitement des informations requise étant très inférieure à la Variété de l'économie. Par delà, il insiste donc tout naturellement sur la prudence et la modestie qui doit en découler de la part des élus, concepts hautement systémiques !
(11) Auto-organisation : Il n’est pas certain qu’Aristote ait réellement perçu les capacités d’auto-organisation des êtres. Il a plutôt semblé raisonner par un apport externe de cette capacité par un principe divin –sans tomber dans l’erreur de l’âme qui descend du monde des Idées de Platon- qui se déclinait ensuite selon la hiérarchie des êtres. Ce principe formant et informant la matière n’était pas autre chose que la Forme. L’éco-auto-ré-organisation d'E.Morin est par contre clairement dans le champ de la Systémique et du Constructivisme épistémologique. Pour Hayek, l'auto-organisation est un concept clé, les individus étant les mieux à même de savoir ce qu'ils souhaitent faire, mieux qu'un état central. On retrouve la « main invisible des marchés » de J. Smith, tant décriée et déformée, qui consiste simplement à constater que les acteurs d'un marché s'auto-organisent sans attendre qu'un pouvoir central le leur disent.
(12) Référentiel Absolu/Relatif : Aristote insistait en permanence sur l’équilibre délicat à respecter entre matière et forme, de manière à ne jamais tomber dans la priorité à la matière (matérialisme) ou la priorité à la Forme (platonisme/idéalisme), qui ne sont que les deux facettes de la même erreur, de la même philosophie, objet de cet essai. Dans sa sentence « chaque ordre inférieur est pour l’ordre supérieur une matière à laquelle celle-ci donne une forme » dans Métaphysiques, et comme on l’a vu pour la question des niveaux, Aristote avait parfaitement intégré les aspects muli-niveaux imbriqués, ainsi que les causes accidentelles versus substantielle, exigeant de basculer dans un référentiel relatif de pensée opposé à Platon et ses Idées Immuables, les Formes d’Aristote ne l’étant pas d’ailleurs. Pour Hayek, de même face à la complexité d'une économie, on perds tout référentiel unique et absolu, cher aux planistes scientistes, chaque acteur agissant en fonction des signaux qu'il reçoit (les prix par exemple) mais apprenant et anticipant également. Ce qui rends imprévisible toute prévision.
Benjamin de Mesnard
- pour Platon et Descartes, ce tableau a “ non ” partout.
- pour F. Hayek, ce tableau a "oui" partout, sauf pour Référentiel absolu.
(2) Environnement : Aristote avait bel et bien intégré le concept d’environnement car il avait bien vu qu’un être n’est pas isolé mais évolue dans un monde, lui-même peuplé d’autres êtres, ayant leurs propres forme/matière/substance. Il avait d’ailleurs développé la hiérarchisation des êtres, de même que la systémique a introduit la hiérarchisation des niveaux de systèmes.
(3)Formalisation/modèles : Le structuralisme utilise intensivement la formalisation et les modèles, cependant il n’utilise pas de modèles mathématiques alors que la Systémique n’hésite pas à y avoir recours massivement.
(4) Domaine de stabilité : Leibniz a mis l’accent par ses monades sur leur aspect fermé, (les “ volets clos ”) ce qui était pour lui le moyen d’éliminer la question de la réponse à l’environnement potentiellement déstabilisateur. Les monades sont ainsi naturellement stables puisque jamais perturbées. Mais ce que n’avait pas vu Leibniz, c’est qu’un système fermé est soumis à la deuxième loi de la thermodynamique et voit son entropie augmenter continûment vers un état tellement stable qu'il doit être qualifié de mort du système, loin de l’équilibre dynamique ponctué de la Systémique..
(5) Équifinalité : C’est l’un des plus grands débats et l’un des plus grandes différences entre Aristote et le structuralisme ou la Systémique. Aristote utilisait couramment l’idée de finalité des être, dans un sens qui a peut-être été mal interprété par ses successeurs, y compris ses plus fervents partisans. En effet ceux-ci étaient imprégnés de l’idée de Dieu (Saint-Thomas d’Aquin) et ont pris ce concept de la manière qui leur convenait le plus directement, c’est-à-dire la finalité au sens direct et brut du terme. Il n’est pas évident qu’Aristote ne l’ait pas utilisé plus subtilement, comme beaucoup d’autres concepts, que le temps, la différence de langue et de culture, nous rendent difficile à appréhender. Pour Hayek, on retrouve la Catallaxie, voir la note (8).
(6) Caractéristique organisation/structure : Aristote a utilisé la forme en concept de base de sa philosophie. Par contre l’utilisation qu’il en fait montre bien, comme dit dans la note (1) que, pour lui, un être présente des caractéristiques d’organisation et structure.
