samedi 6 septembre 2008

II) Présentation détaillée de la Systémique (2/8)

II-3) Les Concepts de Base :

II-3-1) Totalité et Globalité :


Il faut insister sur la notion de totalité, de globalité en Systémique. Pour cela quelques références :
  • le tout est différent quantitativement et qualitativement de la somme de ses parties ”.
  • non réduction d’un tout à ses parties ”.
  • “ la partie ne s’appartient pas elle-même : elle relève du tout, en tout ce qu’il est ” (Saint Thomas d’Aquin).
Il faudra revenir sur le débat entre l’émergence du tout dû aux inter-relations en jeu dans son organisation et la théorie des Essences chez Aristote, voir plus loin : Émergence en (II-5-1).

II-3-2) Interactions, interrelations :

Ici la causalité linéaire cartésienne cause-effet est abandonnée au profit de multiples formes de relations à l’intérieur ou à l’extérieur d’un système :
• Cause - effet classique :

• Causes en cascades :

• Enchaînement de causes/effets avec effet rétroactif :


• Cause plus retard temporel - effet :


• Rétroaction avec retard temporel : cause A - effet/cause B - effet/cause C - effet/cause B à nouveau avec retards temporels plus ou moins longs voire variables :

• Une rétroaction (feed-back) peut-être positive (amplification ou source de « mutations » ou d’émergences comme nous le verrons plus loin) ou négative (régulatrice ou compensatrice).

• Rétroaction indirecte, avec ou sans retard : plusieurs effets/causes intermédiaires, en cascade, croisées ou non, dans la boucle de rétroaction :


• Rétroaction avec effet de réservoir, ce réservoir étant capable de retenir une certaine quantité de matière, énergie ou information qui pourront être libérés ultérieurement et dans un ordre différent de leur ordre d’arrivée et de stockage.

• Interactions ou rétroactions non linéaires.

• Élément provoquant une cause/effet intermédiaire favorisant une boucle de rétroaction ou un processus, sans être lui-même impacté par ce processus, appelé catalyseur.

L’association de boucles de rétroaction avec des retards temporels provoque de nombreux effets pervers « inattendus » pour les cartésiens. Ce sont ces interactions qui, lorsqu’elles sont prises en comptes, détruisent les solutions abusivement simplificatrices.

Interactions et interrelations sont des concepts clés en Systémique. Car pour prétendre connaître un système, et donc le monde réel, il ne suffit pas de connaître ou identifier les « choses », mais surtout connaître et identifier les relations, interactions et interrelations entre elles. C’est ce que souligne H. Poincaré : « Ce que [la science] peut atteindre, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, comme le pensent les dogmatistes naïfs, mais seulement les rapports entre les choses ; en dehors de ces rapports, il n’y a pas de réalité connaissable. ». [POINCARÉ Henri, La science et l’hypothèse, Paris, Flammarion, 1902, p. 25]. Il ajoute : « La science, en d’autres termes, est un système de relations. Or, c’est dans ces relations seulement que l’objectivité doit être cherchée. [..]. Dire que la science ne peut avoir de valeur objective parce qu’elle ne nous fait connaître que des rapports, c’est raisonner à rebours, puisque précisément ce sont les rapports seuls qui peuvent être regardés comme objectifs. ». [POINCARÉ Henri, La valeur de la science, Paris, Flammarion, 1905, p. 181]. De même avec L. von Bertalanffy : « La science n’a rien à faire avec l’« essence interne » des choses ; elle s’occupe exclusivement des « lois », des relations formelles existant entre les « choses ». » [Bertalanffy L. von, « Theoretische Biologie – Band I: Allgemeine Theorie, Physikochemie,Aufbau und Entwicklung des Organismus », Berlin, Gebrüder Borntrager, 1932, p. 24.].

II-3-3) Organisation :

C’est à l'intérieur de l’organisation du système que des interactions peuvent être relevées. On observe deux aspects : l’aspect structurel (organigramme) et l’aspect fonctionnel (programme).
Pour certains auteurs le structurel est ce qui demeure fixe, permanent, en fait plus exactement qui évolue par crises, par bonds, comme l’a montré le platonicien René Thom. Le fonctionnel évoluant continûment (ou discrètement au sens mathématique ou informatique du terme), face à une ou des perturbations extérieures jusqu’à un nouvel état stable de moindre énergie. F. Hayek parle de mouvement lents versus de mouvements rapides pour meiux faire comprendre que cette frontière est floue et qu'il faut se garder de toute dichotomie plato-cartésienne ici encore....
Une organisation peut par ailleurs évoluer sous la pression de son environnement, ou sous sa propre action, c’est le concept du constructiviste épistémologique d’E. Morin d’eco-auto-re-organisation :
  • Eco : fonctionnement de l’organisation dans son environnement (synchronique),
  • Auto : auto-organisation du système pour faire face aux changements de son environnement ou bien encore à des changements internes (vieillissement par exemple),
  • Re : transformation profonde (émergence) au cours du temps dans la poursuite d’un but, d’un objectif, donc téléologique, voire, pour certains auteurs, finaliste (diachronique) : c’est la prise en compte de l’histoire. Cette émergence peut être vue comme l’atteinte d’une équifinalité et non finalité, à travers une ergodicité du système via un processus dialogique, -et non dialectique…- ou plus exactement multi-dialogiques entre sous-systèmes en coopétitions.

Nous reviendrons sur le concept d’organisation qui est souvent confondu avec celui de structure.

SUITE du Blog : Les Concepts de Base (2)

Benjamin de Mesnard

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