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Systémique : Philosophie de la Liberté un lien d'Aristote à la Systémique, blog de Benjamin de Mesnard.
lundi 13 décembre 2021
VI) UNE NOUVELLE LIGNE DE FRACTURE APPARAÎT
samedi 6 avril 2019
IV) Théories opposées à la Systémique (IV-6 Marxisme)
IV-6-3) Glissements sémantiques répétés : D’autre part la « valeur d’échange » qu’il déclare vouloir étudier, semble au fil du texte être décrétée anecdotique, « forme phénoménale », et est mise aux oubliettes sans bruit via quelques glissements sémantiques…
Par exemple dans [Marx « Le Capital », T1, p 43] : « Si l 'on fait maintenant réellement abstraction de la valeur d'usage des produits du travail, on obtient leur valeur, telle qu'elle avait précisément été déterminée. ». Note : devant le lecteur peu attentif, il opère ici un 1° glissement sémantique de « valeur d’usage » vers « valeur » tout court. Il le fait maintes fois, comme dans l’extrait vu plus haut en (IV-6-1) T1 p 44 et cette « technique » se répète encore et encore dans tous ces écrits. Il continue, cette fois-ci avec la « valeur d’échange » : : « Ce qu'il y a donc de commun, qui s'expose dans le rapport d'échange ou dans la valeur d’échange de la marchandise, c'est sa valeur. ». Ibid p 43. Note : c’est le 2° glissement sémantique de « valeur ou rapport d’échange » vers « valeur » tout court, qui va permette l’élimination de la « valeur d’échange ».
Puis : « (…) Toute la suite de notre recherche nous ramènera à la valeur d'échange comme mode d'expression ou comme forme phénoménale nécessaire de la valeur, laquelle doit cependant être d'abord examinée indépendamment de cette forme. ». Ibid p 43. Dernière phase de l’élimination : la « valeur d’échange » devenant tout à coup un simple « forme phénoménale », il faut donc l’« examiner indépendamment de cette forme », elle est donc éliminée discrètement. Et dès la phrase suivante on repart ainsi sur : « Une valeur d'usage, une denrée, n'a donc une valeur que parce qu'en elle est objectivé ou matérialisé du travail humain abstrait. Comment alors mesurer la grandeur de sa valeur ? Par le quantum de "substance constitutive de valeur" qu'elle contient, par le quantum de travail. » etc. Tout au long du T1, Marx tente d’enterrer la « valeur d’ échange » qui ne convient pas à sa théorie. Cela le cas échéant au prix de phrases peu compréhensibles comme en p 217 : « Mais le travail passé que contient la force de travail et le travail vivant qu'elle peut fournir, autrement dit le coût journalier de son entretien et sa dépense journalière sont deux grandeurs tout à fait différentes. La première détermine sa valeur d'échange, l'autre constitue sa valeur d 'usage. (…) Quant au vendeur de la force de travail, comme le vendeur de n'importe quelle autre marchandise, il réalise effectivement sa valeur d'échange et aliène sa valeur d'usage. » où il en profite pour glisser à nouveau le mot clé « aliénation »… Avec un large recours aux « valeur » tout court, le but est de mettre dans la tête du lecteur que « valeur d’échange » = « valeur d’usage » = « valeur » tout court = « nombre de jours de travail de l’ouvrier moyen» , comme seule valeur existante. Cela est effet vital car tout le Marxisme repose sur cela, c’est le seul moyen pour parvenir à « démontrer » l’exploitation de l’ouvrier par le capitaliste via la notion de « surproduit » par du « surtravail » (autre glissement sémantique) puisque la seule « valeur » c’est le nombre d’heures de travail de l’ouvrier moyen.
