dimanche 28 septembre 2008

II) Présentation détaillée de la Systémique (4/8)

II-3-7) Formalisation et modèles :

On ne peut parler de Systémique sans parler de formalisation. Les différents formalismes préexistaient à la Systémique mais sont employés par elle méthodiquement et consciemment, notamment en établissant des analogies avec le réel par l’intermédiaire de modèles. L’analogie est un outil pour la Systémique, encore une fois en opposition avec Descartes qui la combattait comme incertaine, ou relevant d’une pensée archaïque et magique qu’il fallait éliminer. Le malentendu a duré longtemps, l’utilisation systématique des modèles et des analogies, dégagés de toute confusion avec une pensée primitive, se faisant au cours du XX° siècle.
Enfin il ne faut pas perdre de vue deux choses avec les modèles :
  - « la carte n’est pas le territoire » d’A. Korzybski, le modèle n’est pas la réalité ;
 - ils doivent donc être utilisés, et surtout généralisés au monde réel avec la plus extrême phronésis/prudence d’Aristote et G.B. Vico ;
  - enfin, inventer, construire une théorie, n’est pas autre choses que créer un modèle, une théorie est un modèle conceptuel de la réalité, simplifié et découpé plus ou moins arbitrairement dans la réalité et en prenant des risques. C’est ce que résume L. von Bertalanffy dès 1965 en une phrase qui contient déjà tous les mots clés de la Systémique, du Constructivisme épistémologique et de la méthode de conjecture/réfutation de K. Popper : « Un modèle théorique est une construction conceptuelle qui restitue de manière consciemment simplifiée certains aspects d’un phénomène naturel et permet des déductions et des prédictions qui peuvent être testées dans l’expérience. ». [BERTALANFFY L. von, « Zur Geschichte theoretischer Modelle in der Biologie. » , Studium Generale, 18, 1965, p 291].

Il existe plusieurs types de modèles, dans le cadre de processus de modélisations bien définis :

a) Types de modèles :

  • Modèle verbal (premier modèle mis sur pied par le chercheur). Ce modèle intuitif est le plus proche de la pensée primitive ou instinctive, où le chercheur explore une idée incertaine voire fugitive.
  • Modèle abstrait en langage symbolique, exemple : mathématiques, physique, ... Avec ce modèle, le chercheur passe à un stade de consolidation où ce modèle sera l’outil permettant d’explorer les divers aspects de l’hypothèse travaillée, ses contours, conséquences, réactions, pouvant susciter d’autres pistes le cas échéant. Cet outil permettra de faire « vivre » le système exploré.
  • Maquette sur matériaux, sur plastique, sur ordinateur … A ce stade il s’agit de tester dans des conditions les plus réelles possibles le système étudié. Un modèle abstrait n’est jamais à l’abri d’erreurs, quelques fois importantes, qu’une maquette révèlera plus facilement. Le dernier stade de la maquette sera le test en réel (prototype, échantillons, analyses statistiques,…).
  • Schématisation, langage pictographique : AMS (Analyse Modulaire des Systèmes), organigrammes, ... qui sont autant de formes de langages possibles, assimilables aux modèles abstraits.
Autres modèles, ... Buts des modèles :
  • Modèles cognitifs : compréhension du système.
  • Modèles normatifs : optimisation en fonction d’un projet, et mesures précises des performances, réactions, comportements, dimensions, du système étudié.
  • Modèles prospectifs : description des formes d’avenir possibles du système en fonction d’entrées différentes, d’états de départs, de variables internes, de l’environnement, ....
b) Processus de modélisation :

Découpe - malheureusement arbitraire - dans le réel du système à étudier :
 