(7) Caractéristique organisation/structure : Leibniz a clairement décrit et a même insisté contre Descartes sur l’aspect organisé et structuré des agrégats de Monades. Pour lui, ces agrégats ne sont pas de simples tas –voir l’image du tas de sable plus haut-, car les Monades ne s’agrègent pas du simple fait du hasard, mais selon certaines affinités. Cependant Leibniz ne va pas plus loin dans sa cette description…
(8) Ergodicité et Régulation : Les monades de Leibniz ne sont pas en effet structurées (car atomique au sens de Démocrite), elles sont figées, ne peuvent évoluer, répondre aux changements de leur environnement tout en revenant à leur configuration, leur état initial. En effet, Leibniz n’a pas vu le concept de boucle rétroactive, de régulation, et donc d’ergodicité. C’est pourquoi leurs volets doivent être clos, incapable de supporter le moindre changement comme un château fort assiégé dont les occupants sont condamnés à mourir. Pour Hayek, c'est le concept de Catallaxie où le marché va spontanément arriver sur un certain état d'équilibre dynamique (voir "Équifinalité" également) via la poursuite des fins et objectifs individuels de chaque acteur du marché, au sein des échanges de biens et de services entre ces acteurs conformément à des règles juridiques communes concernant la propriété, les dommages et les contrats (état de droit).
(9) Niveaux - Strates : ce point a particulièrement été analysé par Aristote, qui a décrit des « niveaux » d’êtres possibles jusqu’au « moteur premier » ou « principe premier ». Ce point particulier a été longuement développé par Thomas d’Aquin comme preuve d’existence d’un Dieu unique. Par contre, il semble que Leibniz n’ait pas vu ces niveaux ou strates, envisageant seulement les Monades comme unités élémentaires (atomes) et elles seules.
(10) Variété : si Aristote n’a pas traité de la variété en tant que telle, il a par contre parfaitement analysé le fait qu’un être puisse prendre différents états “ sans cesser d’être lui-même ” dans une plage d’états possibles qui sont propres à son être même. C’est somme toues une assez bonne définition de la variété sans faire appel aux mathématiques. Pour Hayek, bien qu'il n'est jamais employé ce terme, la Variété requise est un concept central. Grâce à la parfaite compréhension de celui-ci, il insiste pour mettre en garde sur toute tentative d'intervenir de la part d'un état central sur l'économie, sa capacité de traitement des informations requise étant très inférieure à la Variété de l'économie. Par delà, il insiste donc tout naturellement sur la prudence et la modestie qui doit en découler de la part des élus, concepts hautement systémiques !
(11) Auto-organisation : Il n’est pas certain qu’Aristote ait réellement perçu les capacités d’auto-organisation des êtres. Il a plutôt semblé raisonner par un apport externe de cette capacité par un principe divin –sans tomber dans l’erreur de l’âme qui descend du monde des Idées de Platon- qui se déclinait ensuite selon la hiérarchie des êtres. Ce principe formant et informant la matière n’était pas autre chose que la Forme. L’éco-auto-ré-organisation d'E.Morin est par contre clairement dans le champ de la Systémique et du Constructivisme épistémologique. Pour Hayek, l'auto-organisation est un concept clé, les individus étant les mieux à même de savoir ce qu'ils souhaitent faire, mieux qu'un état central. On retrouve la « main invisible des marchés » de J. Smith, tant décriée et déformée, qui consiste simplement à constater que les acteurs d'un marché s'auto-organisent sans attendre qu'un pouvoir central le leur disent.
(12) Référentiel Absolu/Relatif : Aristote insistait en permanence sur l’équilibre délicat à respecter entre matière et forme, de manière à ne jamais tomber dans la priorité à la matière (matérialisme) ou la priorité à la Forme (platonisme/idéalisme), qui ne sont que les deux facettes de la même erreur, de la même philosophie, objet de cet essai. Dans sa sentence « chaque ordre inférieur est pour l’ordre supérieur une matière à laquelle celle-ci donne une forme » dans Métaphysiques, et comme on l’a vu pour la question des niveaux, Aristote avait parfaitement intégré les aspects muli-niveaux imbriqués, ainsi que les causes accidentelles versus substantielle, exigeant de basculer dans un référentiel relatif de pensée opposé à Platon et ses Idées Immuables, les Formes d’Aristote ne l’étant pas d’ailleurs. Pour Hayek, de même face à la complexité d'une économie, on perds tout référentiel unique et absolu, cher aux planistes scientistes, chaque acteur agissant en fonction des signaux qu'il reçoit (les prix par exemple) mais apprenant et anticipant également. Ce qui rends imprévisible toute prévision.