Pour Marx la journée de travail d’un ouvrier se décompose en deux parties : la première permet juste la production nécessaire pour payer un salaire de survie à l’ouvrier. La seconde donne un « surproduit » générant une « survaleur » qui constituera le profit allant dans la poche du capitaliste, via un « surtravail » « extorqué » à l’ouvrier. Ex : « La seconde période du procès de travail, pendant laquelle l'ouvrier trime au-delà des limites du travail nécessaire, lui coûte certes du travail, une dépense de force de travail, mais ne constitue pas de valeur pour lui. Elle forme une survaleur qui sourit au capitaliste de tous les charmes d'une création ex nihilo. Cette partie de la journée de travail, je l'appelle temps de travail en surplus, et le travail dépensé pendant ce temps, surtravail (surplus labour). Autant il est décisif pour la connaissance de la valeur en général de la saisir comme pure coagulation de temps de travail, comme pur travail objectivé, autant il est décisif de saisir la survaleur comme pure coagulation de temps de travail en surplus, comme pur surtravail objectivé. Seule la forme sous laquelle ce surtravail est extorqué au producteur immédiat, l'ouvrier, distingue les formations sociales économiques, par exemple la société esclavagiste de celle du travail salarié. ». [Marx « Le Capital », T1, p 242]. Note : Marx en profite pour glisser le terme « esclavagiste » en parlant du capitaliste… On arrive alors au supposé mal majeur du capitalisme à travers l’une de ses « contradictions » : la surproduction d’un côté et une sous-consommation de l’autre, les ouvriers étant tout juste maintenus en régime de survie. C’est l’une des contradictions principales du capitalisme selon Marx, alors même que l’histoire a montré que la supposée « surproduction » n’existe pas à moyen terme car – précisément – l’ouvrier s’est mis à son tour à consommer au cours d’une augmentation générale du niveau de vie. S’il y a surproduction (et donc insuffisance de la demande pour ces produits là, ou à l’inverse, excès de demande), elle ne peut être que temporaire, le système se rééquilibrant via un processus d’équilibre dynamique ponctué d’éco-auto-ré-organisation ! Ce qui est vue comme mauvais, exploitation, surtravail extorqué et surproduction par Marx est en réalité le moyen le plus sûr d’élever le niveau de vie de la population en produisant progressivement plus de biens et de services qui seront consommés via un rebouclage rétroactif typiquement Systémique. Mais cela Marx, en tant que scientiste positiviste, n’en n’a visiblement pas conscience.
IV-6-4) De même il y a confusion entre prix et « valeur d’échange » : Le prix, c’est le point de rencontre possible (mais non obligatoire !) à un certain moment entre l’acheteur et le vendeur entrés en relation. C’est le prix sur lequel il vont tomber librement d’accord (ou non, et dans ce cas l’échange ne se fait pas) pour procéder librement à l’échange. Cet accord sur un prix se déroule dans un environnement limité, depuis des horizons de connaissances, des points de vues différents et limités du vendeur et de l’acheteur. Ils agissent avec une information et une rationalité limitées, c’est la Rationalité limitée comme vu avec H. Simon, voir (II-5-5-e). De plus, comme souligné par K. Popper et F. Hayek simultanément, et avec les travaux sur la Théorie des Jeux de J. Von Neumann , O. Morgenstern et J. Nash, il faut tenir compte du jeux des acteurs économiques entre eux, adaptant en permanence leurs actions et choix en fonction de ce qu’ils croient savoir de ceux des autres. Cela donne lieu à une Dialogique continue entre les acteurs économiques, une coopétition, mélange de compétition et de coopération et non une Dialectique se résumant à des guerres ou luttes permanentes, voir (V-16). Tout cela est totalement inconnu du Marxisme.
Par ailleurs les prix affichés par les vendeurs, constituent un flux d’information au sien du Système économique. Au même titre que les autres types de flux de matières, énergies, etc. Marx confond « valeur d’échange » et prix : « On dit : ce stylo vaut Fr 10 parce que c'est le prix affiché, et nous confondons dans notre langage courant le prix et la valeur. Mais si j'ai acheté ce stylo, c'est bien parce que pour moi, ce stylo vaut plus que Fr 10. Si pour moi, avoir Fr 10 ou avoir ce stylo, c'était exactement la même chose, alors je n'aurais pas pris la peine de l'acheter. Inversement, pour le marchand, le stylo vaut moins que mes Fr 10, sinon il ne le mettrait pas en vente, ou pas à ce prix là. S'il vend le stylo, c'est parce qu'il pense pouvoir faire plus de choses avec mes Fr 10 qu'avec ce stylo sur son rayon. » [MICHEL, Henry, « Peux-t-on faire des Affaires sans se salir des Mains ? », Conférence donnée à Genève, le 2/11/1993, p 7]. On note également dans cette citation que l’échange est inégal est que cela est nécessaire. Les Marxistes soutiennent qu’avec le système capitaliste, le fait que