V-12) Induction versus Déduction
L’induction
n’a pas été réellement conceptualisée jusqu’à Karl Popper, qui s’y est
intéressé pour mieux la mettre à jour et la combattre sur ses effets
inconscients plus ou moins désastreux –selon lui- sur les travaux
de beaucoup de scientifiques ou de philosophes. L’induction est
similaire au mécanisme de production des mutations dans la théorie
de l’évolution. Il est inutile d’en décortiquer ses mécanismes,
tout ce qui compte pour Popper étant qu’elle existe pour permettre
la production « brute » de nouvelles idées. Ainsi on
connaît la petite histoire (vraie ou fausse) de la pomme de Newton
ou encore celle de l’histoire de l’illumination de R. Poincaré
lorsqu’il monta dans son omnibus. Ces idées peuvent, si elles
se figent, donner lieu à des théories qui devront faire ensuite
l’objet des procédures de tests rigoureuses décrites par K.
Popper. L’induction, n’est qu’un mode, que l’on pourrait
tout aussi bien qualifier d’aléatoire, de production d’idée
candidates à de futures théories qui devront être construites
(constructivisme), testée rigoureusement et rejetées si elles
s’avèrent fausses, rien de plus. Certes… mais il est par contre
essentiel de garder en mémoire que l’induction n’est pas
naturelle et ne se produit que dans certains cadres favorables, des
conditions décrites par G.B. Vico tel que l’art de la rhétorique,
de la poésie, de la créativité, en bref de ce que l’on nommait
les topiques ou encore au Moyen-Age les arts libéraux. Il faut en
effet un « générateur » d’idée au chercheur dans une
première phase, avant de passer à la deuxième, la déduction.
Rejeter ainsi l’induction comme
l’on fait K. Popper et avant lui Descartes au contraire de G.B.
Vico, c’est prendre le risque de ne plus avoir de fournisseur de
nouvelles théories explicatives à tester, à réfuter, par
stérilisation des chercheurs.
A l’opposé, les tenants de la déduction soit prétendent -comme Descartes- établir par introspection le « point fixe » fondement de toute connaissance solide ; soit croient que seule l’observation des faits pourra permettre de déduire les lois et théories à en dégager, c’est l’autre manière de dire l’approche purement empiriste.
Mais comme le fait observer très justement K. Popper (voir V-3 plus
haut), pourquoi observer tel ou tel fait plutôt qu’un autre à
moins d’avoir déjà une théorie plus ou moins implicite, et donc
sous la forme d’une idée même mal formulée car venant de sa
créativité personnelle ?
Apport de
la Systémique : la Systémique utilise -tout comme
explicité en (V-3)- au maximum les deux modes en gardant à l’esprit
que ce sont des outils, utiles à différentes étapes de l’étude,
et dont il ne s’agit pas de faire des idéologies mais des outils
heuristiques pratiques. On pourra ainsi avoir recours
alternativement, à plusieurs reprises, aux phases inductions d’une
théorie puis déductions de ses impacts/conséquences/effets de
bords, en boucles rétroactives prudentes comme le recommande Vico,
car la fausse piste guette : « Tout
cela vient de ce que le vrai est un, que le vraisemblable est
multiple et que le faux est infini. » [VICO,
GiamBattista, 1981, p 48] Il sera alors permis d’en tirer des
possibilités de tests expérimentaux pour prouver ou non les erreurs
ou insuffisances de cette théorie, en bref la réfuter ou non au
sens poppérien du terme. C'est que l'on nomme couramment la méthode hypothético-déductive.
Pour résumer cette pensée J.L. Le Moigne
parle de transduction ou encore de méthode heuristique propre au
Constructivisme épistémologique.
SUITE du Blog : V-13) Finalisme versus Mécanisme
Benjamin de Mesnard
Épistémologie Systémique Constructivisme
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Benjamin de Mesnard
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