Benjamin de Mesnard
dimanche 9 novembre 2008
III) Théories alliées à la Systémique
III-1) Théories intégrées par, ou nécessaires à la Systémique :
III-1-1) Le Structuralisme
III-1-1) Le Structuralisme
Le Structuralisme est tellement proche de la Systémique que l’on peut dire qu’il n’est pas autre chose que son équivalant purement philosophique, a-mathématiques, et francophone. Il s’est développé en parallèle de la Systémique puis s’est fondu en lui. Les nouveaux paradigmes apparaissent en effet souvent en plusieurs endroits avant de donner lieu au nouveau courant, paradigme, unique.
Ses thèses seront à titre indicatif analysées dans le tableau comparatif chapitre (IV-7). Le structuralisme a été insuffisant dans ses analyses sur les phénomènes d’organisation, de dynamique - on a beaucoup reproché au structuralisme son côté statique -, de récursivité, et de coordination interne des systèmes. Ceci vient de son absence de mathématisation, ce qui n’a pas été le cas bien sûr de la Systémique qui a été abondamment mise en équations et utilisées dans des modèles mathématiques et simulations sur ordinateurs dans de multiples domaines scientifiques. Notamment un argument souvent utilisé contre le structuralisme a été qu’il n’expliquait pas l’évolution des formes ou structures, alors que Darwin avait proposé une réponse un siècle auparavant. Enfin, le Structuralisme, notamment avec Louis Althusser, est déterministe, les structures déterminant entièrement le futur des êtres ou des objets, impliquant une dépersonnalisation des êtres humains réduits à de simples éléments jouets des structures.
III-1-2) Théorème de Gödel :
Kurt Gödel a démontré dès les années 20 que l’arithmétique ne pouvait se définir par elle-même, c’est-à-dire s’auto-définir par ses seuls axiomes constitutifs. Plus exactement, l’arithmétique ne pouvait démontrer sa validité interne par ses seuls axiomes et théorèmes. En s’en tenant à ceux-ci, on tombe inévitablement sur des propositions indécidables ou contradictoires. Dit en termes imagés on arrive à la situation où A est défini par B qui est défini par C qui est défini par... A, boucle tautologique récursive qui n'explique rien. Cette démonstration constituait la fin du rêve de parvenir à UNE Mathématique Unique, édifice stable s’auto-expliquant et se suffisant à lui-même. Ce théorème, dont le côté négatif a surtout été commenté, doit être vu sous le côté positif. En effet, il est aussi la démonstration de l’existence en mathématiques de couches -ou niveaux- de mathématiques, chacun englobant celui de niveau immédiatement inférieur. Ainsi l’algèbre « explique » l’arithmétique, comme l’a démontré Gödel dans son théorème car il est nécessaire de faire appel à un jeu d’axiome plus « fort », ceux de l’algèbre, pour démontrer la cohérence interne de ceux de l’arithmétique. A son tour l’algèbre ne peut démontrer sa validité interne par ses seuls axiomes et théorèmes, il faudra la placer dans un système d’axiomes plus étendus, « forts » pour y parvenir. Plusieurs jeux d’axiomes sont d’ailleurs alors possibles, ouvrant la voie à de multiples niveaux supérieurs englobant l’algèbre. Ce phénomène a été étendu à la géométrie avec la géométrie euclidienne englobée dans la géométrie de Riemann où la somme des angles d’un triangle ne sera plus égale à 180°. On retombe donc bien dans les concepts de la Systémique qui a généralisé en dehors des mathématiques ces notions. Loin de faire écrouler les sciences, le théorème de Gödel a au contraire permis un saut qualitatif vers le haut, l’ouverture du nouveau paradigme dont la Systémique est le résultat plusieurs années plus tard. Il faut aussi citer Gödel contre le reproche fait au cercle vicieux apparaissant souvent dans les approches scientifiques : « Aucun tout ne peut contenir des éléments ne pouvant être définis que par des concepts contenus dans ce tout lui-même ». Ce que mettent à jour de possibles cercles vicieux, c’est le besoin d’avoir recours à un niveau supérieur plus fort pour résoudre le cercle vicieux. Avec A. Sokal, il est utile de préciser qu’il ne faut pas trop vite généraliser le théorème de Gödel, qui a été fait uniquement sur l’étude d’un système formel dans le domaine des mathématiques. Cependant, la mesure de la variété d’un système (voir plus haut II-4-1-e), montre que le terme souvent employé ici de « force » (au sens de Gödel) est pertinent. Il ne faut donc pas aller sur des considérations par trop philosophiques sur l’impossibilité de se connaître soi-même ou autres. Mais le fait est qu’un niveau supérieur chargé de fonctions de pilotage de niveaux inférieurs, nécessite bien une variété plus forte, et soit donc plus fort (possède des moyens plus forts) au sens de Gödel.