les échanges soient inégaux est scandaleux, preuve que ce système est vicieux car les échanges ne peuvent se faire selon eux qu’à la « valeur d’usage » égales. Mais comme le dit encore Henry Michel : « Donc quand j'ai acheté le stylo, nous avons gagné tous les deux et nous avons gagné parce que les termes de l'échange étaient inégaux. C'est cela, la réalité, pourtant elle n'est pas reflétée dans la comptabilité. » [Ibid p 7]. C’est parce que l’échange est inégal, que chacun y gagne, sinon il n’y aurait pas eu cet échange, puisque - contrairement aux services étatiques en vente forcée via l’impôt- l’acheteur était libre d’acheter ou non ce stylo au prix de Fr. 10. Pourquoi pour Marx un échange doit-il être nécessairement égal ? A cause de la « valeur » ramenée au nombre d’heure de travail d’un ouvrier moyen. Si lors d’un échange l’acheteur paye 110 alors que la « valeur » marxiste est de 100, c’est qu’il y a vol, « survaleur », surexploitation par le capitaliste qui écrase le prolétariat, non seulement via du « surtravail », mais également en essayant de vendre 110 ce qui a une « valeur d’usage » Marxiste de 100…
IV-6-5 ) A travers cette analyse, on comprend pourquoi Marx est à l’opposé de la Systémique, d’une manière que l’on pourrait presque qualifier de caricaturale :
a) Matérialisme :
b) Démarche de pseudo-science non scientifique :
- revendication répétée d’être scientifique, mais une chose fausse ne devient pas vraie parce que martelée encore et encore,
- recours à la pseudo logique qu’est la Dialectique comme vu en (IV-5),
- recours à des pseudo formules mathématiques telles que M-A-M’-A’ où A’=A+∆A, ou bien M’-A’=(M+m)-(A+a) dans « Le Capital » avec des exemples numériques repris des dizaines de fois, toujours selon le système de la répétition.
Tout cela ne fait pas une théorie scientifique, voir K. Popper (III-2-8), ainsi on ne voit pas comment le Marxisme peut se prêter à des tests, des expérimentations, afin d’être éventuellement réfuté le cas échéant : il est irréfutable comme l’est l’astrologie. D’ailleurs, l’histoire qui a suivi, a démontré mainte fois l’échec du Marxisme, sans que cela affecte ses fidèles dans leur foi, à la manière d’une religion...
c) Recours à un réductionnisme outrancier comme « l’ouvrier moyen », en faisant également la moyenne des machines de production (ignorant ainsi leurs diversités, leurs modernisations et les augmentations de productivité en découlant) et la moyenne des marchandisent produites afin de gommer leurs différences, leurs complexités, avec des machines plus ou moins automatisées et des marchandises (ou des services !) très variés. Il prends donc en considération une entreprise type moyenne simplifiée, caricaturale typiquement cartésienne. C’est en quelque sorte une entreprise rêvée ayant 1 machine, 1 ouvrier et 1 marchandise produite avec 1 valeur et 1 prix… et 1 capitaliste bien entendu. Cela lui permet « d’éjecter » de son analyse toute la diversité et la complexité des actions et interactions individuelles, des innovations, de la diversités des modes de productions, des marchandises ou services produits et des compétences très variées requises. Ainsi dans son modèle cartésien ultra simplifié, les ouvriers, techniciens, ingénieurs, managers, gestionnaires, commerciaux etc. d’une entreprise sont réduits à être des robots moyens uniformisés tout juste capable de faire un travail simple. C’est l’hypostase de « l’Ouvrier » noté « T », du « Capital » noté « C », de la « Marchandise » notée « M » dans ses « équations » pseudo mathématiques : « on donne des majuscules à des mots vides de signification » comme le disait Simone Weil en 1937 [WEIL, Simone, Œuvres, Ed. Quarto Gallimard, p 473]. C’est la négation des êtres humains avec tous leurs talents et diversités comme l’explique Marx lui-même : « Pour bien comprendre comment la valeur d'échange est déterminée par le temps de travail, il importe de ne pas perdre de vue les idées essentielles suivantes. La réduction du travail à du travail simple, pour ainsi dire dénué de qualité ; (…). Pour mesurer les valeurs d'échange des marchandises au temps de travail qu'elles contiennent, il faut que les différents travaux eux-mêmes soient réduits à un travail non différencié, uniforme, simple, bref à un travail qui soit qualitativement le même et ne se différencie donc que quantitativement. Cette réduction apparaît comme une abstraction, mais c'est une abstraction qui s'accomplit journellement dans le procès de production social. (...) En fait, le travail, qui est ainsi mesuré par le temps, n'apparaît pas comme le travail d'individus différents, mais les différents individus qui travaillent apparaissent bien plutôt comme de simples organes du travail. Autrement dit, le travail, tel qu'il se présente dans les valeurs d'échange, pourrait être qualifié de travail humain général. Cette abstraction du travail humain général existe dans le travail moyen que peut accomplir tout