Le chercheur découpe donc arbitrairement « de manière consciemment simplifiée certains aspects » du réel perçu, plus exactement dans l'ensemble des phénomènes que nos sens outillés ou non peuvent percevoir.
Une note importante ici : le mot découpe est ici volontairement mal choisi. Il s’agit aussi bien à ce stade qu’aux suivants de construire (voir III-2-13 Constructivisme) en fait le système scientifique à étudier. Comme le dit Jean Ullmo en citant d’ailleurs Bachelard : « la Science choisit le réel, choix actif d’objets scientifiques construits (et non choix passifs parmi une réalité donnée), réel opératoire projeté par l’esprit pour s’égaler aux phénomènes ». En passant, il faut aussi remarquer la complète opposition de la Systémique, et en particulier du Constructivisme épistémologique, avec les classiques sur ce point puisqu’il n’y a plus alors ni “ Réel Donné ” immédiat, ni de “ Vérité Absolue ”, comme le soutiennent les positivistes avec Descartes dont la méthode consiste « à ne jamais reconnaître une chose pour vraie que je ne la connaisse évidemment pour telle ». Le critère « d’Évidence » -typiquement cartésien- étant des plus dangereux, peu clair et contestable, car dépendant en réalité des à priori culturels, religieux, psychologiques, etc… de l’intéressé.
Cette découpe pourra se faire selon plusieurs perspectives :
  • en fonction de la finalité du sujet/objet étudié (téléonomie) : quelle est sa fonction ? Quel est son projet ?
  • en fonction de l’historique du sujet/objet étudié : quelle est la genèse du système ?
  • en fonction du niveau d'organisation : quelle est la place du système par rapport aux autres ou par rapports au sur-système ?
  • en fonction de la structure globale : dans quel type de niveau se trouve-t il (simple, hiérarchisés, en réseau, fractals,…) ?
Ces perspectives multiples doivent se faire selon deux principales approches :
  • par différents axes d’attaques, points de vue, ou différentes tentatives de découpes. Au lieu de « voir » l’objet d’étude comme imposé, donné, il s’agit au contraire de choisir sous quel angle nous allons l’étudier, sous quel critère qualitatif. C’est ce que L. von Bertalanffy appelle le « perspectivisme », dans son processus de cognition, l’être humain (et tous les animaux) ne sont pas passif, mais agents actifs  : « Aucun organisme, l’homme inclus, n’est un simple spectateur de la scène du monde […] Il est un ré-acteur et un acteur du drame […] Il semble que ce soit la plus sérieuse insuffisance de la philosophie occidentale classique de Platon à Descartes et Kant que de considérer primordialement l’homme comme un spectateur, un ens cogitans, alors que pour des raisons biologiques il doit essentiellement être un acteur, un ens agens dans le monde où il est jeté. » [Von BERTALANFFY, L., “An essay on the relativity of categories”, Philosophy of Science, 1955, p 256].Ainsi, on peut choisir d’étudier l’espèce canine sous les aspects de mammifères, de cellules vivantes animales, de système de meutes organisées et hiérarchisées, dans son rapport avec l’être humain, etc… C’est la dialogique d’E. Morin. Ces différents axes volontairement multiples sont ici naturellement en opposition avec les approches cartésiennes où l’on prendra l’unique axe consistant à expliquer le niveau supérieur par le niveau inférieur, sans même avoir conscience que l’on opère une découpe de l’objet d’étude dans le réel.
  • par la prise en compte du fait que cette découpe se fait du point de vue du chercheur particulier, et aboutit à un modèle lui-même fait à partir de ce point de vue. Comme le dit J.L. Le Moigne, le modèle se fait donc à partir de ce point de vue et non à partir du modèle.
  • par une réflexion non plus sous la forme d’oppositions binaires tout/rien, avant/après, blanc/noir, ouvert/fermé, de sauts qualitatifs brutaux propres à la dialectique –quelle soit idéaliste ou matérialiste- et que l’on pourrait aussi bien écrire sous la forme de « di-alectique » à cet égard ; mais par une réflexion de différenciations progressives pouvant déclencher des équilibres dynamiques ponctués non-linéaires issus de co-organisation de sous-systèmes en coopétitions. On retrouve à nouveau la définition de la dialogique d’E. Morin.
Conformément au perspectivisme de L. von Bertalanffy, on peut avoir construit alors non seulement plusieurs types de modèles différents mais aussi selon ces perspectives multiples. Ces modèles sont autant de cartes (refer A. Korzybski), mais aucune ne peut être décrétée supérieur à l’autre : « La même réalité peut être représentée par des moyens symboliques différents, différentes cartes au sens le plus large du terme, et il n’y a aucun sens à se demander laquelle est la plus correcte : toute carte ne représente que certains aspects de la réalité. ». [BERTALANFFY L. von, « Semantics and General System Theory », General Semantics Bulletin, 20/21, p 41]. 

Identification et classification des éléments constitutifs par leurs propriétés, classes, groupes,...etc :
On essaye dans la mesure du possible de ne rien ignorer, mais l’on peut aussi volontairement laisser de côté certains éléments pour les besoins de simplification, encore une autre opposition à Descartes.
  • Identification et classification des interrelations avec la même remarque.
  • Incubation/Saturation puis Illumination/Inspiration -au sens de Hermann von Helmohlz- qui peut arriver à n’importe quel moment, rapide ou très lent, tenir du génie ou être complètement invalidée par la suite du processus.
  • Induction/ généralisation par remplacement du modèle par un autre plus universel, si cela est possible.
  • Déductions tirées de ce modèle en vue de vérifications expérimentales répétables et vérifiables. C’est le réel considéré comme seule référence,… malgré toutes les difficultés soulignées en (II-3-5). Ceci renvoie à l’approche empirique que Karl Popper a analysée en détail dans ses ouvrages sous le vocable mal traduit en français de « falsification », en fait réfutation, d’une théorie. On aborde aussi ici, avec l’informatique, les domaines des simulations en tous genres. Apparaît ici le besoin d’un nouveau critère de démarcation « à la Popper » des modèles, sur lequel nous reviendrons.
  • Bouclage du processus a toutes les étapes.
  • Il faut insister sur le fait qu’un certain degré de simplification, s’il est explicité correctement, peut intervenir pour rendre le modèle plus compréhensible.
  • Enfin on sort de l’éternel débat Induction versus Déduction puisque les deux sont délibérément utilisés, c’est la synthèse.
Remarque : certains philosophes structuralistes se sont focalisés sur la « déconstruction » du réel : J. R. Searle, Deleuze, Derrida,… en ayant tendance à considérer comme quelque chose d’essentiel, ce qui n’est qu’une étape obligatoire du processus de modélisation (voir « découpe » en tête de ce paragraphe). Ce qui frappe ces philosophes, c’est l’étape où il est en effet nécessaire de se sortir, se détacher du « Réel Donné » pour prendre une attitude plus neutre, plus élevée, en d’autres termes plus scientifique, pour être capable d’analyser méthodiquement et choisir intelligemment (retour à l’intuition) quelle partie du réel doit être étudiée et modélisée. Cette étape du travail a probablement fasciné ces philosophes parce qu’elle est la plus proche –en apparence avec la « tabula rasa »- de la méthode Cartésienne. Mais la Systémique la resitue comme une première étape, dans un cadre beaucoup plus large et qui va surtout beaucoup plus loin. C’est en effet sur ce point précis que l’opposition entre Descartes et J.B. Vico est la plus nette et la plus violente. Descartes se focalise, sur la recherche du vrai, de la Vérité des théories scientifiques découlant de son introspection et du bon sens indubitable. Au contraire J.B. Vico souhaite rétablir l’équilibre entre la phase créatrice, imaginative, en bref inductive et la phase de validation/réfutation des théories imaginées. Nous reviendrons ultérieurement sur ce point.