III-1-3) Thermodynamique et théorie de l’information de Shannon :
La théorie de la thermodynamique est essentielle dans ce débat car elle a apporté plusieurs éléments qui ont été constitutifs par la suite de la Systémique. Il suffit de se rapporter au paragraphe (II-5-3) où il est exposé qu’un système est avant tout une structure dissipative en équilibre dynamique instable loin de l’état d’équilibre statique. La Systémique s’inscrit en apparence contre la 2° loi de la thermodynamique, car l’entropie d’un système fermé doit nécessairement augmenter au cours du temps. Cette contradiction n’existe pas car l’entropie globale augmente bel et bien en remontant assez haut dans les niveaux d’emboîtements des systèmes étudiés jusqu’au système global (l'univers) qui est effectivement fermé. En somme :
- Il s'agit ici en général des systèmes dissipatifs et non seulement biologiques comme on pourrait le croire quelque fois.
- La 2° lois de la thermodynamique n'est vraie que sur un système fermé.
- Un système dissipatif est, par définition, un système ouvert, au sein d'un environnement avec lequel il échange de l'énergie/ matière/ information.
- L'émergence de formes nouvelles par auto-organisation (néguentropie) au sein de ce système dissipatifs s'inscrivent bien dans la 2° loi de la thermodynamique par augmentation de l'entropie globale de ce système dissipatif + son environnement.
Cette exception à la 2° loi de la thermodynamique n'est donc qu'apparente, c'est un ordre local qui apparaît au prix d'un désordre global (entropie) encore plus grand. On note d’ailleurs qu’un système dissipatif contribue activement à accélérer l’augmentation de l’entropie du système dans lequel il se trouve. Ainsi, un moteur à explosion va dégager la grande majorité de l’énergie consommée sous forme de chaleur perdue, les rendements thermodynamiques des systèmes ne dépassant jamais quelques pourcents.
La théorie de la thermodynamique est doublement essentielle car elle est aussi le support de la théorie de l’information. Cette théorie est reprise par la Systémique comme expliqué en (II-2-1). Il y est décrit qu’il existe plusieurs types de flux dans un système : les flux de matières, d’énergies, et d’informations, clef des effets de rétro-actions avec ou sans retard et des fonctions de pilotages.
SUITE du Blog : Théorie apparentées à la Systémique (Aristote)
Benjamin de Mesnard
Ses thèses seront à titre indicatif analysées dans le tableau comparatif chapitre (IV-7). Le structuralisme a été insuffisant dans ses analyses sur les phénomènes d’organisation, de dynamique - on a beaucoup reproché au structuralisme son côté statique -, de récursivité, et de coordination interne des systèmes. Ceci vient de son absence de mathématisation, ce qui n’a pas été le cas bien sûr de la Systémique qui a été abondamment mise en équations et utilisées dans des modèles mathématiques et simulations sur ordinateurs dans de multiples domaines scientifiques. Notamment un argument souvent utilisé contre le structuralisme a été qu’il n’expliquait pas l’évolution des formes ou structures, alors que Darwin avait proposé une réponse un siècle auparavant. Enfin, le Structuralisme, notamment avec Louis Althusser, est déterministe, les structures déterminant entièrement le futur des êtres ou des objets, impliquant une dépersonnalisation des êtres humains réduits à de simples éléments jouets des structures.