individu moyen d'une société donnée, c'est une dépense productive déterminée de muscle, de nerf, de cerveau, etc., humains. C'est du travail simple, auquel peut être dressé tout individu moyen, et qu'il lui faut accomplir sous une forme ou sous une autre. » [Marx, « Contribution... », Chap 1, p 19]. En passant, on note ici que subrepticement Marx mélange à nouveau « valeur d’échange » et « valeur d’usage » : il affirme que c’est la « valeur d’échange » (et non plus seulement la « valeur d’usage ») qui est « déterminée par le temps de travail » de l’ouvrier moyen ! Par ailleurs, on aura bien compris que Marx considère les divers salariés d’une entreprise comme de « simples organes de travail » tout juste capables de faire « du travail simple auquel peut être dressé tout individu moyen »... car cette réduction des salariés au niveau de « simples organes de travail » d’ouvriers moyens est nécessaire à sa théorie. De ce « modèle » il en tirera des centaines de pages d’analyses de tous ordres, de grandes généralisations notamment sur le destin historiciste lyrique de la Classe ouvrière. On est vraiment loin de la phronésis / prudence d’Aristote et J.B. Vico concernant les conclusions à tirer des modèles -surtout poussé à ce degré de simplification- , et également loin de la « carte n’est pas le territoire » de A. Korzybski : le modèle ultra simplifié de Marx est pris comme réalité alors qu’il ne corresponds aucunement au monde réel.
d) Théories / modèles irréfutables et donc non-scientifiques, voir (III-2-8) :
e) Méconnaissance des boucles rétroactives des équilibres dynamiques ponctués (homéostasie) de la Systémique :
• Avec sa théorie de la valeur, Marx ignore la moitié des circuits du système économique. Pour lui il n’y a qu’à produire une marchandise, qui a automatiquement comme valeur la « valeur d’usage » égale au coût du salaire de l’ouvrier, nécessairement égale à la « valeur d’échange », impérativement égale au prix de mise en vente (sinon le capitaliste est un voleur en plus d’un exploiteur comme vu plus haut en (IV-6-4) . A partir de là, cette marchandise trouvera son client à ce prix là tout aussi automatiquement ! Tout le côté consommateurs et consommation est totalement ignoré, les « lois » de l’offre et de la demande n’existent pas, pas besoin de commerciaux ou de vendeurs et encore moins de marketing opérationnel ni d’associations de consommateurs. On comprend alors pourquoi les industries communistes ont toujours été en retard technique, non innovantes, produisant trop ou trop peu des marchandises ne répondant pas aux besoins de la population, avec des Trabants au lieu des voitures fiables, variées et confortables des pays « capitalistes »…
• De plus, avec sa théorie de la surproduction permanente s’amplifiant fatalement comme vu en (IV-8-3), il ignore l’adaptation en équilibre dynamique ponctuée (l’homéostasie) des acteurs, l’éco-auto-ré-organisation, systémique. Pour lui, il n’y aura jamais aucun rééquilibrage Systémique possible de cette surproduction par un développement de la demande par exemple.
• De même, il affirme que le maintien des salaires des ouvriers juste au niveau de la survie génère un surplus permanent de main-d’œuvre, d’ouvrier sans travail ce qui renforce les salaires au niveau de survie. Or, il faut tenir compte des effets de rebouclages systémiques. Les employeurs ont donc à leur disposition une masse d’ouvriers à bas coûts dans un monde où seul compte le fait de produire, puisque les marchandises produites trouvent automatiquement acquéreur au prix de la « valeur d’usage » de Marx, valeur indépendante de l’offre et de la demande. Ils n’ont donc aucune raison de ne pas embaucher massivement cette masse d’ouvriers pas chers et disponibles immédiatement pour augmenter leur production et leurs profits, jusqu’à la réduction à zéro du chômage. Cette disparition du chômage, selon la « loi » de l’offre et de la demande (typiquement Systémique) qu’ignore Marx, va alors créer des tensions sur les salaires, les capitalistes entrants en compétition entre eux pour débaucher avec de meilleurs salaires les meilleurs ouvriers chez leurs concurrents… Et donc le revenu des ouvriers va augmenter et leur niveau de vie avec, phénomène effectivement observé au cours de l’histoire. Mais encore faut-il imaginer des ouvriers autres que « l’ouvrier moyen », « simples organes de travail » tout juste capable de faire « du travail simple auquel peut être dressé tout individu moyen » ! C’est ce que remarque K. Popper : « Or, Marx n’indique pas pour quelle raison la main-d’œuvre disponible continuerait à dépasser la demande. Car, si l’exploitation des travailleurs procure un si grand profit, pourquoi les capitalistes ne cherchent-ils pas à employer un nombre toujours plus grand d’ouvriers ? La concurrence entre employeurs ferait alors monter les salaires et l’exploitation se réduirait et disparaîtrait. » [POPPER, Karl, « La Société Ouverte… » T2, p 117].