II-3-8) Le cas des modèles utilisant des statistiques :

Dans de nombreux domaines, on s’appuie sur des statistiques pour créer des modèles, des simulations. Or les statistiques se heurtent au problème de découpe soulevé plus haut d’une part et également au problème de faire référence au passé, sur des éventements non reproductibles car historiques, comme c’est le cas en économie : 
● Quel périmètre de « découpe » pour une série statistique ? Prenons par exemple une étude statistique économique sur « le prix des pommes de terre ». Il y a donc création par l’économiste d’un agrégat, « les pommes de terre » vues comme un ensemble unique implicitement cohérent. Admettons dans cet exemple que parmi celles-ci on trouve en réalité des pommes de terre d’un goût farineux bas de gamme mais assez résistantes aux maladies, et à l’opposé, des pommes de terre douces haut de gamme mais fragiles. L’économiste va donc prendre la totalité des ventes de la production de toutes les pommes de terre pour en tirer un prix de vente moyen. Admettons que la 2° année de production, les pommes de terre douces aient été victimes d’une maladie, leur production sera alors basse, La production des bas de gamme (dont le prix est beaucoup plus bas) restant constante. Le chercheur sera alors en face du paradoxe incompréhensible pour lui d’une baisse du prix moyen alors que la production totale a baissé pour une demande identique. La 3° année, les productions revenant à la normale, il se trouve qu’une nouvelle sorte de riz très prisée par les consommateurs apparaisse sur le marché entraînant une désaffection pour les pommes de terre, le prix moyen de celles-ci sera alors beaucoup plus bas sans raison apparente pour le chercheur ne travaillant que sur le périmètre, l’agrégat – la découpe - « les pommes de terre ». Il faut citer également les sondages d’opinion : ils se font sur des échantillons beaucoup trop petits (950 personnes par exemple), des journalistes commentant alors abondamment une variation de 0,5 % alors que les mathématiques donnent une marge d’erreur de ± 3 % sur un échantillon de 3000 individus . Cet exemple trivial montre toute les pièges des agrégats statistiques faits sans la prudence tel que recommandée par J.B. Vico, et sans réflexion de fond sur la pertinence de ces travaux.
● Les statistiques économiques relèvent de l’Histoire, donc non reproductible en laboratoire : C’est un point largement souligné par K. Popper. On peut faire toutes les statistiques que l’on veut, mais celles-ci ne reflètent – en admettant quelles soient pertinentes !- qu’une chaîne d’évènements du passé qui n’a aucune chance de renouveler à l’identique. Ainsi que conclure de statistiques économiques portant du les années 1920 à 1930 pour édicter une théorie sur les crises économiques en général ? On retrouve ici le débat entre rationalisme versus empirisme (Voir V-3) car il est possible de comprendre des événements historiques précis (à la condition de s’en tenir aux faits). Mais il est impossible de tirer une théorie générale d’un cas particulier… on ne peut que proposer l’intuition d’une théorie mais elle sera impossible à tester – contrairement aux sciences de la nature - puisqu’il est impossible de reconstituer en laboratoire le monde des années 20 du XX° siècle. Nous y reviendrons avec K. Popper.  
 
