Revue des divers concepts étudiés plus haut :
Concepts de Base |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
Totalité-Globalité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Interactions Interrelations |
Non
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Interactions non linéaires |
Non
|
Non
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Organisation vs Structure |
Non (1)
Non
|
Oui
Non
|
Non
Oui
|
Non
Oui
|
Oui
Oui
|
Environnement |
Oui (2)
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Complexité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Récursivité |
Non
|
Non
|
Non
|
Oui ?
|
Oui
|
Formalisation/ modèles |
Non
|
Oui
|
Oui (3)
|
Non
|
Oui
|
Caractéristiques
Stationnarité |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
État d'équilibre Homéostasie |
Non
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Domaine de Stabilité |
Non
|
Oui
(4)
|
Oui (Mais non mathématique)
|
Non
|
Oui
|
Ergodicité |
Non
|
Non (8)
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Régulation |
Non
|
Oui
(8)
|
Oui
|
Oui ?
|
Oui
|
Équifinalité |
Oui et Non (5)
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Organisation |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
Structure |
Oui (6)
|
Oui (7)
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Niveaux-Strates |
Oui (9)
|
Non ?
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
|
Oui
|
Non ?
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Variété |
Oui (10)
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Propriétés |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
Émergence |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Intentionnalité/
Finalité |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Auto-Organisation (11) |
Oui
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Référentiel |
Aristote
|
Leibniz
|
Structuralisme
|
Matérialisme Dialectique
|
Systémique
|
Absolu (12) |
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Relatif |
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Remarques :
(2) Environnement : Aristote avait bel et bien intégré le concept d’environnement car il avait bien vu qu’un être n’est pas isolé mais évolue dans un monde, lui-même peuplé d’autres êtres, ayant leurs propres forme/matière/substance. Il avait d’ailleurs développé la hiérarchisation des êtres, de même que la systémique a introduit la hiérarchisation des niveaux de systèmes.
(3)Formalisation/modèles : Le structuralisme utilise intensivement la formalisation et les modèles, cependant il n’utilise pas de modèles mathématiques alors que la Systémique n’hésite pas à y avoir recours massivement.
(4) Domaine de stabilité : Leibniz a mis l’accent par ses monades sur leur aspect fermé, (les “ volets clos ”) ce qui était pour lui le moyen d’éliminer la question de la réponse à l’environnement potentiellement déstabilisateur. Les monades sont ainsi naturellement stables puisque jamais perturbées. Mais ce que n’avait pas vu Leibniz, c’est qu’un système fermé est soumis à la deuxième loi de la thermodynamique et voit son entropie augmenter continûment vers un état tellement stable qu'il doit être qualifié de mort du système, loin de l’équilibre dynamique ponctué de la Systémique..
(5) Équifinalité : C’est l’un des plus grands débats et l’un des plus grandes différences entre Aristote et le structuralisme ou la Systémique. Aristote utilisait couramment l’idée de finalité des être, dans un sens qui a peut-être été mal interprété par ses successeurs, y compris ses plus fervents partisans. En effet ceux-ci étaient imprégnés de l’idée de Dieu (Saint-Thomas d’Aquin) et ont pris ce concept de la manière qui leur convenait le plus directement, c’est-à-dire la finalité au sens direct et brut du terme. Il n’est pas évident qu’Aristote ne l’ait pas utilisé plus subtilement, comme beaucoup d’autres concepts, que le temps, la différence de langue et de culture, nous rendent difficile à appréhender. Pour Hayek, on retrouve la Catallaxie, voir la note (8).
(6) Caractéristique organisation/structure : Aristote a utilisé la forme en concept de base de sa philosophie. Par contre l’utilisation qu’il en fait montre bien, comme dit dans la note (1) que, pour lui, un être présente des caractéristiques d’organisation et structure.