• Enfin, même chose avec la baisse tendancielle du taux de profit des capitaliste soutenue par Marx. « Le capital d’un industriel se divise en deux parts : l’une qui sert aux investissements (en terrain, outillages, matières premières, etc.), et l’autre au paiement des salaires. Marx appelle la première « capital constant », la seconde « capital variable ». Ces termes me paraissant un peu imprécis, je les remplacerai par « capital immobilisé » et « capital-salaires ». Selon Marx, le capitaliste ne peut tirer profit que de l’exploitation des ouvriers, c’est à dire de l’emploi du « capital-salaires », le « capital immobilisé » étant, en quelque sorte, un poids mort que la concurrence et la tendance générale à l’augmentation de la production l’obligent à croître sans cesse. Son importance par rapport au « capital-salaires » grandissant, le taux de profit du capital total doit nécessairement diminuer. » [POPPER, Karl, « La Société Ouverte… » T2, p 122]. Or, dans le monde réel, le « capital immobilisé » est productif, comme le montre les usines modernes sans ouvriers et peuplées de robots. Ce « capital immobilisé » est de plus en plus productif d’ailleurs grâce aux innovations, à la recherche et au progrès techniques, (eux-même issus d’une autre boucle de rétroaction positive systémique, les innovations appelant les innovations)... totalement ignoré par Marx. Ici également, après avoir ignoré la moitié du système économique avec le marché, la demande, voilà qu’il ignore maintenant la productivité du sous-système constitué par le « capital immobilisé » !
f) Non prise en compte des facteurs de risques pris par les capitalistes et de la sélection naturelle qui en découle sur les entreprises : Comme on la vu en (III-2-6) avec Darwin, la sélection naturelle est un concept inhérent à la Systémique. Or Marx grâce on sa « valeur d’usage » = « valeur d’échange » = prix = « nombre d’heure de travail d’un ouvrier moyen » aboutissant à des produits ayant une valeur prédéterminées, et trouvant acheteurs automatiquement à cette valeur, tous facteurs de risques pris par le capitaliste sont purement et simplement niés. En somme avec Marx, le capitaliste est un profiteur jouant et gagnant à coup sûr sur le dos des ouvriers. Toutes les idées, l’argent investit (peut-être bien en pure perte), les innovations, les concurrents, le travail pour trouver de nouveaux débouchés et les risques de ruines pris par l’entrepreneur sont ignorés. Ainsi il est facile à Marx de transformer l’entrepreneur et ses investisseurs en capitalistes profiteurs surexploitant sans risques ni justification les ouvriers… pourtant jugés par Marx lui-même comme n’étant que de « simples organes du travail » !
g) Le Marxisme est un oxymore qui se veut une science et une philosophie :
IV-6-6) Pour terminer, quelques citations du « Manifeste du Parti Communiste » :
a) P 55 : « L’abolition de la famille ! Même les plus radicaux s’indignent de cet infâme dessein des communistes.
Sur quelle base repose la famille bourgeoise d’à présent ? Sur le capital, le profit individuel. La famille, dans sa plénitude, n’existe que pour la bourgeoisie ; mais elle a pour corollaire la suppression forcée de toute famille pour le prolétaire et la prostitution publique. La famille bourgeoise s’évanouit naturellement avec l’évanouissement de son corollaire, et l’une et l’autre disparaissent avec la disparition du capital. ».