II-3-9) Exemple de modèle : la norme ISO/IEC 15288 :

L’IEC et l’ISO ont bien compris l’importance de la Systémique en éprouvant le besoin de normaliser pour les besoins de l’industrie, des services, etc.… les systèmes, types de systèmes, organisations, etc.… qui peuvent exister dans les entreprises. Un exemple ici concerne le modèle des processus techniques à cycles de vies de l’Ingénierie des Systèmes (l’Ingénium cher à G. Vico et Vinci !) que l’on peut trouver dans l’organisation d’une entreprise :
· Processus d’Entreprise :
o Processus de management de l’environnement de l’entreprise
o Processus de management de l’investissement
o Processus de management des processus de cycles de vie du système
o Processus de management des ressources
o Processus de management de la qualité
· Processus Contractuels :
o Processus d’acquisition
o Processus de fourniture
· Processus de Projet :
o Processus de planification du projet
o Processus d’évaluation du projet
o Processus de pilotage du projet
o Processus de décision
o Processus de management des risques
o Processus de gestion de configuration
o Processus de management de l’information
· Processus Technique :
o Processus de définition des exigences des parties prenantes
o Processus d’analyse des exigences
o Processus de conception de l’architecture
o Processus d’implémentation
o Processus de vérification
o Processus de transition
o Processus de validation
o Processus d’exploitation
o Processus de maintenance
o Processus de retrait de service

(Tiré du site de l’AFIS, Association Française d’Ingénierie Système).

Dans cette norme, on aura identifié (découpé) quatre processus majeurs : d’entreprise, des projets, techniques, et contractuels, eux-mêmes composés de sous-processus en inter-relations étroites au sein du processus qui l’englobe, mais aussi avec d’autres processus appartenant à l’un des quatre autres processus principaux. Exemple : le sous-processus de décision dépend des résultats du sous-processus d’analyses des exigences.

SUITE du Blog : Les caractéristiques d'un système

Benjamin de Mesnard

samedi 13 septembre 2008

II) Présentation détaillée de la Systémique (3/8)

II-3-4) Complexité :

Le concept cartésien de “simple” à déjà été explicité, et doit être opposé au concept systémique de complexité (voir II-1). Un objet complexe sera constitué d’un nombre quelconque d’éléments éventuellement eux-mêmes complexes (récursivité), divers et en étroite interdépendance par le jeu d’un riche ensemble d’interactions ou boucles de rétroactions non linéaires, on retrouve la définition même d’un système. H.A. Simon dans un article paru dans le bulletin de « The Philosophy of Science Association » en 1976 résume ainsi en sept points le concept de complexité :
« 1. Les systèmes qui ont beaucoup de composants peuvent être considérés comme complexes en comparaison des systèmes qui en ont peu. Ainsi la cardinalité d'un ensemble peut être prise comme une mesure de sa complexité.
2. Les systèmes dans lesquels il y a beaucoup d’interdépendances entre les composants sont généralement considérés comme plus complexes que les systèmes avec moins d'interdépendance entre les composants.
3. Les systèmes dont le comportement est considéré comme « indécidables » peuvent être considérés comme complexes comparés à ceux dont le comportement est tenu pour déterminable ;
4. La complexité des systèmes peut être mesurée par leur contenu d'information, au sens de Shannon-Wiener. Par ce critère, les systèmes ayant beaucoup de composants identiques sont moins complexes que les systèmes de taille comparable dont les composants sont tous différents.
On peut parler de façon générale non seulement de la complexité des systèmes mais aussi plus spécifiquement de la complexité des théories ou des domaines de problème ou des problématiques.
5. En relation étroite avec la notion de complexité informationnelle, on trouve l'idée de mesure de la complexité des théories par le nombre de leurs paramètres, ou par le nombre de symboles nécessaires pour les caractériser.
6. Il y a aujourd'hui un intérêt très marqué parmi les mathématiciens et les informaticiens pour la complexité : évaluée par le nombre maximum ou le nombre attendu de pas de calculs élémentaires nécessaires pour résoudre les problèmes d’une classe donnée.
7. Les mesures de la difficulté d'un problème peuvent être regardées, au moins dans certaines circonstances comme une classe particulière des mesures de la complexité computationnelle
La complexité peut résider dans la structure d'un système, mais elle peut aussi se trouver dans l'œil d'un observateur de ce système. Même quand un système est par nature simple - c'est-à-dire descriptible, en principe, en termes simples - un observateur peut ne pas réussir à découvrir cette description simple, et peut n'être capable de caractériser le système que d'une façon très compliquée. De plus, la simplicité ou la complexité d'une description dépendra des éléments qui seront choisis comme primitives. La description d'un programme d'ordinateur dans un langage de haut niveau comme ALGOL sera généralement plus courte que la description de ce même programme en langage machine.
La relativité de la complexité par rapport à l'ensemble de ces primitives est particulièrement évidente dans les cas de complexité informationnelle et computationnelle, mais elle s'applique aussi à la cardinalité qui dépend de ce qui est pris comme unité élémentaire».

