lundi 17 mars 2014

V-8) Créationnisme versus Évolutionnisme

Voir le (III-2-6) sur Darwin où l’évolutionnisme a été traité. Comme évoqué au paragraphe précédent (Transcendant vs Immanent), les Créationnistes soutiennent à l’opposé de Darwin que le monde a été créé à une certaine date récente, conformément aux écrits de la Bible (par exemple en l’an -3900 environ, un représentant de l’Église Catholique ayant même précisé le jour et l’heure). Chaque espèce vivante a été créée à ce moment, celles disparues et celles existantes. Les restes archéologiques que l’on peut découvrir, dinosaures et autres, n’étant que des ossements d'espèces qui n'ont jamais existé sinon sous la forme de ces ossements, créés simultanément avec celles qui ont survécu de nos jours. Pourquoi Dieu s'est-il donné cette peine ? Nous ne savons pas. En passant, on peut noter qu'en acceptant cela, ils acceptent implicitement une certaine idée de sélection naturelle... Dieu lui-même nous suggérant sans doute que des espèces ont disparues, même si leurs restes ont été posés là intentionnellement sans qu'elles aient réellement existé. Les Créationnistes rejettent toutes formes d’évolution, ou de changement dans le temps, des espèces. Les espèces étant figées, l’argument récurrent est qu’il est impossible qu’un animal d’une espèce donne naissance à un animal d’une autre. Il est vrai qu’avec un monde ayant un peu moins de 6000 ans d’existence, il est difficilement imaginable d’envisager une évolution conséquente des espèces... bien que l'on voit muter en l'espace de quelques mois les virus, microbes, ou des quelques années des plantes ou animaux plus sophistiqués, etc... Le créationnisme par ailleurs, devant l’argument que le monde (la terre) a 4 milliards d’années d’existence en non 6000 ans, avance que le temps ne peut être le créateur des espèces. Cela n’a jamais été soutenu par l’évolutionnisme, le temps, au demeurant très long, de 4 milliards d’année n’étant que le cadre dans lequel les espèces évoluent, cette évolution étant propre au système « espèces+environnement » dans la durée et non une propriété propre au temps. Il est intéressant de noter ici que les Créationnistes n’intègrent pas le temps, tombant sur le même blocage que les Structuralistes et les Positivistes, dans une approche platonicienne alors même que l’Église Catholique a choisi Aristote avec Thomas d'Aquin. Enfin, on peut noter que les Créationnistes imposent une lecture littérale de la Bible, ce qui n’est pas une position de toutes les églises chrétiennes, dont beaucoup considèrent ce texte comme une parabole, une histoire imagée, dont il faut retenir les messages et non une histoire vraie (variables au demeurant selon les traductions). Exemple : pour certains spécialistes des langues anciennes employées à l’époque de (ou des) rédaction(s) de ce passage, Adam a été un terme traduit par les grecs en « homme particulier, individu », alors qu’il signifierait « Homme, Humanité » en réalité. Ce simple point montre combien est fragile une lecture par trop littérale de ce texte. Dans ce cas en effet, on supprime d’un seul coup l’opposition supposée avec l’évolutionnisme, sans changer les messages culturels, religieux et moraux du texte… L'humanité étant là, existante à ce stade de la narration biblique, sans contradiction avec les thèses évolutionnistes. Enfin, il existe une version « douce » du Créationnisme, soutenu par l'église Catholique de nos jours, où la théorie du Big-bang est considérée comme « convenant bien » (dixit). Dieu aurait créé le monde lors du Big-bang, en incluant les 13 milliards d’années qui ont suivit, programmées en quelque sorte dès le départ. C’est la thèse de Teilhard de Chardin, de l’alpha et de l’oméga. Mais que se passe-t-il si demain les scientifiques mettent à la mode un nouveau paradigme où il n’y a pas de Big-bang ? Il est curieux de voir ainsi l’approche philosophique d’une religion s’enfermer dans une théorie scientifique particulière qui peut être réfutée demain. A l’inverse, il serait ainsi ici parfaitement possible de considérer un monde éternel ou cyclique dans le temps physique mais restant « engendré » par un dieu unique lui-même en dehors de ce temps physique.... De même comme nous l'avons déjà vu au paragraphe précédent, il existe une version douce du créationnisme avec « l'intelligent design ».

Apport de la Systémique : Comme vu en (III-2-6), la Systémique est clairement du côté de l’évolutionnisme dont elle réutilise beaucoup de concepts, on peut revenir sur le comparatif Darwin/K. Popper en (III-2-9). En passant, comme noté en (V-7) précédent, le Créationnisme est donc implicitement dans une approche Transcendante alors que l’Évolutionnisme est lui, toujours implicitement dans une approche clairement Immanente.

 SUITE du Blog : V-9) Aristote versus les approches scientifiques modernes (Empirisme)

Benjamin de Mesnard