Note : Et les enfants seront embrigadés aux jeunesses communistes, et priés de dénoncer leurs parents le cas échéant… Tout comme cela était le cas chez les Nazis.
b) p 56 : « Mais la bourgeoisie tout entière de s’écrier en chœur : Vous autres, communistes, vous voulez introduire la communauté des femmes ! (…) Les communistes n’ont pas besoin d’introduire la communauté des femmes ; elle a presque toujours existé. (…) Le mariage bourgeois est, en réalité, la communauté des femmes mariées. Tout au plus pourrait-on accuser les communistes de vouloir mettre à la place d’une communauté des femmes hypocritement dissimulée une communauté franche et officielle. ».
Note : La communauté des femmes (réduites à l’état d’objets) est prévue, mais pas celle des hommes...
Misère de la philosophie qui annonce les totalitarismes à venir...
SUITE du blog : IV-7) Comparaison entre Aristote, Leibniz, Structuralisme, Matérialisme Dialectique, Systémique plus Platon, Descartes et Hayek
Benjamin de Mesnard
dimanche 11 octobre 2009
V-3) Rationalisme versus Empirisme
Le Rationalisme attaque des différents problèmes auxquels sont confrontés les scientifiques “ par le haut ” tandis que les Empiristes le font “ par le bas ”. Karl Popper est le dernier philosophe à avoir pris une position tranchée sur ce débat par le concept du néo-positivisme logique. Le Rationaliste pense donc avoir besoin en premier lieu d’une théorie, qu’il essaiera de tester par des expériences qui devront corroborer ou infirmer celle-ci. Sur la base des infirmations de sa théorie, il devra modifier ou abandonner celle-ci. Il est donc dirigé par la Raison. L’Empiriste, lui, prétend ne pas avoir de théorie, être sans préjugés, et mener des expériences au hasard, et construire des suites de raisonnements à posteriori en tenant compte des résultats observés. K. Popper se demandait alors très justement pourquoi faire alors telle ou telle expérience plutôt qu’une autre, sinon à avoir une idée derrière la tête et donc une théorie au moins implicite. L’apport important de l’Empirisme a été de souligner l’importance des expériences dans la démarche scientifique, en opposition à un rationalisme pur consistant à raisonner en chambre et conclure des résultats, inventer des théories sans jamais les tester sur le monde « réel » (comme le fait le matérialisme dialectique du Marxisme). La Renaissance à cet égard s’est opposé au Moyen-âge, où, par déformation et caricature des philosophes grecs, dits scolastiques, certaines universités donnaient le prima aux discussions sans fin, aux débats, en s’éloignant de plus en plus de la réalité, y compris quelque fois de la réalité la plus commune et quotidienne. On voit bien cependant que Rationalisme et Empirisme ne sont en fait que les deux faces d’une même position qui ne veut voir à chaque fois qu’un seul aspect des choses. Elles se rejoignent sur le fait qu’elles sont toutes deux une manifestation de l’approche parcellaire/disjointe/découpée de la réalité, où l’on tente à tout prix de simplifier les choses, typique d’une approche plato-cartésienne.
Par ailleurs il est intéressant de noter que G. Bachelard souligne une autre opposition, celle existante cette fois-ci entre rationalisme et réalisme. Ainsi il alerte sur le danger du réalisme qui est trop proche des vues intuitives et de l’évidence (à laquelle Descartes attache tant d’importance). Le réalisme, c’est l’état premier d’une science archaïque, primitive et balbutiante. Il est en cela en fait un obstacle épistémologique que doit surmonter les scientifiques : « Même dans une pratique engagée entièrement derrière une théorie, il se manifeste des retours vers des conduites réalistes. Ces conduites réalistes se réinstallent parce que le théoricien rationaliste a besoin d’être compris de simples expérimentateurs, parce qu’il veut parler plus vite […], parce que, dans le commun de la vie, il est effectivement réaliste. De sorte que les valeurs rationnelles sont tardives, éphémères, rares […]. Dans le règne de l’esprit aussi, la mauvaise monnaie chasse la bonne, le réalisme chasse le rationalisme. » [BACHELARD G., La Philosophie du non, Paris, PUF, 1940, p. 27].