III-1-2) Théorème de Gödel :
Kurt Gödel a démontré dès les années 20 que l’arithmétique ne pouvait se définir par elle-même, c’est-à-dire s’auto-définir par ses seuls axiomes constitutifs. Plus exactement, l’arithmétique ne pouvait démontrer sa validité interne par ses seuls axiomes et théorèmes. En s’en tenant à ceux-ci, on tombe inévitablement sur des propositions indécidables ou contradictoires. Dit en termes imagés on arrive à la situation où A est défini par B qui est défini par C qui est défini par... A, boucle tautologique récursive qui n'explique rien. Cette démonstration constituait la fin du rêve de parvenir à UNE Mathématique Unique, édifice stable s’auto-expliquant et se suffisant à lui-même. Ce théorème, dont le côté négatif a surtout été commenté, doit être vu sous le côté positif. En effet, il est aussi la démonstration de l’existence en mathématiques de couches -ou niveaux- de mathématiques, chacun englobant celui de niveau immédiatement inférieur. Ainsi l’algèbre « explique » l’arithmétique, comme l’a démontré Gödel dans son théorème car il est nécessaire de faire appel à un jeu d’axiome plus « fort », ceux de l’algèbre, pour démontrer la cohérence interne de ceux de l’arithmétique. A son tour l’algèbre ne peut démontrer sa validité interne par ses seuls axiomes et théorèmes, il faudra la placer dans un système d’axiomes plus étendus, « forts » pour y parvenir. Plusieurs jeux d’axiomes sont d’ailleurs alors possibles, ouvrant la voie à de multiples niveaux supérieurs englobant l’algèbre. Ce phénomène a été étendu à la géométrie avec la géométrie euclidienne englobée dans la géométrie de Riemann où la somme des angles d’un triangle ne sera plus égale à 180°. On retombe donc bien dans les concepts de la Systémique qui a généralisé en dehors des mathématiques ces notions. Loin de faire écrouler les sciences, le théorème de Gödel a au contraire permis un saut qualitatif vers le haut, l’ouverture du nouveau paradigme dont la Systémique est le résultat plusieurs années plus tard. Il faut aussi citer Gödel contre le reproche fait au cercle vicieux apparaissant souvent dans les approches scientifiques : « Aucun tout ne peut contenir des éléments ne pouvant être définis que par des concepts contenus dans ce tout lui-même ». Ce que mettent à jour de possibles cercles vicieux, c’est le besoin d’avoir recours à un niveau supérieur plus fort pour résoudre le cercle vicieux. Avec A. Sokal, il est utile de préciser qu’il ne faut pas trop vite généraliser le théorème de Gödel, qui a été fait uniquement sur l’étude d’un système formel dans le domaine des mathématiques. Cependant, la mesure de la variété d’un système (voir plus haut II-4-1-e), montre que le terme souvent employé ici de « force » (au sens de Gödel) est pertinent. Il ne faut donc pas aller sur des considérations par trop philosophiques sur l’impossibilité de se connaître soi-même ou autres. Mais le fait est qu’un niveau supérieur chargé de fonctions de pilotage de niveaux inférieurs, nécessite bien une variété plus forte, et soit donc plus fort (possède des moyens plus forts) au sens de Gödel.
III-1-3) Thermodynamique et théorie de l’information de Shannon :
La théorie de la thermodynamique est essentielle dans ce débat car elle a apporté plusieurs éléments qui ont été constitutifs par la suite de la Systémique. Il suffit de se rapporter au paragraphe (II-5-3) où il est exposé qu’un système est avant tout une structure dissipative en équilibre dynamique instable loin de l’état d’équilibre statique. La Systémique s’inscrit en apparence contre la 2° loi de la thermodynamique, car l’entropie d’un système fermé doit nécessairement augmenter au cours du temps. Cette contradiction n’existe pas car l’entropie globale augmente bel et bien en remontant assez haut dans les niveaux d’emboîtements des systèmes étudiés jusqu’au système global (l'univers) qui est effectivement fermé. En somme :
- Il s'agit ici en général des systèmes dissipatifs et non seulement biologiques comme on pourrait le croire quelque fois.
- La 2° lois de la thermodynamique n'est vraie que sur un système fermé.
- Un système dissipatif est, par définition, un système ouvert, au sein d'un environnement avec lequel il échange de l'énergie/ matière/ information.
- L'émergence de formes nouvelles par auto-organisation (néguentropie) au sein de ce système dissipatifs s'inscrivent bien dans la 2° loi de la thermodynamique par augmentation de l'entropie globale de ce système dissipatif + son environnement.
Cette exception à la 2° loi de la thermodynamique n'est donc qu'apparente, c'est un ordre local qui apparaît au prix d'un désordre global (entropie) encore plus grand. On note d’ailleurs qu’un système dissipatif contribue activement à accélérer l’augmentation de l’entropie du système dans lequel il se trouve. Ainsi, un moteur à explosion va dégager la grande majorité de l’énergie consommée sous forme de chaleur perdue, les rendements thermodynamiques des systèmes ne dépassant jamais quelques pourcents.
La théorie de la thermodynamique est doublement essentielle car elle est aussi le support de la théorie de l’information. Cette théorie est reprise par la Systémique comme expliqué en (II-2-1). Il y est décrit qu’il existe plusieurs types de flux dans un système : les flux de matières, d’énergies, et d’informations, clef des effets de rétro-actions avec ou sans retard et des fonctions de pilotages.
SUITE du Blog : Théorie apparentées à la Systémique (Aristote)
Benjamin de Mesnard
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