Fin de la citation.
Pour finir, la complexité est relative :
a) au couple observateur - chose (système) observé. Ainsi une automobile apparaîtra comme plus simple –en apparence !- à appréhender pour un utilisateur commun que pour ingénieur en mécanique d’un constructeur automobile. Cette relativité dépendant de l’observateur explique pourquoi J.L. Le Moigne insiste sur le point que la modélisation se fait d’après le point de vue du modélisateur et non d’après le réel.
b) au niveau « de zoom » employé. La voiture sera plus simple à appréhender si elle considérée globalement comme «engin permettant de se déplacer d’un point A à un point B ». Par contre, si on rentre dans ses différents sous-systèmes où «on ouvre le capot » : bloc moteur, système de freinage, ergonomie du conducteur, etc… et leurs interactions (zoom) la complexité interne de l’automobile apparaît. Ce dernier aspect pose le problème de l’approche cartésienne où il n’est pas démontré que la découpe de l’objet étudié en plusieurs éléments (en fait sous-systèmes) simplifie les choses. Au contraire, on observe comme indiqué ici le phénomène inverse car c’est alors que l’on rencontre toute la complexité des inter-relations entre les différents sous-systèmes, d’une part, et d’autre part que l’on prend des risques sur le choix de ces découpages arbitraires. Cette prise de risque est consciente chez la Systémique, mais sous estimée, voire ignorée chez Descartes.

II-3-5) Récursivité :

Contrairement au cartésianisme qui n’utilise que la notion d’itération (répétition simple d’une opération un nombre limité de fois), la Systémique utilise aussi la récursivité. Pour les non informaticiens, une bonne image de la récursivité peut être donnée par les poupées russes. Une poupée contient une autre poupée contenant à son tour une autre poupée qui contient...etc., ou encore les tables gigognes ou les fractals. De même un système peut être composé de sous-systèmes en inter-relations, eux-mêmes composés de sous-systèmes pouvant “ s’emboîter ” ainsi un certain nombre de fois.
Cette notion est importante car elle est la composante même de la complexité d’un système. L’esprit humain ayant souvent des difficultés à accepter cette succession de niveaux d’emboîtements - niveaux du réel - dont l’arrêt, la fin, n’est pas évident à celui qui étudie les premiers niveaux à sa portée.
L’invention de « l’essence » aristotélicienne répond peut-être au besoin de stopper à un niveau donné cette spirale des niveaux descendants -ou ascendants- du réel, spirale donnant quelque fois l’impression que “l’explication” se dérobe sans cesse au chercheur. L’image la plus connue de cette fuite de l’explication finale est donnée par Molière par la fameuse vertu dormitive. Dans cette pièce du Malade Imaginaire, notre héros demande à son médecin pourquoi son médicament fait dormir. Le médecin lui répond alors sur le ton de la docte évidence que « cela vient de sa vertu dormitive bien sûr ». Mais l ‘explication de l’existence de cellules humaines, puis de récepteurs à la surface de ces cellules, puis d’une molécule particulière se trouvant dans le somnifère et venant se coller au récepteur est-elle tellement « plus explicative » ? On retrouve ici directement la problématique des niveaux du réel. Le médecin de Molière s’arrête au premier niveau en considérant que cela est à l’évidence largement suffisant pour son travail et les besoins de ses malades, ce qui n’est en fait pas si stupide si cela lui suffit à guérir. Les biochimistes modernes auront eux besoin, et considérerons ce besoin comme évident, d’aller beaucoup plus loin et plus bas dans les niveaux de réalité afin de mieux comprendre avec une plus grande finesse les détails des mécanismes impliqués.
K. Popper a exprimé ce que représentait le soi-disant déterminisme de la science. Il disait à ce propos : « La science ne repose pas sur une base rocheuse. La structure audacieuse de ses théories s'édifie en quelque sorte sur un marécage. Elle est comme une construction bâtie sur pilotis. Les pieux sont enfoncés dans le marécage, mais pas jusqu'à la rencontre de quelque base naturelle ou « données » et, lorsque nous cessons d'essayer de les enfoncer davantage, ce n'est pas parce que nous avons atteint un terrain ferme. Nous nous arrêtons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu'ils sont assez solides pour supporter l'édifice, … du moins provisoirement » [POPPER, Karl, 1984, p 111].
Son idée cachait le plus grand défi de la science : l'illusion du savoir.

II-3-6) Le facteur Temps :