SUITE du Blog : V-4) Essentialisme versus Substantialisme
Benjamin de Mesnard
dimanche 20 septembre 2009
V-2) Nominalisme versus Réalisme (ou Idéalisme)
On retrouve fort bien dans cette image la problématique des niveaux du réel. Niveaux plus ou moins définis par le chercheur, un niveau étant arbitrairement choisi comme niveau d’étude et de référence, souvent d’ailleurs via une prise de conscience insuffisante de ce choix. A nouveau dans ces différents niveaux, tel par exemple les 3 mondes de K. Popper, il faut bien garder à l'esprit que le 3° monde de K. Popper (voir II-5-5), celui les productions de l’esprit humain vraies ou fausses, n'est plus un niveau constitué d'objets réels contrairement aux deux premiers. Il n'est donc en rien comparable à ceux-ci, ne peut obéir aux mêmes lois, car il n'est que conceptuel. C'est bien la thèse défendue par A. Korzybsky, incitant à la prudence vichienne, malheureusement oubliée par les tenants de l'idéalisme, ou du matérialisme dialectique.
Apport de la Systémique : la Systémique bouscule et réunis à la fois les deux positions du nominalisme et du réalisme. Comme entre l’Idéalisme et le Matérialisme, la Systémique va consciemment, délibérément et tentant d’en mesurer les risques, choisir un niveau du réel pour y découper un certain sous-système, objet de son étude. Ce découpage peut être vu -pour paraphraser Saint Thomas d’Aquin- comme un scandale ontologique, car contre nature. Par définition en effet, ce (sous-)système découpé ne sera pas indépendant du reste, et ne peut pas être envisagé comme pouvant vivre/évoluer seul. Par ailleurs le choix du niveau de réalité se fait lui aussi délibérément. Plus le niveau de réalité choisi s’éloigne du niveau immédiat macroscopique humain (le mètre, la lumière visible,…) plus ce niveau sera difficile à aborder. La Systémique tient compte de l’existence des autres niveaux, englobés et englobants, même s’ils sont plus ou moins connus. Les autres systèmes seront vus comme l’environnement du système découpé. Cette opération de découpage est bien sûr une phase très importante car elle nécessite de définir les frontières (artificielles) ainsi « créées », et les entrées et sorties à ces frontières. Certains comportements, lois, etc. du système (sous-système découpé) pourront être alors définis soit comme venant directement du niveau inférieur, soit comme phénomène émergeant propre au niveau étudié. Par exemple, en physique le niveau macroscopique voit disparaître les lois quantiques pour voir émerger les lois de classiques relativistes à l’échelle du niveau quotidien. A plus grande échelle (ou vitesses supérieures dites « relativistes »…) on voit émerger les lois de la relativité d’Einstein. Ceci explique que certains concepts aristotéliciens d’Acte et de Puissance peuvent être –délibérément mais une fois encore, consciemment et prudemment - réutilisés par la Systémique. En effet une loi ou un phénomène émergeant au niveau étudié, pourra être volontairement « simplifié » par le chercheur en utilisant ces outils conceptuels venant d’Aristote. La « vertu allergisante » du pollen fonctionne et suffit à un certain niveau de traitement pour le médecin généraliste qui n’a pas besoin de plus pour traiter son malade ; ayant appris en école de médecine par ailleurs la « vertu antiallergique » de tel ou tel médicament pour combattre cette allergie. Il appartiendra par contre aux chercheurs des laboratoires pharmaceutiques de disséquer les mécanismes (typiquement systémiques et complexes d’ailleurs !) des allergies pour aller plus au fond des problèmes afin de trouver de nouveaux médicaments.
L’apport de la Systémique est donc d’utiliser un certain nombre d’outils conceptuels en tout état de cause, et en connaissant les limites, et sans rentrer à nouveau dans les débats connus. Il ne s’agit plus ni d’être Nominaliste, ni Réaliste ou Idéaliste, mais d’utiliser les outils conceptuels des deux à bon escient, au bon moment avec pragmatisme, et prudence vichienne… tout en étant conscient que nous sommes nous-mêmes pétris d'à priori, d’idéologies, et de cultures… et qu’il est donc impossible de faire « tabula rasa ».
SUITE du Blog : V-3) Rationalisme versus Empirisme
Benjamin de Mesnard
mardi 31 mars 2009
III) Théories alliées à la Systémique (K. Popper et les « sciences » sociales)
Karl Popper a déjà été étudié au (III-2-8), mais après avoir vu F. Hayek il est nécessaire de revenir à Karl Popper cette fois-ci en tant qu'épistémologue des sciences sociales et économiste, notamment avec ses ouvrages « La Société Ouverte et ses Ennemis » T1 et 2, et « Misère de l’Historicisme ». Ce retour doit se faire en établissement le lien avec ses travaux d’épistémologues et avec ceux de F. Hayek, car comme on va le voir ceux-ci forment un tout logique.