(7) Caractéristique organisation/structure : Leibniz a clairement décrit et a même insisté contre Descartes sur l’aspect organisé et structuré des agrégats de Monades. Pour lui, ces agrégats ne sont pas de simples tas –voir l’image du tas de sable plus haut-, car les Monades ne s’agrègent pas du simple fait du hasard, mais selon certaines affinités. Cependant Leibniz ne va pas plus loin dans sa cette description…
(8) Ergodicité et Régulation : Les monades de Leibniz ne sont pas en effet structurées (car atomique au sens de Démocrite), elles sont figées, ne peuvent évoluer, répondre aux changements de leur environnement tout en revenant à leur configuration, leur état initial. En effet, Leibniz n’a pas vu le concept de boucle rétroactive, de régulation, et donc d’ergodicité. C’est pourquoi leurs volets doivent être clos, incapable de supporter le moindre changement comme un château fort assiégé dont les occupants sont condamnés à mourir. Pour Hayek, c'est le concept de Catallaxie où le marché va spontanément arriver sur un certain état d'équilibre dynamique (voir "Équifinalité" également) via la poursuite des fins et objectifs individuels de chaque acteur du marché, au sein des échanges de biens et de services entre ces acteurs conformément à des règles juridiques communes concernant la propriété, les dommages et les contrats (état de droit).
(9) Niveaux - Strates : ce point a particulièrement été analysé par Aristote, qui a décrit des « niveaux » d’êtres possibles jusqu’au « moteur premier » ou « principe premier ». Ce point particulier a été longuement développé par Thomas d’Aquin comme preuve d’existence d’un Dieu unique. Par contre, il semble que Leibniz n’ait pas vu ces niveaux ou strates, envisageant seulement les Monades comme unités élémentaires (atomes) et elles seules.
(10) Variété : si Aristote n’a pas traité de la variété en tant que telle, il a par contre parfaitement analysé le fait qu’un être puisse prendre différents états “ sans cesser d’être lui-même ” dans une plage d’états possibles qui sont propres à son être même. C’est somme toues une assez bonne définition de la variété sans faire appel aux mathématiques. Pour Hayek, bien qu'il n'est jamais employé ce terme, la Variété requise est un concept central. Grâce à la parfaite compréhension de celui-ci, il insiste pour mettre en garde sur toute tentative d'intervenir de la part d'un état central sur l'économie, sa capacité de traitement des informations requise étant très inférieure à la Variété de l'économie. Par delà, il insiste donc tout naturellement sur la prudence et la modestie qui doit en découler de la part des élus, concepts hautement systémiques !
(11) Auto-organisation : Il n’est pas certain qu’Aristote ait réellement perçu les capacités d’auto-organisation des êtres. Il a plutôt semblé raisonner par un apport externe de cette capacité par un principe divin –sans tomber dans l’erreur de l’âme qui descend du monde des Idées de Platon- qui se déclinait ensuite selon la hiérarchie des êtres. Ce principe formant et informant la matière n’était pas autre chose que la Forme. L’éco-auto-ré-organisation d'E.Morin est par contre clairement dans le champ de la Systémique et du Constructivisme épistémologique. Pour Hayek, l'auto-organisation est un concept clé, les individus étant les mieux à même de savoir ce qu'ils souhaitent faire, mieux qu'un état central. On retrouve la « main invisible des marchés » de J. Smith, tant décriée et déformée, qui consiste simplement à constater que les acteurs d'un marché s'auto-organisent sans attendre qu'un pouvoir central le leur disent.