Le facteur « temps » est ignoré par le cartésianisme et le positivisme. C’est au contraire un concept central de la Systémique. Rien ne se fait sans prendre un certain temps. Ainsi le fait qu’une action sur un système puisse avoir un effet contraire à celui escompté par un cartésien tiens souvent à l’ignorance du temps de réaction du système. A l’image d’un paquebot qui met plus d’une vingtaine de minutes à réagir sur un coup de barre du gouvernail, il peut alors être tentant, face à l’absence de réaction du bateau dans les minutes qui suivent d’accentuer encore le coup de barre. Cela fera encore plus virer le navire… mais 20 minutes après le 2° coup de barre. Voyant le bateau prendre alors un virage beaucoup trop fort, le pilote cartésien mettra un violent coup de barre opposé pour tenter de corriger la trajectoire, faisant partir le bateau dans une série de zigzags toujours plus accentués. C’est toute la question des phénomènes de boucles d’actions / rétro-actions avec effet retard d’un système. De même la cybernétique a découvert un phénomène que les prédateurs (loups, félins, etc.) et les chasseurs connaissent bien : pour atteindre une cible en mouvement rapide, un avion ennemi par exemple, il faut tirer en avant de la cible, d’autant plus en avant que la cible se meut rapidement. Ce type d’erreur se retrouve dans plusieurs domaines, notamment en politique où les citoyens s’attendent à des résultats immédiat après une mesure gouvernementale sans comprendre que l’économie est un système ayant une hystérésis, un temps de réponse pouvant s’étendre sur plusieurs années. Cette erreur se retrouve chez la majorité des économistes – les « néoclassiques » - où on ne considère que des équations traitant des équilibres statiques (Walras) accessoirement dans un environnement de concurrence dite parfaite. L’ensemble des actions considérées sur une économie sont alors vues comme ayant un effet immédiat : pas de stocks intermédiaires, d’effet de percolation, de propagation au sein de l’économie, etc. On se retrouve alors avec des paradoxes qui ne viennent que de la non prise en compte du facteur temps : « Mises a résolu, le premier, le problème, apparemment insoluble, du raisonnement circulaire au sujet de l’application de la théorie de l’utilité marginale à la monnaie. En effet, le prix ou pouvoir d’achat de la monnaie est déterminé par son offre et sa demande ; la demande de monnaie est faite par les hommes, qui ne se basent pas sur l’utilité directe que procure la monnaie, mais la font précisément en fonction de son pouvoir d’achat. Mises a résolu, justement, ce raisonnement apparemment circulaire avec son théorème régressif de la monnaie (Mises, 1995 : 491-500). Selon ce théorème, la demande de monnaie est déterminée non pas par le pouvoir d’achat d’aujourd’hui (ce qui entraînerait le raisonnement circulaire), mais par la connaissance qu’a l’acteur grâce à son expérience du pouvoir d’achat que la monnaie a eu hier. Le pouvoir d’achat d’hier est, à son tour, déterminé par une demande d’argent qui s’est faite sur la base de la connaissance que l’on avait de son pouvoir d’achat d’avant-hier. Et ainsi de suite, » [ HUERTA DE SOTO, Jésus, « L’École Autrichienne, Marché et Créativité Entrepreneuriale », Institut Charles Coquelin, 2007, p 88]. 

samedi 6 septembre 2008

II) Présentation détaillée de la Systémique (2/8)

II-3) Les Concepts de Base :

II-3-1) Totalité et Globalité :


Il faut insister sur la notion de totalité, de globalité en Systémique. Pour cela quelques références :
  • le tout est différent quantitativement et qualitativement de la somme de ses parties ”.
  • non réduction d’un tout à ses parties ”.
  • “ la partie ne s’appartient pas elle-même : elle relève du tout, en tout ce qu’il est ” (Saint Thomas d’Aquin).
Il faudra revenir sur le débat entre l’émergence du tout dû aux inter-relations en jeu dans son organisation et la théorie des Essences chez Aristote, voir plus loin : Émergence en (II-5-1).

II-3-2) Interactions, interrelations :

Ici la causalité linéaire cartésienne cause-effet est abandonnée au profit de multiples formes de relations à l’intérieur ou à l’extérieur d’un système :
• Cause - effet classique :

• Causes en cascades :

• Enchaînement de causes/effets avec effet rétroactif :


• Cause plus retard temporel - effet :


• Rétroaction avec retard temporel : cause A - effet/cause B - effet/cause C - effet/cause B à nouveau avec retards temporels plus ou moins longs voire variables :

• Une rétroaction (feed-back) peut-être positive (amplification ou source de « mutations » ou d’émergences comme nous le verrons plus loin) ou négative (régulatrice ou compensatrice).

• Rétroaction indirecte, avec ou sans retard : plusieurs effets/causes intermédiaires, en cascade, croisées ou non, dans la boucle de rétroaction :


• Rétroaction avec effet de réservoir, ce réservoir étant capable de retenir une certaine quantité de matière, énergie ou information qui pourront être libérés ultérieurement et dans un ordre différent de leur ordre d’arrivée et de stockage.

• Interactions ou rétroactions non linéaires.

• Élément provoquant une cause/effet intermédiaire favorisant une boucle de rétroaction ou un processus, sans être lui-même impacté par ce processus, appelé catalyseur.

L’association de boucles de rétroaction avec des retards temporels provoque de nombreux effets pervers « inattendus » pour les cartésiens. Ce sont ces interactions qui, lorsqu’elles sont prises en comptes, détruisent les solutions abusivement simplificatrices.