Épistémologie Systémique Constructivisme
dimanche 8 mars 2009
III) Théories alliées à la Systémique (Kuhn, Korzybsky et Gestalt)
III-2-11) Alfred Korzybsky et la Sémantique Générale
Pour A. Korzybsky, il faut retenir trois préceptes de base si l’on veut garder un esprit sain face au monde au réel tel qu’il est. Ceux-ci peuvent être donnés par analogie avec la relation entre une carte et le territoire :
1. Une carte n'est pas le territoire.
2. Une carte ne représente pas tout le territoire.
3. Une carte est auto-réflexive en ce sens qu'une carte "idéale" devrait inclure une carte de la carte, etc., indéfiniment.
Appliqué à la vie courante et au langage, cela donne :
1. Un mot n'est pas ce qu'il représente.
2. Un mot ne représente pas tous les "faits", etc.
3. Le langage est auto-réflexif en ce sens que nous pouvons l'utiliser pour parler à propos du langage (concept typiquement Systémique et Constructiviste, repris notamment par E. Morin).
On retrouve bien là un certain nombre de concepts systémiques tels que les niveaux, la réflexivité et l’auto-réflexivité, la nécessité des démarches d’abstraction conscientes, la modélisation (la carte), ou les boucles de rétroactions. Comme la Systémique, elle peut être vue comme une méthode de travail utilisable dans tous les travaux scientifiques (ou non), comme une méta-méthode. Elle s’oppose clairement à Descartes, autre inventeur d’une méta-méthode, car A. Korzybsky insiste souvent et clairement sur le fait que l’on ne peut se contenter de séparer le réel en petites pièces facilement analysables pour tout connaître, mais qu’il faut tenir compte du fait que le tout est supérieur aux parties : « le système nerveux humain comme-un-tout », concept typiquement aristotélicien ! Notamment pour lui, la formulation d'un système général, fondée sur les méthodes physico-mathématiques d'ordre, de relation, etc., permet d’édifier un système qui rendrait possible des évaluations appropriées et, par conséquent, une meilleur prédictibilité du réel.
Enfin A. Korzybsky doit absolument être rapproché de T. Kuhn car il est clair qu’une nouvelle théorie scientifique qui réussit à s’imposer en devenant un paradigme, finira par devenir le monde réel aux yeux des scientifiques, et au-delà. Ainsi le paradigme se met à échapper au premier précepte sanitaire d’A. Korzybsky : « une carte n'est pas le territoire », ou si l’on préfère le paradigme n’est pas la réalité ! A titre d’exemple, le paradigme cartésien fait croire à la plupart des gens -bien au-delà des seuls scientifiques- que le monde réel pourra bel et bien être découpé en petites parties sans problème. Ou bien, le paradigme newtonien fera croire au public qu’une loi locale demeurera vraie à grande échelle sans aucune remise en cause, approche clairement non-systémique par ignorance notamment du concept d’émergence.
III-2-12) Gestaltisme (ou théorie de la forme “Gestalt-théorie”)
- lois d’homogénéité de l’objet, de proximité ou de similitude, dont les variations peuvent renforcer ou amoindrir la portée du stimulus et de ses effets. Constance de la forme qui est résistante à son changement, par un effet de mémoire de la forme réelle sur celle qui est perçue
- lois de la relation figure-fond, prégnance de la « bonne forme », forme privilégiée, régulière ou symétrique. Cette théorie suppose les mécanismes d’individualisation des objets dans un champ, de leur action réciproque et des interactions entre les deux, des rapports entre la réponse perceptive et la stimulation. Elle s’est étendue à de nombreux domaines psychologiques et à la médecine. Le Gestaltisme est lié au Connexionnisme au sens où l’ayant précédé, il n’a pu utiliser la puissance de l’électronique moderne qui a permis de vérifier où d’infirmer beaucoup de thèses du Gestaltisme. Par exemple celui-ci prédisait un mode d’analyse/perception d’images qui a pu être vérifié (simulé) avec certains réseaux de neurones artificiels beaucoup plus tard. Dans la pratique aujourd’hui, cette théorie se retrouve dans les algorithmes de reconnaissance de formes, de visages (biométrique), de configurations de courbes pathologiques par exemple en cardiologie, etc...