(12) Référentiel Absolu/Relatif : Aristote insistait en permanence sur l’équilibre délicat à respecter entre matière et forme, de manière à ne jamais tomber dans la priorité à la matière (matérialisme) ou la priorité à la Forme (platonisme/idéalisme), qui ne sont que les deux facettes de la même erreur, de la même philosophie, objet de cet essai. Dans sa sentence « chaque ordre inférieur est pour l’ordre supérieur une matière à laquelle celle-ci donne une forme » dans Métaphysiques, et comme on l’a vu pour la question des niveaux, Aristote avait parfaitement intégré les aspects muli-niveaux imbriqués, ainsi que les causes accidentelles versus substantielle, exigeant de basculer dans un référentiel relatif de pensée opposé à Platon et ses Idées Immuables, les Formes d’Aristote ne l’étant pas d’ailleurs. Pour Hayek, de même face à la complexité d'une économie, on perds tout référentiel unique et absolu, cher aux planistes scientistes, chaque acteur agissant en fonction des signaux qu'il reçoit (les prix par exemple) mais apprenant et anticipant également. Ce qui rends imprévisible toute prévision.
Benjamin de Mesnard
- pour Platon et Descartes, ce tableau a “ non ” partout.
- pour F. Hayek, ce tableau a "oui" partout, sauf pour Référentiel absolu.
(2) Environnement : Aristote avait bel et bien intégré le concept d’environnement car il avait bien vu qu’un être n’est pas isolé mais évolue dans un monde, lui-même peuplé d’autres êtres, ayant leurs propres forme/matière/substance. Il avait d’ailleurs développé la hiérarchisation des êtres, de même que la systémique a introduit la hiérarchisation des niveaux de systèmes.
(3)Formalisation/modèles : Le structuralisme utilise intensivement la formalisation et les modèles, cependant il n’utilise pas de modèles mathématiques alors que la Systémique n’hésite pas à y avoir recours massivement.
(4) Domaine de stabilité : Leibniz a mis l’accent par ses monades sur leur aspect fermé, (les “ volets clos ”) ce qui était pour lui le moyen d’éliminer la question de la réponse à l’environnement potentiellement déstabilisateur. Les monades sont ainsi naturellement stables puisque jamais perturbées. Mais ce que n’avait pas vu Leibniz, c’est qu’un système fermé est soumis à la deuxième loi de la thermodynamique et voit son entropie augmenter continûment vers un état tellement stable qu'il doit être qualifié de mort du système, loin de l’équilibre dynamique ponctué de la Systémique..
(5) Équifinalité : C’est l’un des plus grands débats et l’un des plus grandes différences entre Aristote et le structuralisme ou la Systémique. Aristote utilisait couramment l’idée de finalité des être, dans un sens qui a peut-être été mal interprété par ses successeurs, y compris ses plus fervents partisans. En effet ceux-ci étaient imprégnés de l’idée de Dieu (Saint-Thomas d’Aquin) et ont pris ce concept de la manière qui leur convenait le plus directement, c’est-à-dire la finalité au sens direct et brut du terme. Il n’est pas évident qu’Aristote ne l’ait pas utilisé plus subtilement, comme beaucoup d’autres concepts, que le temps, la différence de langue et de culture, nous rendent difficile à appréhender. Pour Hayek, on retrouve la Catallaxie, voir la note (8).
(6) Caractéristique organisation/structure : Aristote a utilisé la forme en concept de base de sa philosophie. Par contre l’utilisation qu’il en fait montre bien, comme dit dans la note (1) que, pour lui, un être présente des caractéristiques d’organisation et structure.
(7) Caractéristique organisation/structure : Leibniz a clairement décrit et a même insisté contre Descartes sur l’aspect organisé et structuré des agrégats de Monades. Pour lui, ces agrégats ne sont pas de simples tas –voir l’image du tas de sable plus haut-, car les Monades ne s’agrègent pas du simple fait du hasard, mais selon certaines affinités. Cependant Leibniz ne va pas plus loin dans sa cette description…
(8) Ergodicité et Régulation : Les monades de Leibniz ne sont pas en effet structurées (car atomique au sens de Démocrite), elles sont figées, ne peuvent évoluer, répondre aux changements de leur environnement tout en revenant à leur configuration, leur état initial. En effet, Leibniz n’a pas vu le concept de boucle rétroactive, de régulation, et donc d’ergodicité. C’est pourquoi leurs volets doivent être clos, incapable de supporter le moindre changement comme un château fort assiégé dont les occupants sont condamnés à mourir. Pour Hayek, c'est le concept de Catallaxie où le marché va spontanément arriver sur un certain état d'équilibre dynamique (voir "Équifinalité" également) via la poursuite des fins et objectifs individuels de chaque acteur du marché, au sein des échanges de biens et de services entre ces acteurs conformément à des règles juridiques communes concernant la propriété, les dommages et les contrats (état de droit).