Interactions et interrelations sont des concepts clés en Systémique. Car pour prétendre connaître un système, et donc le monde réel, il ne suffit pas de connaître ou identifier les « choses », mais surtout connaître et identifier les relations, interactions et interrelations entre elles. C’est ce que souligne H. Poincaré : « Ce que [la science] peut atteindre, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, comme le pensent les dogmatistes naïfs, mais seulement les rapports entre les choses ; en dehors de ces rapports, il n’y a pas de réalité connaissable. ». [POINCARÉ Henri, La science et l’hypothèse, Paris, Flammarion, 1902, p. 25]. Il ajoute : « La science, en d’autres termes, est un système de relations. Or, c’est dans ces relations seulement que l’objectivité doit être cherchée. [..]. Dire que la science ne peut avoir de valeur objective parce qu’elle ne nous fait connaître que des rapports, c’est raisonner à rebours, puisque précisément ce sont les rapports seuls qui peuvent être regardés comme objectifs. ». [POINCARÉ Henri, La valeur de la science, Paris, Flammarion, 1905, p. 181]. De même avec L. von Bertalanffy : « La science n’a rien à faire avec l’« essence interne » des choses ; elle s’occupe exclusivement des « lois », des relations formelles existant entre les « choses ». » [Bertalanffy L. von, « Theoretische Biologie – Band I: Allgemeine Theorie, Physikochemie,Aufbau und Entwicklung des Organismus », Berlin, Gebrüder Borntrager, 1932, p. 24.].

II-3-3) Organisation :

C’est à l'intérieur de l’organisation du système que des interactions peuvent être relevées. On observe deux aspects : l’aspect structurel (organigramme) et l’aspect fonctionnel (programme).
Pour certains auteurs le structurel est ce qui demeure fixe, permanent, en fait plus exactement qui évolue par crises, par bonds, comme l’a montré le platonicien René Thom. Le fonctionnel évoluant continûment (ou discrètement au sens mathématique ou informatique du terme), face à une ou des perturbations extérieures jusqu’à un nouvel état stable de moindre énergie. F. Hayek parle de mouvement lents versus de mouvements rapides pour meiux faire comprendre que cette frontière est floue et qu'il faut se garder de toute dichotomie plato-cartésienne ici encore....
Une organisation peut par ailleurs évoluer sous la pression de son environnement, ou sous sa propre action, c’est le concept du constructiviste épistémologique d’E. Morin d’eco-auto-re-organisation :
  • Eco : fonctionnement de l’organisation dans son environnement (synchronique),
  • Auto : auto-organisation du système pour faire face aux changements de son environnement ou bien encore à des changements internes (vieillissement par exemple),
  • Re : transformation profonde (émergence) au cours du temps dans la poursuite d’un but, d’un objectif, donc téléologique, voire, pour certains auteurs, finaliste (diachronique) : c’est la prise en compte de l’histoire. Cette émergence peut être vue comme l’atteinte d’une équifinalité et non finalité, à travers une ergodicité du système via un processus dialogique, -et non dialectique…- ou plus exactement multi-dialogiques entre sous-systèmes en coopétitions.

Nous reviendrons sur le concept d’organisation qui est souvent confondu avec celui de structure.

SUITE du Blog : Les Concepts de Base (2)

Benjamin de Mesnard

mardi 2 septembre 2008

II) Présentation détaillée de la Systémique (1/8)

II-1) Un nouveau paradigme :

La définition d’une révolution scientifique c’est, d’après H. Kuhn en 1962, l’apparition de nouveaux concepts fondateurs (paradigmes) qui se transforment progressivement. Pour cela, il est nécessaire de dégager, dans un premier temps, sur quoi repose le paradigme précédent (pré - supposés et non - dits, les tirets sont volontaires) et quelles en sont les limites. Pour la Systémique cette phase s’est terminée dans les années 1920. La seconde étape, fruit d’une longue maturation et prise de conscience, sera naturellement de dégager, si cela est possible, le nouveau paradigme qui permettra d’opérer la synthèse et dont pourront découler les déductions qui s’imposent. Tout ce processus se déroule au milieu de crises, rejets, et négations de l’existant. Pour la Systémique, cette phase explosive est loin d’être terminée. Dans le cas présent, la première phase a été celle de la constatation des limites de l’approche analytique cartésienne dans les sciences. Les présupposés de cette approche sont :
  • Évidence parfaitement absolue d’une chose pour accepter de la reconnaître
  • Réductionnisme, c’est-à-dire séparation en éléments disjoints de la chose étudiée. Il s’agit de diviser les difficultés et les isoler en parcelles plus simples et plus petites pour les appréhender chacune séparément.
  • Addition simple de ces éléments “ de base ” ainsi découpés, permettant, sans problème majeur, d’expliquer la chose étudiée. Une causalité linéaire est donc sous-entendue pour pouvoir reconstituer le tout. Cela signifie que toutes les relations observées peuvent s’exprimer sous la forme d’équations simples linéaires du type : Y = AnXn + .... + A1X1 par exemple.
  • Être exhaustif, surtout aucun élément “ de base ” ne doit et ne peut être laissé de côté dans cette analyse/sommation.
Malheureusement, il existe de très nombreux cas où ces conditions ne sont pas remplies. Ces cas, ces “ ratées ” où la nature refuse de se plier à ces schémas par trop simplificateurs, forment précisément ce que l’on peut appeler des systèmes. Pour résumer, on pourrait conclure en disant que la procédure analytique cartésienne est seulement adaptée aux objets d’études simples avec  :
  • un nombre moyen ou faible d’éléments.
  • des éléments simples.
  • avec peu d’interactions ou interdépendances.
  • des interactions linéaires (de type Y = AX + B).
  • plus le nombre d’éléments grandi, plus ceux-ci doivent être simples ou identiques entre eux et avoir peu d’interactions.
  • le temps n’intervient pas, vision instantanée voire statique de la nature.
  • en bref, il s’agit de problèmes que les mathématiques ont répertoriés sous le nom de problèmes polynomiaux (ou P-Problèmes).
Tandis que pour la Systémique, on pourra s’attaquer à un objet que l’on qualifiera de complexe en opposition à l’objet seulement simple.