(9) Niveaux - Strates : ce point a particulièrement été analysé par Aristote, qui a décrit des « niveaux » d’êtres possibles jusqu’au « moteur premier » ou « principe premier ». Ce point particulier a été longuement développé par Thomas d’Aquin comme preuve d’existence d’un Dieu unique. Par contre, il semble que Leibniz n’ait pas vu ces niveaux ou strates, envisageant seulement les Monades comme unités élémentaires (atomes) et elles seules.
(10) Variété : si Aristote n’a pas traité de la variété en tant que telle, il a par contre parfaitement analysé le fait qu’un être puisse prendre différents états “ sans cesser d’être lui-même ” dans une plage d’états possibles qui sont propres à son être même. C’est somme toues une assez bonne définition de la variété sans faire appel aux mathématiques. Pour Hayek, bien qu'il n'est jamais employé ce terme, la Variété requise est un concept central. Grâce à la parfaite compréhension de celui-ci, il insiste pour mettre en garde sur toute tentative d'intervenir de la part d'un état central sur l'économie, sa capacité de traitement des informations requise étant très inférieure à la Variété de l'économie. Par delà, il insiste donc tout naturellement sur la prudence et la modestie qui doit en découler de la part des élus, concepts hautement systémiques !
(11) Auto-organisation : Il n’est pas certain qu’Aristote ait réellement perçu les capacités d’auto-organisation des êtres. Il a plutôt semblé raisonner par un apport externe de cette capacité par un principe divin –sans tomber dans l’erreur de l’âme qui descend du monde des Idées de Platon- qui se déclinait ensuite selon la hiérarchie des êtres. Ce principe formant et informant la matière n’était pas autre chose que la Forme. L’éco-auto-ré-organisation d'E.Morin est par contre clairement dans le champ de la Systémique et du Constructivisme épistémologique. Pour Hayek, l'auto-organisation est un concept clé, les individus étant les mieux à même de savoir ce qu'ils souhaitent faire, mieux qu'un état central. On retrouve la « main invisible des marchés » de J. Smith, tant décriée et déformée, qui consiste simplement à constater que les acteurs d'un marché s'auto-organisent sans attendre qu'un pouvoir central le leur disent.
(12) Référentiel Absolu/Relatif : Aristote insistait en permanence sur l’équilibre délicat à respecter entre matière et forme, de manière à ne jamais tomber dans la priorité à la matière (matérialisme) ou la priorité à la Forme (platonisme/idéalisme), qui ne sont que les deux facettes de la même erreur, de la même philosophie, objet de cet essai. Dans sa sentence « chaque ordre inférieur est pour l’ordre supérieur une matière à laquelle celle-ci donne une forme » dans Métaphysiques, et comme on l’a vu pour la question des niveaux, Aristote avait parfaitement intégré les aspects muli-niveaux imbriqués, ainsi que les causes accidentelles versus substantielle, exigeant de basculer dans un référentiel relatif de pensée opposé à Platon et ses Idées Immuables, les Formes d’Aristote ne l’étant pas d’ailleurs. Pour Hayek, de même face à la complexité d'une économie, on perds tout référentiel unique et absolu, cher aux planistes scientistes, chaque acteur agissant en fonction des signaux qu'il reçoit (les prix par exemple) mais apprenant et anticipant également. Ce qui rends imprévisible toute prévision.
Benjamin de Mesnard
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