II-2) Description d’un système au sens de la Systémique
:

Un système est un ensemble complexe, formé de sous-ensembles (éventuellement de sous-systèmes) en interactions non linéaires dynamiques par le jeu d’un ensemble de relations lui donnant un caractère de totalité. Les interactions non linéaires s’expriment par des équations de degré supérieur à 1 (Y = AX + BX2+ CX3+…), trigonométriques, exponentielles ou logarithmiques, ou encore par un jeu d’équations différentielles. On peut admettre en première approche -mais avec toute la prudence nécessaire au demeurant comme on le verra ensuite- que ce système est organisé en fonction d’un but dans le cas de systèmes artificiels ou d’une finalité (téléologie) dans le cas de systèmes naturels. On pourra voir plus loin le débat sur les concepts de finalité déjà fort bien analysés par Aristote.
Un système est plus ou moins ouvert sur le monde extérieur désigné sous le nom d’environnement.
Un système est donc qualifié d’ouvert (sur son environnement) ou fermé.
Un système évolue dans le temps, convergent vers un état d’équilibre dynamique, au contraire divergent pour finir par exploser, ou bien oscillant entre plusieurs états d’équilibres dynamiques ponctués. On observe des phénomènes de transitions de phases, de temps de transmissions, de percolations, de propagations des éléments, inputs/outputs, ou informations entre systèmes ou à l’intérieur d’un même système.


II-2-1) Aspects structurels :
La structure d’un système peut comprendre : 
  • une frontière “ filtre ” des entrées et sorties ou limite plus floue,
  • des éléments dits de base ou des sous-systèmes, d’où l’apparition des concepts de récursivité et d’études récursives.
  • des réseaux de transport pour l’énergie ou la matière, ces réseaux sont eux-mêmes des sous-systèmes du système.
  • de même des réseaux d’informations, de communications, sous différentes formes : influx nerveux, circuits papier (courrier), électroniques ou informatiques, prix, ainsi que des processeurs d’informations, locaux ou centraux, centralisés ou décentralisés.
  • des réservoirs ou stocks pour l’énergie, la matière ou l’information

II-2-2) Aspects fonctionnels :

Fonctionnellement, on peut également trouver dans un système :
  • des flux, là encore d’énergie, matière ou information, qui transitent, soit à l’intérieur du système soit sous forme d’entrées et sorties par rapport à l’environnement (extérieur) du système. Ces flux sont essentiels car ce sont eux qui créent l’aspect « du tout supérieur aux parties » par leurs jeux d’inter-relations. Il est à noter que ces flux peuvent être des flux d’énergie faisant appel à la Thermodynamique ou des flux d’informations faisant appel à la Théorie de l’Information de Shannon qui s’appuie elle-même sur la Thermodynamique.
  • des centres de décisions, les modules de pilotages de l’Analyse Modulaire de Systèmes de J. Mélèse, appliquant un “ programme ” permettant au système la survie, c’est-à-dire de trouver un état localement stable, de moindre énergie.
  • des boucles de rétroactions (voir plus loin).
  • des délais, expression des réservoirs ou non, dits encore “ temps de réponse ” du (sous-) système
II-2-3) Aspects historiques :

Ce sont les aspects que le structuralisme avait négligés. Il s’agit de l’influence d’un temps orienté sur le système, de son évolution, de ses transitions de phases, d’équilibres ponctués, etc.… C’est sur ces aspects que les concepts d’émergence, d’auto-organisation et d’auto-évolution vont apparaître. C’est sur ce sujet que vont s’affronter les idées de finalité versus ergodicité ou équifinalité. Enfin, c’est toujours à ce propos que revient l’idée de projet, explicité par P. Valéry dans ses Cahiers, idée au cœur du Constructivisme épistémologique. La réintroduction de l’histoire en Systémique, prend en compte en effet non seulement le passé mais aussi le présent et le futur du système, et par la même le projet qu’il poursuit : sa téléonomie.Cette prise en compte du temps est l’un des aspects les plus forts de la Systémique par rapport aux approches platonicienne et positivistes, et est toujours aujourd’hui un critère déterminant de fracture dans tous les domaines on y reviendra.

SUITE du Blog : Les Concepts de Base 


Benjamin de Mesnard